Jonathan

chapitre 43 : drugs and love [1]

Assis au bord du matelas, Jonathan observait sa fiancée se battre contre les boutons de son manteau depuis une bonne demi-heure déjà. Terrassée par l'angoisse elle ne parvenait pas à refermer son manteau kaki. Ses mains qui tremblaient sans arrêt l'empêchaient de se concentrer. Son cœur se soulevait avec violence dans sa poitrine dès qu'elle s'imaginait mettre un pied dehors où une horde de paparazzi devait faire le pied de grue. Cet étalage grossier de sa vie privée et de son passée, loin de lui avoir octroyé des amis auprès de la presse n'avait pas fini de faire sensation. Ces vautours en voulaient toujours plus au point où certains petits malins n'hésitaient pas à s'attaquer et à remettre en cause la réputation de son frère Jay, celle de ses parents et leur responsabilité en tant que tel.

Plus elle songeait aux journalistes, à l'inconnu dans sa chambre, à Russel, à sa psy, moins elle allait bien. Sa respiration irrégulière fut pénible à entendre pour Jonathan. La panique dans ses yeux mêlée à cette espèce d'agitation qui marquait les traits fins de son visage ravagèrent ses certitudes. Subitement, il ne le sentit plus de la laisser déambuler seule dans les rues, surtout pas avec ce cirque médiatique qu'avait provoqué Logan.

Les sourcils froncés, Jonathan la rejoignit, affecté par son humeur.

Debout près de la coiffeuse, il prit ses mains dans les siennes avec délicatesse et colla son front contre le sien. Il chercha son regard, mais Marjorie le lui refusa. Les paupières closes, elle cherchait à se débarrasser de cette inquiétude soudaine qui lui broyait les tripes, en vain. La voix grave de Jonathan résonna à travers elle comme un écho.

— Hey, respire !

— Je suis désolée.

— Ne dis pas ça.

— Je suis... Qu'une grosse merde !

— Hey, regarde moi !

Marjorie agita frénétiquement la tête, incapable de soutenir son regard qu'elle devinait emprunt de douleur. Une douleur qu'elle seule entraînait dans son âme. Une âme assez torturée. Comme si ça ne suffisait pas déjà...

— Marjorie, regarde moi ! insista Jonathan en prenant son visage dans ses mains.

Elle leva ses grands yeux bleus sur lui et les ancra dans les siens. Jonathan y décela un nombre incalculable de craintes et d'angoisse qui firent chavirer son cœur. De toute évidence, se rendre seule à l'hôtel d'Elena l'angoissait. Elle le voulait peut-être et avait pris cette décision le regard vif et on ne peut plus assuré, ça ne voulait pas dire qu'elle n'avait plus peur. Marjorie étouffait littéralement de l'intérieur. Devoir sortir sans Jonathan pour aller s'allonger dans un canapé et se mettre à parler de ses envies de suicide ou de ce qu'elle pouvait ressentir dans son cœur cassé flinguait toute sa dévotion.

Elle avait juste envie de rester au lit. Flâner toute la journée, blottie contre son fiancé. Si elle n'avait pas été consciente que ce n'était pas bon pour elle, Marjorie l'aurait fait sans hésiter. Elle aurait tout abandonné, qu'elle broie du noir ou pas.

— Je peux t'accompagner si tu veux.

Marjorie se mordit la lèvre, prise d'une euphorie soudaine qui dansa au creux de son estomac. L'avoir à ses côtés était là tout ce qu'elle demandait, mais elle savait que ce serait égoïste de sa part de lui demander de l'accompagner. Alors elle ravala le ''oui'' enthousiaste sur le point de franchir ses lèvres.

Dans un geignement étouffé, elle secoua la tête en signe de refus.

— Murphy sera là, je ne serais pas toute seule.

— Peut-être bien mais, moi je pourrais te prendre dans mes bras.

Jonathan ne lui facilitait pas la tâche. Comment lui dire non quand il murmurait de la sorte ? Comment lui dire non quand elle savait qu'à un moment donné, toutes les vilaines choses qu'elle traînait dans la tête deviendront trop lourdes à porter pour ses petites épaules et qu'il était le seul à pouvoir alléger son fardeau. Un baiser sur la nuque, ses bras forts autour de son corps tremblant et le tour était joué.