19. Sous le capot

279 18 0
                                    

Dean ne redonna plus signe de vie pendant tout le reste de la soirée et Peter, accompagné de Tony, alla se coucher dans la chambre qui leur avait été réservée en sachant pertinemment qu'il n'arriverait pas à fermer l'œil de la nuit, trop préoccupé qu'il était par l'état toujours précaire de Charles Xavier et la soudaine disparition de Dean dans la nature. Peter avait fermement tenu à ce qu'ils sortent le retrouver, angoissé à l'idée que son nouvel ami passe la nuit dehors dans le froid et la solitude, mais Natasha et Bucky avaient estimé que ce ne serait qu'une perte de temps et que si leur fils tenait à être seul, il veillerait à ce que nul ne puisse retrouver sa trace. Le garçon n'avait toutefois pas manqué d'entendre les deux anciens assassins sortir de leur chambre et quitter le manoir sur la pointe des pieds une fois que tout le monde fut couché. Le jeune mutant fut tenté de se glisser hors de son propre dortoir pour les accompagner dans leurs recherches, mais il partageait sa chambre avec Tony et il savait que les chances que son mentor le laisse sortir dehors sans surveillance en plein milieu de la nuit tendaient vers le zéro absolu compte tenu de sa situation, surtout s'il était question de Dean.

Tony et lui n'avaient pratiquement échangé aucun mot depuis qu'ils s'étaient installés dans leur chambre, ce qui était tout à fait contraire à leurs habitudes. Peter voyait bien que quelque chose tourmentait et contrariait le milliardaire, qui était couché dans la même position sur son lit et fixait infatigablement le même bout de plafond depuis plus d'une vingtaine de minutes. Dans un premier temps, le garçon avait décidé de ne pas troubler le fil de ses pensées, déduisant que lorsque Tony serait prêt à en discuter, il n'y avait aucun doute qu'il se retournerait vers lui comme il en avait pris l'habitude au fil des derniers mois. Mais à mesure qu'il entendait les battements de cœur de son mentor s'accélérer tandis qu'il s'enfonçait un peu plus profondément dans le dédale de ses pensées, l'adolescent vit sa conviction fléchir et il trancha qu'il valait peut-être mieux le sortir de sa tête et lui changer les idées avant d'avoir une attaque de panique sur les bras.

-À quoi tu penses ? demanda-t-il simplement, ce qui suffit à faire sursauter Tony, qui avait vraisemblablement oublié sa présence.

-Je...Je repensais à tout ce qui s'est passé ce soir, et puis à toute cette histoire avec HYDRA, leur lien avec Dean, avec toi...Toutes ces informations ne veulent pas sortir de ma tête et j'ai l'impression d'être complètement impuissant face à ce qui nous attend...Comme je l'ai été là-bas, sur Titan, alors que tu t'évaporais juste sous mes yeux...

-J'ai pas l'intention d'aller nulle part, tenta de le rassurer le garçon en s'assoyant sur le lit de son père adoptif.

-J'espère bien, parce que si je devais te perdre à nouveau, je...

Tony se tut, la gorge nouée, et ancra un regard brillant de larmes dans celui de Peter. De plus en plus, son mentor apprenait à s'ouvrir à lui, à exposer sa vulnérabilité en sa présence, ce qui relevait du miracle considérant la réputation que le milliardaire s'était bâtie au fil des années. « Les Stark sont faits en fer », lui avait répété son père pendant toute son enfance, et Tony avait longtemps cherché à se montrer digne de ce credo, jusqu'à ce qu'il réalise qu'il ne voulait surtout pas devenir le même homme – le même père – qu'Howard Stark. Depuis son retour parmi les vivants, pas une journée n'était passée sans que Tony ne lui signifie d'une manière ou d'une autre son amour et son bonheur de le savoir à ses côtés, ce qui témoignait de l'énorme progrès qu'il avait fait depuis leur première escapade en Allemagne et confortait la solidité de leur relation.

En cet instant, pourtant, voir Tony pleurer ne suffit qu'à faire monter son inquiétude en flèche. Son mentor ne devait-il pas avoir une très bonne raison pour s'alarmer à ce point des risques qu'il encourait ?

-Je t'assure que j'essaie de faire des efforts pour changer la perception que j'aie de Dean, et j'en suis même venu à prendre son parti quand ce stupide Summers l'a attaqué tout à l'heure, mais voilà qu'il est reparti dans la nature et je ne peux pas m'empêcher de penser que Cyclope avait peut-être raison, peut-être qu'il a prétexté avoir besoin d'être seul pour mettre les voiles et aller faire son rapport à ces salauds qui veulent ta peau, laissa échapper l'ingénieur mécanique dans un souffle. Il y a encore tant de choses qu'on ignore sur ce type...Et c'est loin de me réconforter de savoir que même les deux plus grands télépathes de la planète ne sont pas parvenus à aller au-delà de la couche superficielle de son esprit.

LE MUTANT ET LE MONSTREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant