Chapitre 43.

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Tobio

Shōyō l'aida à s'asseoir et lui ordonna de se tenir tranquille pendant qu'il ramassait ses affaires.

- Tu dois te reposer, laisser ton corps s'adapter, dit-il.

Tobio le regarda éteindre le feu. Il éprouvait une sensation de vertige, mais qui n'avait rien de maladif. C'était plutôt ce qu'on ressent après avoir marqué un point au volley. Il baissa les yeux vers sa poitrine. Elle était un peu pâle, mais les lignes rouges de l'infection avaient disparu. Il la toucha. La peau n'était pas plus chaude à cet endroit que sur le reste de son corps. Il sourit. Ça avait marché. Même sa migraine était partie. Il sentait la fumée et les parfums âcres des herbes. Un vent frais soufflait par la porte grande ouverte de l'écurie. Son sourire s'élargit dans un rire.
Shōyō s'agenouilla devant lui avec un plateau de biscuits, de viande, de fromage en tranche, et un grand bol d'eau.

- Vas-y doucement, dit-il.

Tobio commença par boire à petites gorgées l'eau qu'il lui tendait. Son estomac gronda et il s'attaqua à la nourriture. Shōyō toucha seulement la main du noiraud une fois ou deux pour le ralentir. Il mangeait aussi, et à eux deux ils firent un sort à ce pique-nique improvisé. Tobio avait hâte de montrer à maman et de prouver à Kaito qu'il allait bien, mais la première chose qu'il ferait une fois rentré serait d'aller dire bonjour à ses chiennes avec un os au beurre de cacahuète.
Après avoir mangé et bu, Kageyama se senti de nouveau lui-même et complètement revigoré. Il s'appuya sur ses mains, puis inspira profondément. Shōyō ramena ses genoux contre sa poitrine et l'observa. Quand son regard rencontra celui de Tobio, ce dernier lui adressa un large sourire, faute de savoir quoi faire d'autre. Le rouquin sourit en retour.

- Je voudrais te montrer quelque chose, dit-il.

Il se leva et se dirigea vers les étagères surchargées qui s'alignaient contre un mur et en rapporta un panier rempli d'objet semblables à des jouets.

- Choisis-en un, dit Shōyō.

- Pourquoi ?

- Choisis-en un, c'est tout, répondit Hinata avec un sourire mystérieux.

Tobio se pencha et fouilla avec précaution dans le panier. Il contenait des objets sculptés dans le bois et des ornements incrustés de paillettes, des figurines, des objets en métal et des fleurs en origami. Le noiraud choisi une figurine en plastique, un cheval au galop monté par un jockey penché sur son dos. Un petit anneau était fixé à la tête du cheval. Shōyō y passa une ficelle rouge.

- Super, commenta le rouquin.

Le cheval dans une main, il lui tendit l'autre.
Shōyō l'entraîna sur le versant ouest de la colline en lui faisant traverser un pré. Ils étaient tous deux nu-pieds et évitaient soigneusement les tiges de ronces dissimulées sous les hautes herbes. Au passage, Shōyō montrait à Tobio des plantes aux noms tels qu'apocyn ou scarole. Les rayons du soleil à son zénith picotaient les épaules nues du noiraud. Une douce brise soufflait.
Tobio raconta à Hinata cette blague débile où on prononce sans arrêt le mot « banane » jusqu'au moment où on interrompt quelqu'un d'un : « orange-tu-as-de-la-chance-que-je-n'aie-pas-dit : banane ». Shōyō riait si fort qu'on n'entendait plus le chant des oiseaux. C'était la magie qui rendait Tobio aussi niais, sans doute, mais il s'en moquait. La main de Shōyō dans la sienne, il laissait sa tête voguer jusqu'aux nuages tel un ballon rempli d'air chaud.
À l'extrémité sud de la prairie, ils se retrouvèrent face à un champ d'épaisses tiges à grandes feuilles qui leur arrivaient jusqu'à la taille. Quand le noiraud demanda à Shōyō si c'était du maïs, il le regarda bizarrement.

- Ce sont des tournesols !

Il plongea entre deux rangées. Tobio s'élança dans son sillage et les feuilles cinglèrent son ventre et ses flancs. C'était comme de passer en courant devant l'équipe adverse à la fin d'un match, quand on serre des mains ou qu'on tape dedans sans vraiment regarder les visages. Le soleil avait chauffé tout le champ. Tobio ralenti pour adopter son rythme habituel de jogging, sans faire attention aux inégalités du sol. Devant eux, un vieux silo brillait d'une chaude couleur orangée dans la lumière. Shōyō se dirigea droit vers lui à travers une étendue de minuscule fleurs violettes qu'il foula avec insouciance.
Arrivé devant le silo, il empoigna une échelle délabrée.

Blood Lovers || Kagehina Où les histoires vivent. Découvrez maintenant