8. Appel à l'aide

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Après toutes ces années de tortures incessantes, James Buchanan Barnes en était presque venu à oublier ce que signifiait le concept de famille, mais il ne lui avait fallu qu'une simple soirée en compagnie de Steve et de Natalia pour se rappeler ce que voulait dire ce mot, ce que c'était que de faire partie d'un tout à nouveau. Steve lui était tombé dans les bras dès qu'il était entré dans la salle commune en compagnie de Natalia et avait refusé de le quitter pendant toute la soirée autrement que pour aller préparer le souper, qui s'avéra être la recette de pain à la viande de Mme Rogers, le meilleur plat qu'il n'ait jamais mangé. Lorsque son assiette fut servie et qu'il avala sa première bouchée, une foule de souvenirs heureux et réconfortants lui revinrent à l'esprit et il ferma les yeux pour savourer encore davantage ce fabuleux moment.

Le pain à la viande goûtait encore meilleur que dans ses souvenirs les plus fous, mais il convint que ce devait être parce que tant de temps était passé depuis qu'il avait eu la chance d'en manger pour la dernière fois que c'était tout comme s'il y goûtait à nouveau pour la première fois. À cela s'ajoutait qu'il y avait une éternité qu'il n'avait pas mangé un véritable repas chaud, mais il se garda bien d'avouer ce point à ses congénères.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, ce fut pour rencontrer le regard brillant et le sourire satisfait de Steve, et l'espace d'un instant, il se crut de retour dans les années 30, dans le temps où tout était plus simple et plus beau, où ses seuls soucis consistaient à empêcher Steve de se faire tabasser à mort dans des ruelles et à se rappeler le nom de sa dernière conquête. Il n'avait pas réalisé l'étendue de son bonheur à l'époque, et il se promit mentalement qu'il ne ferait pas la même erreur deux fois. Il profiterait au maximum de son moment de bonheur en compagnie des êtres chers qui lui restaient, aussi fugitif cet instant soit-il.

La soirée, puis la nuit passèrent comme un coup de vent. Là, assis sur l'un des fauteuils du salon, Steve et Bucky passèrent des heures à raconter leurs meilleurs souvenirs de jeunesse à Natalia, qui narra à son tour en détails des anecdotes hilarantes sur Steve et son combat quotidien avec la technologie. Les deux anciens assassins omirent de parler de l'état de leur relation au super soldat, mais à voir les regards malicieux qu'il ne cherchait même pas à dissimuler lorsque Natalia et lui étaient un peu trop près physiquement l'un de l'autre, il devait bien se douter de quelque chose.

Les trois amis veillèrent fort tard cette nuit-là, et à son lever le lendemain matin, Bucky ne put se résoudre à repartir aussitôt pour New-York comme il l'avait prévu initialement et il convint qu'une journée de plus à la base des Avengers ne pouvait pas faire de mal. Il se répéta la même chose le jour d'après, puis celui qui suivit, et trois semaines plus tard Natalia avait libéré la moitié des tiroirs de sa commode pour lui permettre de s'installer définitivement dans sa chambre.

Au fil des jours, il fit la connaissance officielle de chacun des Avengers, excepté Tony Stark, qui ne daignait jamais montrer le bout de son nez. Tout un chacun répétait que c'était normal, qu'il préférait simplement rester auprès de sa famille et élever sa fille en paix loin du chaos et de l'instabilité qu'entraînait la vie de super-héros, mais Bucky se doutait bien que sa présence au sein du groupe était l'une des raisons pour laquelle Stark ne venait plus rendre visite à ses anciens coéquipiers. Ils avaient peut-être combattu Thanos côte-à-côte lors de la dernière invasion extra-terrestre, mais il lui faudrait accomplir de bien plus grands exploits pour espérer trouver un jour la rédemption auprès du milliardaire.

Et ce jour n'était pas près d'arriver, c'était une évidence. Il n'était bien à rien d'autre qu'à profiter de l'hospitalité de ses compatriotes et à préparer à manger pour l'équipe de temps à autre après leur retour de mission. Excepté cela, il n'avait pas pu s'approcher d'un combat autrement que dans la salle d'entraînement, lorsqu'il se mesurait à Steve ou à Natalia. Ses nouveaux colocataires avaient bien essayé de le convaincre à plusieurs reprises que ses talents seraient d'une aide inestimable pour les Avengers, mais il refusait catégoriquement de faire quoi que ce soit d'autre sur le terrain que de conduire le quinjet. Il en était venu à se détester un peu plus à chaque fois qu'il laissait ses congénères se jeter dans la mêlée alors qu'ils pouvaient avoir besoin de son aide à tout moment, mais rien ne l'effrayait plus que l'idée de tuer à nouveau, même si c'était pour une bonne cause.

LE MUTANT ET LE MONSTREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant