Jonathan

chapitre 26 : des promesses d'amour

— Marjorie ? Tu les as mis où les couches ?

— Dans le sac de Charlotte, lui répondit-elle agacée le nez dans les cartons.

Sa fille dans les bras, Jonathan la rejoignit dans le salon. À quatre pattes, Marjorie s'acharnait à défaire les cartons emballés depuis longtemps, aidée d'Emma qui faisait semblant de chercher avec elle, la mine déconfite et l'air aussi coupable qu'une voleuse de bonbon prise sur le fait.

— Mon amour, qu'est-ce que tu fais ? J'ai mis des heures à emballer toutes tes affaires !

— Je ne trouve plus mon téléphone !

Les lèvres pincées, Emma haussa les sourcils. Le regard que lui lança Jonathan la dissuada de faire une autre grimace susceptible de mettre Marjorie sur une quelconque piste pouvant la mener jusqu'à cet énorme secret gros comme une baleine dissimulée derrière un arbre qu'il tentait vainement de lui cacher.

— Emma m'a appelé et il n'a pas sonné. Tu as dû le mettre dans un de ces cartons sans t'en rendre compte !

— Ou tu as dû l'oublier quelque part ! suggéra-t-il.

Emma agita la tête de droite à gauche faiblement, le conseillant de ne pas s'aventurer sur ce terrain là. Jonathan ignora ses signaux et s'approcha de sa fiancée devenue subitement nerveuse.

— Non ! Je l'avais avec moi. J'en suis sûre et c'est bizarre qu'il ne sonne pas ! râla-t-elle en se mettant déjà à fouiller dans un autre carton.

Jonathan soupira. Si jamais la situation lui échappait et qu'elle venait à apprendre tout ce qui se disait sur elle, il ne se le pardonnerait jamais. Il préférait encore le lui annoncer lui-même, mais il attendait le bon moment pour lui dire. Ce soir, elle était beaucoup trop énervée pour entendre parler de ses viols une fois de plus et puis il ne souhaitait pas gâcher leurs derniers instants ici.

— Je suis à cent pour cent sûre qu'il était allumé, en plus il a une autonomie de soixante-douze heures, il n'a pas pu se décharger aussi vite !

— Calme toi ! C'est pas la peine de t'énerver.

— Alors me dis pas que j'ai oublié, parce que c'est pas vrai !

— D'accord. Je suis désolée, ok ? Allez viens là !

Il lui tendit sa main, l'invitant à se lever. Marjorie la prit sans hésitation et accepta ses excuses. Jonathan déposa un baiser sur le sommet de son crâne en fusillant Emma des yeux qui à son tour, le regardait comme si elle s'apprêtait à lui tordre le cou. Une fureur sans nom se lisait sur son joli visage joufflu, si bien qu'elle en était devenue toute rouge. Elle n'appréciait pas devoir entrer dans son jeu et mentir à son amie, et Jonathan était désolé de l'impliquer dans ces histoires, mais il estimait ne pas avoir eu le choix et pour le moment, lui mentir était la seule option qu'il avait de la protéger de la cruauté de son père.

— On va le retrouver, d'accord ?

Emma se releva également et lui lança un regard d'avertissement avant de récupérer son énorme sac à bandoulière au couleur de l'arc en ciel.

— Je dois y aller. Je retrouve des potes ce soir. C'est soirée billard aujourd'hui et je ne voudrais pas manquer ça. T'en fais pas pour ton portable Marje ! Tu le retrouveras ! Appelle moi au cas où, ok ?

— Au cas où quoi ?

— Juste au cas où !

— Il faudrait déjà que je mette la main sur ce fichu téléphone !

Emma n'en dit pas plus et quitta l'appartement, laissant Marjorie avec un doute dans le cœur. Elle ne savait pas pourquoi, mais quelque chose lui disait que ça n'allait pas. Emma n'était pas comme d'habitude.