Chapitre 15

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Re-salut! Encore un petit message pour m'assurer que vous n'ayez pas manqué le chapitre précédent. J'en ai posté deux aujourd'hui. 

Il n'y a pas assez de doigts dans le monde pour compter les belles choses, celles qui ont de l'éclat, du charme et qui séduisent les regards de leur splendeur. Au fond, tout ou presque peut être "beau", l'esthétique est subjectif, il dépend des yeux qui le jugent. Moi et mes crayons de couleurs, on adore le "beau". Il n'y a rien que l'on aime plus que piéger la vénusté sur des feuilles canson ! Un chat Angora aux yeux vairons qui se pavane sur les bords d'une piscine, un soleil flasque et presque fondu au moment où il se répand dans l'océan pour lui donner la teinte ambre du crépuscule, un vieux puits brodé de lilas, un étalon fantomatique aux crins lessivés par le clair de lune... Mais je ne pense pas que tous ces trucs soient aussi séduisants que le dos de Royce, proportionné selon des canons de beauté définis il y a des millénaires et moulé dans sa chemise ébène.

Un sourire niais dont je ne parviens pas à me débarrasser aux lèvres et l'œil rêveur, je le suis sagement jusqu'au bar. Après son petit laïus, je suis surprise qu'il me guide vers l'endroit où l'on quémande normalement l'alcool. Mais quand il s'adresse sans une once de courtoisie à ma barmaid préférée, c'est simplement pour demander une bouteille d'eau.

- Et pour toi ? m'interroge gentiment Audi qui est chouette malgré son prénom automobile. Même chose que tout à l'heure ?

- Vous servez les mineurs, ici ? C'est la politique du club ou vous êtes juste conne ? l'agresse Royce sans me laisser le temps de répondre.

Puis il lui arrache sa commande des mains et se détourne aussi sec pour la congédier.

- Bois, ordonne-t-il en me tendant la bouteille débouchonnée.

- Pourquoi est-ce que tu lui as parlé sur ce ton ? je bronche en plissant les yeux de désapprobation. C'est mon amie !

- Non, elle est juste pote avec ta carte de crédit. Bois.

Je m'exécute docilement sous la pression démesurée de son regard. J'avale goulûment trois longues gorgées, puis deux supplémentaires parce que Royce pince les lèvres quand je fais mine d'éloigner le goulot des miennes, et j'abreuve également mon chemisier au passage. Je préférais les cocktails. Quand je repose la bouteille encore aux deux tiers pleine, mon mécanicien soupire, mais ne m'oblige pas à la terminer. Toujours debout, il a posé un coude sur le bar. La tête inclinée et la main perdue dans ses cheveux en bazar, il me scrute attentivement. Sa mâchoire ne s'est pas complètement détendue et ses traits sont toujours un peu creusés des vestiges de cette irritation qui l'habite encore.

- Alors, tu t'es bien amusée avec... c'est quoi son petit nom, déjà ? lance-t-il tout à trac d'une voix gorgée de sarcasme pendant que je m'échine à grimper sur le tabouret le plus proche qui prend des airs de Mont Blanc.

Je n'aime pas quand il est comme ça. Royce. Je n'aime pas ce Royce-là, ni cette ombre de sourire glaçant qui flotte sombrement sur ses lèvres. Avec un petit soupir fatigué, je plaque ma joue sur la surface laquée et toute fraîche du bar. J'ai une vue imprenable sur l'un des bonhommes de la bagarre - celui qui ne s'est pas fait virer du club. Avachi sur un tabouret, il maintient une canette de coca congelée sur son œil tuméfié.

- Il s'appelle Mike, je précise en jouant avec le bouchon de ma bouteille.

Je lui fais exécuter quelques saltos dignes des Jeux Olympiques en en pressant les bords arrondis de mon index. À la troisième pirouette, il va s'échouer au sol et se fait maltraiter par quelques paires de chaussures pressées avant de disparaître de mon champ visuel. Pauvre bouchon.

Pure [Sous contrat d'édition chez HACHETTE ROMANS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant