12. Entre père et fils

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Tony Stark était l'un des plus grands génies de son siècle, voire de l'humanité entière s'il s'affranchissait de toute modestie, donc compte tenu de son quotient intellectuel hors du commun, il lui fallut moins d'une seconde pour comprendre l'évidence, soit que Peter lui faisait la tête. Lorsqu'est venu le temps pour les Avengers de se disperser pour la nuit après avoir accompagné Dean jusqu'à sa cellule de fortune dans l'aile pénitentiaire, l'adolescent ne lui avait même pas accordé un seul regard et s'était dirigé directement vers sa chambre, sourd à ses appels et à ses tentatives pour entamer la discussion. Il avait même poussé l'affront en allant jusqu'à fermer la porte au nez de Tony en prétextant qu'il devait se mettre au lit, ce qui n'était évidemment rien de plus qu'un tissu de mensonge à travers lequel le milliardaire pouvait voir distinctement, lui qui connaissait Peter Parker mieux que personne. À l'heure qu'il était, tous deux étaient habituellement bien loin de se mettre au lit, trop absorbés par le dernier projet sur lequel ils travaillaient dans leur laboratoire aménagé dans le garage de la maison sur le lac. Depuis son retour dans le monde des vivants, Peter avait perdu le sommeil, et avec tous les tourments qui le préoccupaient, que ce soit les conséquences des combats contre Thanos, de la panique provoquée par le retour des Décimés ou encore à cause de ce qui était arrivé à May, Tony ne pouvait pas le blâmer de ne plus être capable de dormir, puisque lui non plus n'arrivait plus à fermer l'œil. C'est donc pour cette raison que la soudaine envie de dormir de l'adolescent lui paraissait plus que suspecte.

Tony convint toutefois qu'il valait mieux laisser de l'espace au garçon pour réfléchir avant de débouler dans sa chambre et demander une explication. Malgré son génie et ses capacités hors du commun, Peter restait un adolescent avant toutes choses, et Tony avait appris au fil des derniers mois qu'il valait mieux ne pas réveiller le dragon plein d'hormones qui sommeillait en lui lorsqu'il demandait à ne pas être dérangé. Après une heure d'attente à tourner en rond dans le laboratoire de la base, le milliardaire décida que Peter avait suffisamment ruminé de son côté et alla cogner trois petits coups à la porte de sa chambre.

-Pete ? appela-t-il en entrouvrant le battant. Je peux entrer ou tu comptes me faire la gueule jusqu'à ce que Morgan entre à l'université ?

-Au cas où t'avais pas compris les signes subliminaux que je t'ai laissés, je suis pas d'humeur pour écouter un autre de tes discours hypocrites et infantilisants, grommela l'adolescent, mais sa voix était dénuée de réelle colère, donc Tony prit le risque d'entrer dans la chambre et de refermer la porte derrière lui.

-J'ai bien compris ces signes, mais j'ai consciemment décidé de les ignorer, répliqua l'ingénieur mécanique d'un ton badin en haussant les épaules.

-Oui, c'est toi tout craché, ça, d'ignorer la volonté des autres au profit de tes propres intérêts, grinça le jeune mutant en levant les yeux au ciel.

Le garçon était assis sur son lit, dos à la porte, la tête penchée sur un objet entre ses mains que Tony ne pouvait pas identifier de là où il se trouvait. Il vint s'asseoir auprès de lui sans rétorquer quoi que ce soit à la pique qu'on venait de lui lancer, lui qui connaissait parfaitement le mécanisme de défense de son protégé, sur qui il avait exercé une influence majeure au fil des dernières années. Si Peter et lui se comprenaient si bien et s'estimaient autant, c'était en grande partie parce qu'ils étaient beaucoup plus similaires qu'ils ne voulaient le laisser croire de prime abord. Lorsqu'ils étaient troublés ou bouleversés d'une quelconque manière, ils avaient tous deux la fâcheuse tendance de projeter leurs émotions négatives sur ceux qui les entouraient. Si certains pouvaient être répulsés par ces railleries passives-agressives, le milliardaire n'en éprouvait que plus d'amour pour ce gamin ordinairement si doux et affable qui ne laissait toutefois personne lui marcher sur les pieds. Il ressentit également une vague d'inquiétude le frapper face à cette attitude qui dévoilait la charge émotive dans laquelle baignait le garçon. Peu importe ce que Peter vivait en son for intérieur, son comportement n'était pas seulement dû aux actes de son mentor. Il était visiblement troublé par un autre sujet qui absorbait toutes ses pensées. Tony n'en fut que plus convaincu lorsqu'il baissa les yeux sur ce que Peter serrait toujours entre ses mains et fixait comme si rien d'autre n'importait.

LE MUTANT ET LE MONSTREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant