Addicted to you

CHAPITRE 2: Révélations.

Je me suis rendue à pied jusqu'au bar. Je n'ai pas attendu Emily, elle était déjà là. Comme d'habitude. Je ne suis pas quelqu'un qui est habituée à être à l'heure. Peu importe l'heure imposée, du lieu à la distance de chez moi, je serai toujours en retard d'une heure ou deux.

Je l'ai facilement repéré. Elle étais assise, sur le trottoir avec un air désespéré. Elle a attaché ses cheveux en chignon bas, parfaitement plaqué. Sa robe pailletée blanche illuminée sous la lumière des néons de la bâtisse. Elle a détourné le regard du vide qu'elle fixait depuis probablement quelques temps, pour le déposer sur moi.

— Tu sais que je suis impressionnée ? Seulement quarante et une minutes de retard. Bravo.

Je lui fait un clin d'œil, puis nous rentrons toutes les deux dans le bâtiment, où à l'intérieur la musique fait trembler les murs. Ce soir, la foule a l'air d'être là. Une trentaine au bar, et sûrement au minimum quatre cent personnes en train de se déchaîner sur la piste pour oublier leur vie merdique.

Comme à notre habitude dans cette boîte, on s'installe premièrement au bar. Je commande un Singapore sling, tandis qu'Emily prend un Monaco.

— Alors, chez ton père?, me demande-t-elle.

— Comme d'habitude rien de plus.

— Il à l'air cool et sympa.

Si elle savait.

Le barman dépose nos cocktails devant nous. J'attrape le mien et commence à le siroter, avant de lui répondre.

— Comment ça ? demandais-je a mon tour, ne sachant pas exactement qu'est-ce qu'elle voulait faire entendre dans ses propos.

Elle ôte sa bouche de sa paille qu'elle était en train de mordiller, puis répond à son tour.

— Alors, déjà de un, je l'ai vu qu'une fois mais il est très charismatique ton père, tu le sais ça? Franchement si il aurait notre âge je pense que...

— Stop, j'ai pas envie de t'imaginer faire ça avec mon père Emily, la coupais-je.

— Désolé, reprend-t-elle. Et aussi, c'est stylé, il t'apprend à te battre et tout. Moi mon père jamais il me laisserait toucher une arme. Limite il me coupe encore ma viande pour pas que je me blesse.

Je laisse échapper un rictus, puis j'écoute son monologue sur mon géniteur. Elle conclut finalement par "dans une autre vie j'aurais pu être ta mère vu le physique de ton père". Je ne réagis pas.

Si seulement elle savait.

— Et toi chez toi?

— La routine quoi. Tu sais j'ai pas des parents super riches et cools comme toi.

— Si tu le dis.

Je suis un peu offusquée par sa réflexion. Ça, c'est du Emily tout craché de parler sans réfléchir. Elle manque légèrement de tact.

Je me fais interrompre dans mes pensées par la sonnerie de son téléphone. Elle fouille son sac afin de le récupérer.

— Ah merde. Cali, c'est ma mère. C'est la fin pour moi. Contente de t'avoir connue.

— Elle est pas au courant que t'es sortie ?

— Et la tienne ?

On se regarde et on rigole légèrement.

— Dis que t'es avec moi, ta mère m'aime bien.