Chapitre 23.1

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Shōyō

Quand il entendit son nom, il fut persuadé qu'il allait voir Hiro accroupi près de lui. La vue de Tobio qui le dévisageait le fit réintégrer son corps si vite que ses dents en claquèrent.

- Shōyō ?

La sueur perlait sur son front. Le rouquin resta immobile.

- Tobio, que fais-tu ici ? chuchota-t-il.

La surprise qu'il éprouvait lui faisait l'effet de minuscules flocons de neige fondant sur ses bras nus. Le noiraud soutint son regard sans ciller.

- J'ai besoin d'aide, répondit-il très simplement.

Shōyō s'assît et se retrouva tout proche de lui. Tobio avait apporté toute la forêt dans l'écurie : son odeur de bois mouillé, d'humus et d'arbres en fleurs. Shōyō sentit également celle de la sueur et le parfum d'un savon composé de produits chimiques qui lui fit froncer le nez.

- Désolé, dit Tobio en se relevant avec une grimace.

- Il n'y a pas de quoi, ça ne me gêne pas du tout, dit Hinata en se relevant et en saisissant la main de Tobio afin de le lui prouver. Mais certains savons contiennent des produits chimiques qui peuvent rendre stérile, ajouta-t-il.

- Pardon ?

Shōyō resta face à lui sans lâcher son poignet. Sa peau était chaude sous la sienne. Il avait les sourcils froncés et sa bouche arrivait au niveau des yeux de Shōyō. Il était incapable de prononcer un mot de plus. Dans son rêve, il l'avait embrassé et Hinata l'avait enlacé. Ce souvenir réveilla dans son ventre un minuscule serpent qui se tortilla pour remonter vers sa langue. Il entrouvrit les lèvres et poussa un léger soupir pour le laisser s'échapper.

- Shōyō, j'ai un problème, reprit Tobio au bout d'un instant, sans se plaindre ni gémir, sur le ton du simple constat. Je ne suis pas sûr de ce que c'est, ni de savoir pourquoi, ni que tu puisses m'aider.

Quand il parlait, tout son visage était en mouvement, aussi animé et changeant que de l'eau. À côté de lui, Hinata était comme un rocher surgit du sol. Il aurait vraiment aimé l'aider, et aussi qu'il continue à le regarder.

- Raconte-moi tout, dit le rouquin.

Tobio ouvrit de nouveau la bouche et Shōyō attendit en s'efforçant de dissimuler le plaisir grandissant qu'il éprouvait.

- Je ne sais pas par où commencer, répondit le noiraud.

- Qu'est-ce qui te paraît le plus important ? demanda Shōyō doucement.

- Mes yeux : ils ont quelque chose qui cloche.

Il inclina son visage vers celui du plus petit, un œil fermé et l'autre grand ouvert, en tirant même sur la paupière inférieure.
Hinata posa la main sur sa joue. Avec l'ombre projetée par l'ampoule au-dessus d'eux, il n'y voyait rien. Il l'entraîna vers l'autre côté de la table et s'assit sur le bord. Il le dominait de quelques centimètres.

- Fais voir encore, demanda Shōyō.

Tobio s'approcha, le visage levé vers lui. Hinata l'attira contre le bord de la table et senti la toile rugueuse de son jean quand ses hanches effleurèrent l'intérieur de ses genoux en faisant un peu remonter son short. La respiration de Shōyō se figea dans sa gorge. Il se concentra en mobilisant toute sa volonté et pris le visage du noiraud entre ses mains pour l'orienter vers la lumière.
Tobio détourna les yeux et ses paupières battirent très vites.

- Tobio.

Il s'immobilisa.

- Désolé, chuchota-t-il.

Blood Lovers || Kagehina Où les histoires vivent. Découvrez maintenant