CHAPITRE 1: Calista.

9.3K 209 361
                                    

— Très bien. Maintenant essaye de viser la tête.

Comme chaque samedi depuis mes dix ans, je suis au stand de tir, avec mon père. Mon père qui m'apprend à me défendre à sa manière. Il dit que je ne pourrai jamais compter sur quelqu'un d'autre que moi même. Et il me l'a assez prouvé durant mon enfance.

La confiance n'est qu'un sentiment néfaste. Une faiblesse, ou un atout selon comment l'utiliser. Et pour cela, il y a deux manières. Soit tu la voles aux autres, soit tu te la fais voler. Ça fonctionne comme ça dans la vie. C'est comme ça qu'on me l'a appris.

D'ailleurs, celui qui me bourre le crâne de ces valeurs, n'est autre que celui qui a réduit ma confiance à néant. Julio Vesquez. Mon père.

J'obéis à ses ordres en me replaçant. Je close mon œil gauche, tiens fermement mon Glock 23 Gen 4 calibre 40. C'est avec celui là que je suis le plus à l'aise. Je recharge l'arme, me stabilise, vise et tire. La balle vient se loger dans l'épaule de la cible.

— Essaye de viser plus haut. C'est pas du tout la tête là.

— Je fais du mieux que je peux.

— Je sais, mais c'est pas assez.

Je reprends ma position. Je respire, et inspire calmement. Une fois prête, je recharge et tire cette fois ci quatre balles. Deux d'entres elles se retrouvent dans le ventre, une sur le bras et la dernière en dehors de la cible.

— C'est du grand n'importe quoi Calista. C'est fini pour aujourd'hui, conclut-il après mes tirs qui sont certes mauvais.

— Quoi? J'ai même pas fini le chargeur, m'exclamais-je.

— Tu n'avais qu'à t'appliquer. Tu rentres et tu vas étudier. Si tu n'excelles pas dans un domaine, sois parfaite dans un autre.

— Je veux continuer de tirer.

— Et bien ça, c'est pas mon problème. J'ai pas misé sur le bon cheval apparement, lâche-t-il.

Ce qui fait l'effet d'une bombe sur moi. Le fait que moi et mes sœurs ne soyons que des pions.

— Je n'ai pas besoin d'étudier.

— Tu n'as pas le choix Cali. Tes notes sont juste merdiques. Je te l'ai dit, je t'autorise à venir t'entraîner seulement si tes résultats sont bons. Ce qui n'est pas le cas.

Comme toujours, sa voix est calme. Mais on ressent l'autorité et la colère à l'intérieur de sa gorge. Je dirais plutôt que sa voix est comme ça lorsqu'il est sobre.

— Elles ne sont pas merdiques. Baissez vos attentes avec maman. Avec mes résultats je suis largement en capacité de me permettre du repos dans mes révisons.

— Tais toi. Ne fais pas celle qui s'y connaît à la vie. Tu n'as que dix neuf ans. On en reparlera quand tu devras te trouver un travail qui te rapporte assez pour un logement, la bouffe et tes trucs de princesse.

— Mes trucs de princesse? Excuse-moi d'avoir mes règles.

— T'as raison de t'excuser.

Malgré tout, je suis obligée de l'aimer, il reste mon père après tout. Même si chaque moment de ma vie je me rappelle de tout dans les moindres détails. Même si il trouve que je ne suis qu'une moins que rien, je me sens obligée de lui devoir des sentiments.

Nous sommes rentrés dans notre appartement, à San Diego. L'un de ses appartements. C'est le plus médiocre. Comme dit-il « Notre personnalité reflète ce qu'on mérite. C'est pour ça que tu n'auras que le minimum en tant que bonne à rien. ».

Addicted to youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant