13. Remise en perspective

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Après un millième coup d'œil jeté à son cadran, Steve se décida à se défaire de ses couvertures, qui s'étaient entortillées autour de lui tant il s'était tourné et retourné dans son lit, et il se leva en poussant un soupir fatigué, sachant qu'il devait dire adieu à sa nuit de sommeil tant désirée. Il sortit de sa chambre sans faire de bruit tout en se passant une main lasse sur le visage et se dirigea vers la cuisine pour y faire couler le café dont il aurait assurément besoin pour passer à travers la journée à venir.

C'était le silence complet dans les quartiers des Avengers, ce qui signifia au super soldat qu'il devait être le seul debout à cette heure de la nuit – excepté peut-être Tony, qui devait se trouver à l'étage inférieur, dans son atelier. Rien ni personne ne pouvait donc distraire Steve des doutes et des pensées qui refusaient de le quitter depuis la dispute qui avait opposé Natasha, Bucky et leur fils aux autres Avengers un peu plus tôt.

Leur fils. Bucky et Natasha, ses deux meilleurs amis, ceux envers qui il avait le plus confiance, les deux personnes pour qui il aurait donné sa vie sans hésiter une seule seconde, ceux sur qui il avait toujours cru pouvoir compter, avaient eu un fils ensemble et aucun d'eux n'avait jugé bon de l'en informer. Natasha avait personnellement connu le Soldat de l'Hiver, elle avait su pendant tout ce temps que Bucky était encore en vie et elle lui avait consciemment caché cette information même lorsque le Soldat les prenait pour cible. Et ça, Steve peinait à croire qu'il pourrait un jour le lui pardonner. Il était incapable de comprendre les motivations des deux personnes qui comptaient le plus à ses yeux, incapable de comprendre la raison de leur trahison, et l'avalanche d'émotions négatives qui l'assaillaient depuis qu'il avait appris la vérité lui donnait l'impression que son univers tout entier venait de s'écrouler sous ses pieds et qu'il n'y avait plus de retour en arrière possible. Il se sentait seul au monde, dorénavant.

Le soldat, appuyé contre l'îlot de la cuisine, attendit sagement que le café ait terminé de couler dans la cafetière, le regard rivé sur les immenses fenêtres qui ouvraient sur le lac en bordure du quartier-général. L'obscurité rendait sa vision de l'extérieur à peu près nulle, mais il put distinguer sans effort le bruit de la pluie qui tombait à torrent sur le toit de l'édifice. Décidément, la journée s'annonçait des plus maussades si la température continuait de refléter ainsi son état d'esprit. Steve se versa une tasse de café en laissant échapper un nouveau soupir, bien décidé à sortir courir malgré le mauvais temps, lorsqu'il sentit une présence entrer dans la pièce. S'il n'avait pas eu les sens d'un super soldat, il n'aurait jamais entendu les pas légers et discrets de Natasha avancer vers lui, des pas qu'il en était venu à trouver familiers et réconfortants, mais qui cette nuit-là ne lui rappelaient que le sentiment de trahison et de rancœur qui lui tordait les entrailles depuis l'apparition de Dean, au point qu'il en avait perdu le sommeil.

-Je ne veux pas te parler, Nat, laissa-t-il tomber d'un ton ferme sans même jeter un regard dans sa direction. Je ne veux même pas te voir, alors je te conseille de partir. Je n'ai pas assez dormi pour affronter un autre de tes mensonges présentement.

-Alors tu ne me laisseras même pas m'expliquer ? répliqua la douce voix de la Veuve Noire tandis qu'elle venait prendre place sur une chaise haute à côté de Steve, ignorant par le fait même complètement la demande de son ami. Je croyais que toi et moi on avait dépassé ce stade, Steve. Je croyais que le temps où tu doutais encore de mes allégeances était derrière nous.

-Ouais, eh bien moi aussi, je croyais qu'on avait dépassé ce stade, trancha amèrement Capitaine America. Je croyais que la confiance que je portais envers toi était réciproque et qu'on n'avait pas de secrets l'un pour l'autres, mais tu ne peux vraiment pas t'empêcher de garder des informations pour toi, n'est-ce pas ? C'est dans ta nature, il faut croire. Agent double un jour, agent double toujours, c'est ce qu'on dit.

LE MUTANT ET LE MONSTREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant