— Alors ? On se marie quand dis moi ? Dans une semaine ?
Sa question posée de façon aussi abrupt au milieu du petit-déjeuner fit tousser Marjorie. Ses doigts contre sa bouche, elle fit les gros yeux à Jonathan avant de prendre une gorgée de son jus de pamplemousse pour faire passer les morceaux de tartines qu'elle avait faillit avaler de travers.
— Ça va chérie ?
Non ! J'ai failli m'étrangler à cause de toi chéri ! persifla sa conscience.
— Oui. Très bien.
Elle l'observa donner une énième bouchée de purée à Charlotte, sagement assise sur ses cuisses, une boule en travers de la gorge qui l'empêcha d'apprécier pleinement les bonnes choses joliment disposées dans son assiette.
D'un seul coup, tout allait beaucoup trop vite pour elle.
Pas qu'elle regrettait d'avoir accepté d'épouser l'amour de sa vie, mais elle était loin d'imaginer qu'il voudrait le faire dans les plus brefs délais, sans aucune préparation ni planning de toute sorte. Elle ne lui demandait pas un mariage grandiose certes, mais le minimum. Et ce minimum c'était de la patience dont il semblait ne plus être pourvu depuis qu'elle lui avait dit oui.
— Écoute, commença t-elle d'une petite voix en posant sa main sur la sienne, ce n'est pas aussi simple.
Jonathan se rembrunit subitement. Il eût peur de comprendre ce qu'elle essayait de lui dire. L'homme dur, implacable et impénétrable fit son grand retour, l'obligeant à se redresser et à récupérer sa main, posée sous celle de Marjorie. Sa froideur soudaine lui coupa le souffle et lui fit rater des battements de cœur désagréable. Marjorie avait intérêt à se rattraper ou sinon ce malentendu ferait tout capoter entre eux.
— Tu regrettes ? lui demanda t-il d'une voix profondément grave.
— Non. Jamais.
— Qu'est-ce qu'il se passe alors ? T'as la tête des gens qui veulent tout arrêter après avoir pris une décision sur un coup de tête. T'as pas réfléchi ?
— Dis pas de bêtises. J'ai suffisamment réfléchis. Je ne cherche pas à revenir sur mes pas, mais à clarifier certaines choses.
Marjorie se recula dans sa chaise en lâchant sa fourchette, tout appétit envolé. Face au regard de Jonathan, la nourriture lui sembla bien fade. Elle ne savait pas comment lui parler de Duncan sans craindre de le mettre en colère, car oui, c'était encore son mari le problème.
— C'est juste que... je suis toujours mariée à... à Duncan et tant qu'on n'est pas divorcé, rien ne pourra se faire.
— Je vais le trainer devant les tribunaux ce sale fils de p...
— Stop ! tonna Marjorie en frappant du plat de la main sur la table. Pas devant la petite je t'en prie.
Jonathan prit sur lui et ravala le chapelet de jurons qu'il s'apprêtait à sortir de sa bouche.
— Tu dois porter plainte. Cette histoire a trop duré.
— On en a déjà parlé. Je ne veux pas revenir là-dessus.
— Mais moi si.
En colère dorénavant, il se laissa aller contre sa chaise en soufflant. Les peurs de Marjorie, il les connaissait sur le bout des doigts. Il savait que parler de Duncan, du divorce, de son viol, c'était quelque chose qu'elle détestait et haïssait. Conciliante, un peu naïve et timorée, elle aurait pu rester mariée à Duncan toute sa vie pourvu qu'elle ne le recroise jamais sur sa route. Pour Jonathan, c'était inconcevable et inacceptable.
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Jonathan
RomanceTOME 2 de Marjorie Deux ans ont passé depuis que Jonathan est parti de chez lui sans accorder un seul regard à la seule femme qui n'ait jamais vraiment compté dans sa vie. Blessé, il a coupé les ponts avec ses proches et ne vit plus que pour son tr...