Chapitre 32

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Tout doucement, les effets de l'anesthésie se dissipent de mon corps. Je me réveille, allongé sur le lit de l'infirmerie, un cathéter posé sur mon bras gauche relié à une poche d'un liquide transparent. En face de moi, je peux distinguer la porte du bureau de Richard entrouverte. Je l'entre aperçoit affairé sur son ordinateur, à rédiger tel une secrétaire, une note avec tout le sérieux d'une personne concentré sur sa tâche.
Je remue légèrement mon corps afin de pouvoir m'installer plus confortablement en position assise sur le lit et je me rends compte que la peau de mon dos me tiraille. Tout doucement, je tourne la tête pour essayer de voir ce qui me procure cette gêne, mais malheureusement cela m'est impossible.
Je sursaute lorsque j'entends la voix de Richard me signifier.

- Nous avons soigné vos blessures dans le dos. Certaines lésions laissées par Igor, se sont infectées. Vous risquez d'avoir de légères cicatrices mais rien qu'une bonne chirurgie réparatrice ne puisse effacer.

- Et qu'elle est cette substance que vous m'inoculez? Un antidouleur ? Des antibiotiques ?

- Non, rien de tout cela. C'est une nutrition parentérale, elle permet de vous nourrir, grâce à un mélange de nutriments indispensables à votre organisme. La semaine de privation alimentaire que vous avez subi à grandement affaibli votre corps et votre estomac n'est, pour le moment, pas encore en mesure de fonctionner correctement. Nous allons réintégrer la nourriture, en premier lieu par de l'alimentation liquide tel que la soupe ou des purées, puis tout doucement par de l'alimentation solide. Ceci vous évitera des crampes d'estomac et de régurgiter la nourriture. Cela prendra un peu de temps, mais c'est pour votre bien, Virginia.

- Et quand pourrais-je sortir de l'infirmerie ?

- Et bien aujourd'hui même. Victor m'a demandé de le prévenir dès que vous serez réveillée. Ce que j'ai fait, il devrait être là dans 5 minutes.

Une forte appréhension saisit mon corps à l'évocation de son nom. J'ai dû blêmir à cette évocation puisque Richard dit :

- Il s'inquiète pour votre santé.

- Tu parles, dis-je d'un ton condescendant.

- Vous savez, Virginia, il tient beaucoup à vous. Je le connais depuis longtemps et jamais il n'a montré autant d'intérêt à une femme. Je pense même qu'il vous aime, mais à sa façon.

- Ah oui! Et bien il n'a rien d'un homme amoureux. On n'inflige pas tout ce que j'ai subi à la femme qu'on aime. Il m'a enlevée, séquestrée, violée et il a demandé à son bras droit de me dresser, de me torturer. Vous croyez que c'est normal hein ? Hurlais-je en sanglots.

- Pour un homme comme lui, un parrain de la mafia russe, l'amour est différent des conventions habituelles.

Notre conversation est interrompue par le bruit de l'ouverture de la porte. Victor, tel un conquérant, entre dans la pièce les yeux rivés sur ma personne.

- Richard, Igor a besoin de vos services. Maintenant, dit-il sèchement.

- Très bien, je vous laisse alors.

Il sort précipitamment de l'infirmerie en m'adressant, toutefois, un dernier regard bienveillant.

Mon attention est de nouveau focalisée sur Victor. Inconsciemment, je resserre mes mains sur les couvertures du lit, appréhendant la suite à venir. Son visage est impassible, seule sa mâchoire serrée démontre une certaine tension.
Il s'avance vers moi, la main tendue vers mon visage. J'oblige mon corps à ne pas esquiver son geste et le fixe du regard les dents serrées.
Sa main se pose délicatement sur ma joue gauche et de son pouce, il essuie la larme de mon visage.

- Tu as mal, dit-il d'une voix rauque.

Je secoue la tête de négation, les mots restant bloqués au fond de ma gorge.

InfiltréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant