Chapitre 21.

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Shōyō

Il dormi toute la matinée, épuisé par le sort de liaison qu'il avait pratiqué sur Tadashi. À son réveil, l'après-midi touchait à sa fin et il était affamé. Kōshi lui avait préparé une infusion bien chaude. Shōyō s'affala sur sa chaise dans la cuisine et inhala avec plaisir ses senteurs de saule, de ginseng et de basilic. L'énergie douce qu'elles communiqueraient à son corps l'aiderait à reprendre des forces et à se remettre de cette longue nuit. Peut-être pourrait-il alors soigner les coupures douloureuses de son poignet, qui le piquait dès qu'il remuait la main.
Kōshi posa devant lui du poulet froid, du fromage et des biscuits de farine d'avoine que le rouquin dévora. Il s'assit à côté de lui.

- Tu as une idée de ce qui s'est passé cette nuit ? demanda Kōshi.

- Je sais seulement que le père de Tadashi s'est servi de la malédiction qu'il lui avait jetée, répondit Shōyō, la bouche pleine, mais je ne comprends pas pourquoi le corbeau...

Les yeux de Shōyō se tournèrent vers le coffret de cèdre posé sur le comptoir à côté de la cafetière.

- Il faut que je le découvre. Tu as vu les autres ?

Kōshi désigna le plafond du doigt.

- Ils montent la garde sur le toit, la plupart juste au-dessus de la chambre de Hiro.

- Bien.

Shōyō se sentait mille fois mieux maintenant, réchauffé par la nourriture et par le thé.

- J'ai jeté un coup d'œil à Tadashi en me levant, reprit Hinata. Je crois qu'il va bien pour le moment. Il dort. Le sort de liaison a tenu bon, mais une liaison, c'est toujours provisoire.

- Pas forcément, dit Kōshi en le dévisageant avec une expression maternelle dans le regard.

- Si. Cette nuit, j'ai également lié la magie de Tadashi. Même s'il ne veut pas se servir de cette magie pour le moment, ce dont nous ne pouvons pas être certains, peut-être changera-t-il d'avis. Il y a sûrement une meilleure solution.

- Une foule de gens s'en tirent chaque jour sans l'aide du sang, Shōyō.

Le rouquin sirota son thé en l'observa par-dessus le bord de sa tasse, mais ne répondit pas. Kōshi soupira, secoua la tête et se leva pour aller jeter le reste de sa tasse dans l'évier.

- Je vais acheter de l'aspirine en ville pour Tadashi, dit-il. Il a de la fièvre, et nous n'en avons plus.

Shōyō se renfrogna et chercha un argument contre cette décision, sans en trouver. La magie dont ils se servaient pour combattre la malédiction de la rune noire était complexe. Ils ne pouvaient pas se permettre de perturber le sang de Tadashi avec leurs remèdes habituels.

- Il faut éviter tout ce qui dilue le sang, déclara Hinata.

- Ce ne serait peut-être pas un mal, dit Kōshi en fouillant dans le frigo et dans le garde-manger. Je vais aussi acheter du bœuf pour préparer un bon ragoût, en quantité suffisante pour ne pas devoir refaire des courses avant quelques jours.

Shōyō se leva, s'approcha de lui et tira sur l'une de ses manches longues.

- Merci, dit-il.

Kōshi se redressa, une boîte de céréales presque vide à la main.

- Merci pour quoi ?

- Pour la nuit dernière. Pour ta magie.

Il expira et ses épaules se détendirent.

- Il faut bien se servir de ses pieds pour traverser la rue, pas vrai ? dit Kōshi.

Hinata rit, mais reprit aussitôt son sérieux.

Blood Lovers || Kagehina Où les histoires vivent. Découvrez maintenant