CHAPITRE 19 : Le diable est beau.

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Le froid.

Le froid est physique. Le froid est mental. Il m'empare, il me tend les bras. N'attendant plus que je lâche mon âme en lui.

Je n'arrive à me dire que j'ai laissé un tel monstre jouer avec moi. Jouer avec mes sentiments et mon esprit. Même si je me doutais qu'il n'était pas tout rose, à vrai dire je le savais. Mais l'entendre de vive voix, ce n'est pas vraiment la même chose.

Je me hais. Je LE hais.

La porte s'ouvre. Je n'ose même pas regarder qui vient de rentrer. Je ne veux plus. Je veux juste le vide et la solitude.

— Fais pas cette tête ma beauté, somme la voix de Fabriozio.

Je ne prends pas la peine de réagir. À quoi bon ? Je suis juste terrifiée, et j'ai compris que ce n'est pas parce que je suis habituée à ce genre de situation que je dois penser que j'ai les reines en mains.

Alors je me soumets. Comme depuis longtemps.

— Tu as arrêté de parler ? C'est dommage j'aimais bien ta voix me suppliant d'arrêter. C'était excitant, prononce-t-il en s'approchant de moi.

Je ne bouge pas. J'ai été confronté à ça depuis que je suis enfant. C'est peut-être mon destin.

Il s'abaisse à mon niveau, et relève ma tête en empoignant férocement mon menton.

— Tu as l'air tellement vide. Laisse moi te remplir.

Il retire mon pull, et s'attarde sur mon pantalon. Moi, je reste immobile et paralysée. Je ne peux plus rien faire. La force m'a quitté depuis déjà un long moment. Depuis que je l'ai vu, et que j'ai tout fait pour la sortir de là. Sans réussite.

Je n'ose le regarder. Je ne veux pas le voir. Je me contente de détourner le regard pour sombrer dans le vide de la pièce. Comme je l'ai fait il y a maintenant deux ans.

— Non, s'il te plaît, tentais-je une dernière fois, faiblement.

Mais il ne répond même pas. Il préfère me déshabiller. Il s'approche de mon cou, et commence à le suçoter. Je masque un visage de dégoût derrière un masque de glace.

Aujourd'hui est la date de ma mort. J'étais déjà abattue, mais Fabriozio est en train de se charger de m'achever.

— Patron ! crie une voix, qui se dirige vers nous.

Il se recule de mon corps, et lâche un juron. L'homme qui vient de l'interrompre fait irruption, et sans même faire attention à moi, il prend la parole.

— Dyab est là. Il a déjà buté les gardes dehors.

Mes yeux changent de lueurs. Je ne ressens plus le vide. Mais de l'espoir. L'espoir qu'il vienne pour moi. Pour me libérer.

Fabriozio sourit nerveusement. Un rictus sort d'entre ses lèvres. Il s'approche de son homme, et il lui met un violent coup de poing. Ce qui le fait tomber au sol, dans une flaque de sang. Il se dirige vers lui, s'agenouille avant de le violenter de multiple coups de poings. Des grognements de rage provenant de lui se font entendre.

Une larme est égale à une punition.

J'ai l'impression d'assister à une représentation de mon père et moi. Lui, fou de rage, frappant de toutes ses forces. Moi, au sol, succombant sous les coups, essayant de le supplier, mais rien en vain.

Finalement, Fabriozio se relève. L'homme est complètement inconscient, gisant au sol.

Le brun se retourne pour me faire face, ses vêtements et son visage sont tâchés de gouttes de sang. Et il sourit. Un sourire effrayant.

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