Chapitre 27.

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Shōyō

La porte de la chambre de Hiro était ouverte comme il l'avait laissé et Tadashi allongé sur le lit, les yeux fermés. Il avait repoussé du pied toutes les couvertures et il ne dormait plus roulé en boule, mais étendu en travers du lit, un bras pendant par-dessus bord.
Shōyō s'assît avec précaution au bord du lit et repoussa doucement ses cheveux de son visage.

- Tadashi ? chuchota-t-il.

Ses paupières frémirent et sa main bandée remua. Hinata la prit, la garda entre les siennes et dessina des cercles sur le dos de son poignet jusqu'à ce que Tadashi ouvre les yeux pour le regarder.

- Salut, comment te sens-tu ?

- Mieux, murmura-t-il, et il fit claquer ses lèvres. J'ai soif.

Sa voix était ténue et éraillée, et sa bouche sèche.
Shōyō alla à la salle de bains, lui rapporta un grand verre d'eau puis l'aida à se redresser pour s'asseoir. Sa peau était chaude, mais de sommeil et non de fièvre. Pendant qu'il buvait, Hinata lui raconta ce qu'il avait fait de la rune noire.

- Maintenant il ne peut plus te faire de mal en s'en servant, et je trouverai bien un moyen de rompre son lien, affirma le rouquin.

Comme Tadashi avait du mal à tenir le verre dans ses mains bandées, Shōyō le reposa doucement sur la table de chevet.

- Il est quelle heure ? demanda Tadashi.

- C'est le soir. Kōshi va t'apporter à manger et des médicaments. Je crois que tu vas bien. Tu as seulement besoin de dormir pour reprendre des forces, pour reconstituer tes réserves de magie. Je ne peux pas t'en transmettre, ni par moi-même, ni par les arbres, à cause du sort de liaison.

Il hocha la tête. Ses paupières s'alourdissaient. Il toucha le bord du short de Shōyō ; ce dernier se rassit à côté de son oreiller. Des tintements de vaisselle et des bruits lointains de placards ouverts et refermés leur parvenaient par la porte ouverte de la chambre, de la cuisine où Kōshi préparait le dîner.
Tadashi étendit un bras en travers des genoux de Shōyō, le retenant dans une étreinte sans vigueur. Le rouquin posa la main sur sa tête, puis dessina des cercles sur sa tempe en fredonnant la chanson préférée de maman sur la mer.
Quand il fut rendormi, Hinata se leva sans bruit et alla à la fenêtre. À travers la vitre, il voyait l'enchevêtrement de roses dans le jardin. Il était Diacre depuis deux mois à peine et il avait déjà une foule de gens à secourir. C'était à la fois euphorisant et effrayant. Il était responsable de ce qui était arrivé à Tobio, puisque, au lieu de raser le massif de rosiers, il avait décidé d'écouter leur voix. Et d'ouvrir l'univers à leur poison.
En quoi était-ce différent de ce que le père de Tadashi lui avait fait subir ? Cela l'était en intention seulement. Dans sa volonté de défaire ce qu'il avait fait, de modifier la voie qu'il avait tracée.
Shōyō ouvrit la fenêtre pour laisser entrer la brise tiède du soir. Il ne devait pas faire trop chaud dans la chambre maintenant que la fièvre allumée par le feu en Tadashi était retombée. Il se pencha au-dehors et se tordit le cou pour regarder le toit, où il repéra enfin l'un des corbeaux, perché sur la gouttière.

- Kazuki ! appela-t-il en lui faisant signe de la main.

Le corbeau s'envola, descendit en piqué et se percha sur le bord de la fenêtre.
Il hocha la tête et Hinata s'écarta pour le laisser sauter sur le pied du lit en bois grossièrement sculpté. Il s'y agrippa, le bec incliné vers Tadashi.

- Merci, chuchota Shōyō.

En redescendant, il passa les doigts sur les chiffres bleu foncé du numéro de téléphone que Tobio avait tracée sur sa main. Tadashi et lui étaient désormais sous sa responsabilité. Il alla préparer l'onguent de Tobio avant de le laisser reposer sous la lune.

Blood Lovers || Kagehina Où les histoires vivent. Découvrez maintenant