chapitre 35 : the intruder

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Assise dans le salon au côté de Jonathan, Marjorie retint son souffle alors qu'une aiguille s'enfonçait dans son bras. Elle se raccrocha à la seule personne capable de la tirer de ce trou dont lequel elle risquait de sombrer à tout instant jusqu'à ce que l'infirmière en face d'elle retire sa seringue de son bras.

— Voilà, c'est tout pour aujourd'hui ! Si votre sang garde encore des traces de la drogue alors elles se révéleront au cours des analyses, dans le cas contraire, votre organisme aura déjà tout éliminé.

— Merci. la remercia Jonathan.

Il passa un bras sur ses épaules et la rapprocha de lui. Marjorie se blottit tout contre son flanc, et accueillit le baiser qu'il déposa sur son front en fermant les yeux.

— Ça va ?

— Oui. J'ai juste hâte que ça se termine.

— Ils ont presque fini.

Elle soupira d'aise dans le creux de son cou, avec l'impression de n'avoir plus rien pour elle. Les aller-retours des agents de police commencèrent à lui donner le tournis. En plus de fourrer leur nez dans ses affaires, ils allaient jusqu'à fouiller dans le tiroir de sa commode où était rangé ses sous-vêtements. Au bout d'un moment à les voir s'immiscer dans son intimité sans réagir, Marjorie craqua. Elle n'en pouvait plus de les voir toucher à sa vie privée.

— C'est vraiment nécessaire ? s'enquit-elle en se redressant.

Les bras croisés sous sa poitrine, elle venait de barrer la route à un des techniciens chargés de relever des indices qui emportait quelques unes de ses petites culottes dans un sac en plastique fait pour collecter des preuves.

Un homme brun pas plus grand que Jonathan décida d'intervenir. Il fit un signe de tête au technicien, lui signifiant qu'il pouvait continuer son travail et qu'il prenait en charge Marjorie.

— J'ai bien peur que oui. Nous devons tout analyser.

— Ce sont mes... mes sous-vêtements !

— Madame Green, nous avons trouvé des traces de sperme sur certains de vos sous-vêtements.

Marjorie fronça les sourcils, complètement décontenancée. Elle ouvrit la bouche, mais aucun mot ne parvint à franchir la barrière de ses lèvres tant sa surprise était grande. Les yeux larmoyants, elle agita frénétiquement la tête, pressée contre Jonathan. Il s'était empressé de la rejoindre lorsqu'on lui avait dévoilé cette malaisante découverte. Les bras enroulés autour de sa taille, il la tenait fermement, l'empêchant de tituber. Il le sentait que les nouvelles que cet homme venait de lui annoncer sans prendre de gants la déroutait et la choquait si bien, qu'elle ne contrôla pas le léger tremblement de ses mains lorsque l'expert ajouta sur un ton plus dédaigneux qu'autre chose :

— Tout porte à croire qu'il se serait masturbé devant votre commode avant de directement éjaculer sur vos sous-vêtements. Ensuite il s'est couché près de vous et vous aurait administré une drogue quelconque pour vous empêcher de vous réveiller... mais... jusque ici, ce ne sont encore que des suppositions. Tant qu'on aura pas analysé tout ça, nous ne pourrons rien affirmer.

— Quoi ? Des suppositions ?

— Vous vous foutez de nous ? surrenchérit Jonathan.

Désinvolte, l'expert posa une main sur sa hanche puis se pinça le nez pendant un bref moment, excédé. Il leva ses yeux noirs sur Marjorie qui le foudroyait presque du regard. Entre la peur qui la tétanisait et les révélations d'aujourd'hui, elle n'avait plus les idées très claires. Et le tact douteux de cet homme en costard cravate ne l'aidait en rien à se rassurer. Il la prenait de haut, comme la plupart des policiers présents dans son appartement, à grouiller ci et là, fouillant le moindre recoin de son petit abri comme des fourmis en quête de sucre.

Jonathan Où les histoires vivent. Découvrez maintenant