LE MUTANT ET LE MONSTRE

33. Souvenir collectif

Peter ressentait exactement la même impression que la nuit où il avait assisté à la mort de son oncle Ben. Le sentiment d'impuissance, l'incapacité à agir pour empêcher le pire de se produire tout en sachant pertinemment qu'il avait pourtant le pouvoir d'intervenir. C'était ce même trouble, ce même désarroi qui l'envahissait tandis qu'il était forcé d'écouter les cris perçants de la petite fille de Jimmy, que les soldats d'HYDRA avaient rudement empoignée et qu'ils menaçaient maintenant avec le canon de leurs fusils sans le moindre état d'âme. Les pleurs et les supplications d'Amelia, la femme de Jimmy, le happaient avec tout autant d'émotions tandis que tout un groupe d'hommes armés jusqu'aux dents la forçaient à s'agenouiller devant son mari. Pour contraindre le père de famille, les soldats n'eurent plus qu'à lui faire savoir que s'il essayait le moindrement de faire son brave, ils n'hésiteraient pas à tirer une balle dans la tête de sa femme et de sa fille juste sous ses yeux. Tout ce que Peter put faire en contrepartie, c'est serrer les poings et les dents en souhaitant que Castiel mette bientôt fin à ce supplice.

-Qu'est-ce...Qu'est-ce que vous voulez ? parvint à bégayer le pauvre Jimmy Novak en levant les bras au-dessus de sa tête en signe de reddition. Je vous assure que nous ne possédons rien dans cette maison qui vaille la peine de risquer notre vie. Vous pouvez prendre tout ce que vous désirez, mais je vous en prie, ne nous faites pas de mal.

-Nous ne sommes pas ici pour voler votre télévision et votre chaîne stéréo, pauvre con, cracha l'un des soldats en se saisissant des poignets de Jimmy pour les menotter derrière son dos. On vous demande seulement de nous suivre, docteur. Nous avons quelques questions à vous poser.

Puis, le soldat en question se tourna vers un petit groupe de gardes qui n'étaient pas en train de menacer la petite Claire et sa mère, qui se débattaient et vociféraient de plus belle en voyant que ces hommes comptaient leur enlever leur père et leur mari.

-Je veux que vous fouilliez les moindres recoins de cette maison pour trouver ses recherches, leur ordonna celui qui avait tout l'air d'être le meneur des opérations. Virez toutes les lattes du plancher et défoncez les murs s'il le faut, mais dénichez-les-moi !

Les gardes obtempérèrent sur le champ et commencèrent à mettre les pièces sans dessus-dessous et à détruire les moindres objets et fournitures pouvant potentiellement servir de cachette pour les recherches du docteur Novak tandis qu'un autre groupe de soldats emmenaient Jimmy à l'extérieur de la maison sans lui donner la chance de dire au revoir à sa famille.

-Arrêtez, il n'a rien fait ! hurla Amelia en se démenant toujours contre les gardes qui la maintenaient. Qu'est-ce que vous comptez faire de lui ? Il n'est qu'un simple professeur d'université sans histoire, vous devez forcément vous tromper de personne !

-Je crains bien que non, madame, répondit le commandant d'une voix faussement aimable. Nous vous empruntons votre mari pour un certain temps, nous avons besoin de ses connaissances théologiques pour accomplir un projet de la plus haute importance. S'il coopère bien tout au long du processus, alors nous vous le retournerons dès que nous en aurons fini avec lui. Mais si nous devions apprendre que vous avez mentionné notre existence et parlé de ce que vous venez de vivre à qui que ce soit – et je vous assure que nous le saurons d'une manière ou d'une autre – alors vous pourrez dire adieu pour toujours à votre mari et à votre papounet chéri. Je vous conseille donc de travailler sur une bonne excuse pour expliquer la disparition de monsieur Novak et l'état de votre maison. Si ça ne suffit pas à vous convaincre...eh bien, nous reviendrons vous rendre visite, et cette fois-ci nous ne resterons pas aussi courtois avec vous, mesdemoiselles.

Peter, Steve et Bucky se dirigèrent vers l'extérieur à la suite des derniers soldats qui quittaient la maison après avoir réquisitionné les moindres notes de Jimmy faisant allusion à ses recherches, mais au moment où ils passèrent la porte, plus contrariés que jamais par le fait de ne pas avoir pu intervenir pour contrer l'injustice qu'HYDRA avait fait subir à ce pauvre théologien et à sa famille, le décor qui les entourait changea à nouveau subitement et ils se retrouvèrent non pas à l'avant de la maison des Novak, mais dans ce qui avait tout l'air d'être une minuscule cellule en béton. Bucky reconnut tout de suite l'endroit pour y avoir passé nombre des pires journées de sa vie : ils se trouvaient dans l'aile pénitentiaire de l'un des plus importants repaires secrets d'HYDRA. Les trois héros ne tardèrent pas à remarquer Jimmy, recroquevillé dans l'un des coins de sa geôle, le visage tuméfié au point où il en devenait pratiquement méconnaissable et les membres couverts de bleus qui faisaient la taille de la paume d'une main. Peter sentit une nouvelle vague de haine envers HYDRA l'envahir à la vision du traitement qu'ils avaient infligés à cet innocent dont le seul reproche était que son sujet de recherche avait capté l'attention des mauvaises personnes. L'adolescent s'accroupit instinctivement aux côtés du théologien dans une vaine tentative pour le rassurer, mais avant même que Castiel n'ouvre la bouche pour lui répéter qu'il était inutile d'essayer d'établir un contact avec lui, la lourde porte en fer de la cellule s'ouvrir avec fracas pour révéler Claus Brock en chair et en os.