Chapitre 25.

41 7 2
                                    

Tobio

Il eut l'impression de s'éveiller d'un demi-sommeil. Rien n'avait changé, sauf que Shōyō était en train de s'asseoir et qu'une sensation sourde de brûlure persistait dans sa poitrine.
Shōyō se mit à genoux et posa ses mains sur celle de Tobio.

- Tobio ? appela-t-il, la tête penchée.

Le noiraud eut soudain l'impression de se dédoubler, de regarder de l'extérieur ses mains posées à plat sur la table.

- Que s'est-il passé ? demanda-t-il en frottant sa poitrine endolorie, et il remarqua alors qu'il ne portait plus son t-shirt. Que s'est-il passé ? répéta-t-il, les yeux baissés.

Un symbole était peint avec du sang sur la meurtrissure, au centre de laquelle il découvrit un trou minuscule. Avait-il perdu connaissance ?

- J'ai mis ton corps à l'épreuve, répondit Shōyō mystérieusement. Et je crois que j'ai une mauvaise nouvelle pour toi.

- Attends un peu...

Tobio se leva, ce qui obligea Hinata à reculer. Il vit son t-shirt roulé en boule sur la table et alla le récupérer, malgré le vertige qui lui faisait tourner la tête. Il enfila le t-shirt et le lissa sur la marque sanglante de sa poitrine avant de relever les yeux vers Shōyō.

- Raconte-moi ce qui vient d'arriver, Shōyō, reprit-il.

Il avait une boule dans la gorge et ne savait que faire de ses mains.
Le rouquin le regarda droit dans les yeux par-dessus la caisse, à environ trois mètres de distance.

- Je me suis servi d'une rune d'ombres claires pour voir ce qui se passait à l'intérieur de ton corps, sous cette meurtrissure et autour de ton cœur. Et pour comprendre pourquoi tes yeux changent et tes os te font mal, expliqua Shōyō.

Au lieu de se frotter de nouveau la poitrine, Tobio leva les mains et les joignit derrière sa tête.

- Est-ce que j'ai perdu connaissance ? demanda-t-il. Tu as fait tout ça... enlevé mon t-shirt... tout seul ? Et les runes, qu'est-ce que c'est ? Et ce sang sur moi ? Shōyō, je me souviens...

Même si il répugnais à l'avouer, en effet, il se souvenait de quelque chose. Il se souvenait d'avoir fait tous ces gestes comme en rêve, de s'être levé et dirigé vers Shōyō et entaillé la poitrine. Et d'avoir senti la meurtrissure s'étendre sourdement comme un feu lent. Tobio secoua la tête.

- Tu te souviens de quelque chose ?

Shōyō s'approcha vivement de lui, posa ses mains sur sa poitrine et l'observa avec attention.

- Tu te souviens de ce qui est arrivé ? Tu n'as pas eu l'impression que nous étions en train de parler à un moment donné, puis de nouveau l'instant d'après ?

Tobio serra les lèvres et fit signe que non.
Le rouquin plissa les yeux, puis secoua la tête, visiblement intrigué.

- C'est vraiment étrange, dit-il. Tu n'es pas lié à nous par le sang. Tu ne devrais donc pas rester conscient pendant une possession.

- Quoi ?

Le mot avait jailli des lèvres de Tobio tandis qu'il le dévisageait, suffoqué.

- Hum ! fut toute la réponse de Shōyō, et il se massa les tempes d'un air absent.

- Shōyō...

Tobio le saisit par les épaules.

- De quoi... reprit-il, penché vers lui pour le regarder droit dans les yeux, de quoi veux-tu parler au juste ?

Blood Lovers || Kagehina Où les histoires vivent. Découvrez maintenant