chapitre 14 : délicieuses retrouvailles

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— Tu vas quelque part ? 

Marjorie se stoppa devant l'entrée, Charlotte dans les bras. Elle arrima son regard à celui de son père qui, pas très content, la regardait avec une colère toute nouvelle dans les yeux.

— J'ai plus seize ans papa et je pense avoir le droit d'aller où je veux et sans te demander la permission.

— Bien sûr, tant que ce n'est pas pour aller retrouver l'autre là.

— Oh je t'en prie, soupira t-elle, je ne suis pas d'humeur pour ça.

— Marjorie !

— Fous moi la paix papa.

Impuissant, il l'observa passer la porte sans rien y faire.
Le cœur lourd, Marjorie marcha en direction de la Bugatti Chiron garée devant chez Jay. Appuyé contre la carrosserie, les mains dans les poches de son blouson en cuir, Jonathan l'attendait depuis plus d'une heure déjà. Une fois à sa hauteur, elle lui sourit timidement alors qu'il prenait déjà leur fille dans ses bras. Jonathan lui fit un énorme baiser sur le front avant de la mettre sur la banquette arrière, dans le siège pour bébé qu'il avait lui-même installé. Marjorie fût très touchée de voir qu'il prenait très au sérieux et très à cœur, son rôle de père. Un rôle qui lui allait si bien d'ailleurs.

— Ça va ? s'enquit-il.

— Oui.

Tel un adolescent à son premier rendez-vous, il se rapprocha d'elle un peu gauchement et lui offrit, à elle aussi, un énorme et chaleureux baiser sur le front ainsi que sur la joue. Marjorie sentit ses joues chauffer agréablement. Son cœur partit dans une série de battements qu'elle ne pût arrêter et un sourire radieux se dessina sur ses lèvres. Il la mettait dans tous ses états.

— Alors, cette journée ?

— Pas terrible.

— Tu veux m'en parler ?

— Non. Tout ce que je veux maintenant, c'est aller regarder ce film avec toi et oublier tout le reste.

— Grimpe dans la voiture dans ce cas. C'est parti pour une soirée de folie.

Dans la salle de cinéma, assise à ses côtés, Marjorie n'avait pas pu se concentrer sur le film tant son cœur battait fort dans sa poitrine à chaque fois qu'elle croisait son regard. Des centaines de papillons virevoltaient dans son ventre et c'était encore plus intense quand il la frôlait par inadvertance. Penser qu'elle pouvait ressentir de pareille choses pour cet homme qu'elle connaissait déjà jusque sous la ceinture lui parut tellement bizarre mais si bon en même temps. Au moins comme cela elle savait qu'elle n'aimerait que lui jusqu'à la fin de sa vie et pas un autre. Ça, Marjorie le sentait au plus profond d'elle.

— Le film est devant toi, lui fit-il savoir dans un murmure.

Prise sur le fait, elle détourna le regard, non sans rougir adorablement.

À trente minutes de la fin, Charlotte avait fini par s'endormir sur les genoux de son père et Marjorie en larmes, avait déjà épuisé le stock de mouchoirs dont disposait Jonathan. S'il avait su que ce film à la con la ferait pleurer, il ne l'aurait pas emmené le voir. S'il y avait bien une chose qu'il détestait plus que tout, c'était la voir pleurer, peu importe la raison.

Il fusilla l'acteur principal du regard et en voulût au scénariste d'avoir écrit une fin aussi dramatique.

— Quel navet ! dit-il en se levant, ignorant les protestations des personnes autour qui lui criait presque de se rasseoir.

Il attrapa Marjorie par le bras et l'aida à se lever.

— Viens, on s'en va.

Elle se laissa traîner par lui, n'y comprenant rien à sa mauvaise humeur soudaine. Ce ne fût qu'une fois à l'extérieur de la salle de cinéma, qu'elle saisit d'où venait son problème. Elle faillit éclater de rire tant il était sérieux dans ses propos et dans sa façon de lui dire qu'il ne l'emmènerait plus jamais regarder un film comme celui-là si elle devait pleurer comme une madeleine à chaque fois. Il parlait de trucider le scénariste et de lui faire avaler son script, ce qui l'amusait encore plus. Mais, bientôt, elle comprit que ça l'insupportait réellement et elle fût énormément touché par son côté sensible et protecteur qu'il n'avait pas peur de lui montrer.

Jonathan Où les histoires vivent. Découvrez maintenant