chapitre 10 : first date

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En fin d'après-midi, après avoir couché Charlotte et mit en route le lave-vaisselle, Marjorie s'autorisa une petite pause devant la télévision. Télécommande en main, elle changeait de chaîne sans trop savoir ce qu'elle désirait suivre comme programme. Son choix se porta finalement sur un talk-show mais après seulement vingt minutes de visionnage sans comprendre une miette de ce que le présentateur racontait, Marjorie décrocha et soupira plus que de raisons. C'était bien la première fois qu'elle s'ennuyait de la sorte.

Normal, elle avait la tête ailleurs. Plus précisément chez Jonathan. Depuis qu'elle l'avait vu ce matin, impossible pour elle de faire autrement que de penser à lui. Il était là, dans chaque recoin de son esprit, guettant le moment où elle se déciderait à attraper son téléphone pour lui envoyer ce fichu message qui lui trottait dans la tête depuis tout à l'heure ou mieux, l'appeler.

Mais pour lui dire quoi ?

《 allez ! C'est pas comme si tu t'apprêtais à t'adresser au pape ! C'est Jonathan, le père de ta fille, celui avec qui tu as fait pas mal de galipettes. 》

Galipettes ! En y repensant, elle ne put retenir le sourire béat qui prit forme sur ses lèvres. L'image de son corps musclé sur le sien la fit tressaillir de toute part. Il n'y avait vraiment que lui pour la faire se sentir toute chose de cette manière. Émoustillée à souhait, Marjorie ne pût se retenir longtemps. Elle attrapa son téléphone et composa son numéro, pressée d'entendre sa voix grave. Les mains moites, la bouche sèche, le pouls prêt à faire péter n'importe qu'elle électrocardiographe, elle fût sur le point de lancer l'appel, quand elle se ravisa soudainement.

— Non... je ne peux pas faire ça. Qu'est-ce que je vais lui dire ? Salut, j'arrête pas de penser à toi depuis un moment ! Non.

Non. C'était un non catégorique.

C'était beaucoup trop facile et pas logique du tout de vouloir à ce point d'un homme qui n'avait pas hésité à se foutre d'elle et avait été sur le point de lui enlever sa fille. Peut-être tentait-il toujours le coup ? Marjorie grogna de frustration et jeta son téléphone sur le sofa en pensant à sérieusement se débarrasser de cet amour qui la faisait énormement souffrir, elle autant que lui.

Les mains sur les hanches, elle observa son téléphone abandonné sur le sofa sans pouvoir se départir de cette idée saugrenue qui s'était implantée dans sa tête. Pas moyen de faire autrement, même avec la part logique en elle qui lui hurlait de ne plus accorder autant d'attention à Jonathan comme elle l'avait fait avec Flynn. Mais le problème résidait bien dans le fait qu'avec Flynn, elle ne ressentait pas ce qu'elle ressentait avec Jonathan. Un amour fort intense qui n'avait de cesse de ballotter son petit cœur blessé. Avec Jonathan, c'était quelque chose de puissant, grisant qui la transportait dans les méandres d'un bonheur absolu et d'un plaisir qui effaçait toutes les sales merdes qu'elle avait bien pu endurer au cours de sa vie. Mais aussi, un amour tout aussi doux et tendre qu'intense qui la poussait à vouloir pardonner cet homme qui ne méritait pas vraiment qu'elle se torturât de cette manière.
Son amour à lui s'était montré égoïste, s'était fait vengeur et à cause de ça, il était sur le point de la perdre.

Marjorie essuya la larme qui roula sur sa joue, abandonnant définitivement l'idée d'appeler Jonathan.

— Hey, ça va ? 

Les yeux à moitié fermés, Jay débarqua dans le salon après une grosse sieste et se laissa tomber sur le sofa en baillant. Il s'ébouriffa les cheveux, penaud, avant de froncer les sourcils quand Marjorie prit place tout au bout du canapé en soupirant.

— Il t'as dit quoi Jonathan ?

Jay haussa un sourcil, surpris par sa question.

— Pourquoi ça t'intéresse ?

Jonathan Où les histoires vivent. Découvrez maintenant