Infiltrée

Chapitre 37

Au plus loin de mes souvenirs, j'ai toujours voulu être un redresseur de torts. Enfant, je rêvais d'être un policier afin d'arrêter les voleurs et les tueurs, adolescent je fus plutôt attiré par l'armée, je souhaitais devenir un membre de la Delta Force, puis à la mort de mes parents un peu avant mes dix huit ans, j'avais décidé de m'enrôler dans les Marines. Mais quand, à la remise des diplômes, des agents était venu me proposer un poste au sein d'une organisation fédérale, je n'avais pas hésiter, j'ai tout de suite signé. C'est aussi lors de cette journée que je suis tombé fou amoureux de ma Virginia. Un visage d'ange, une longue chevelure rousse cascadant le long de son dos et un corps de rêve dans sa toge de cérémonie laissant entrevoir ses courbes on ne peut plus généreuse. Bref j'étais foutu, ma vie avait pris un tournant à cent quatre vingt dix degrés ce jour là. J'avais trouvé et ma vocation et la femme de ma vie.

Mais au vu des événements de ces dernières minutes, acculés dans ce petit coin d'entrepôt, je savais que mon avenir au sein de la CIA était bel et bien fini. Je ne connaissais pas tous les tenants et les aboutissants mais il était hors de question que je fasse de nouveau confiance à ma hiérarchie. Celle ci m'avait manipulé, elle m'avait privé de ma femme par un subtil sudmerfuge. Un peu foireux tout de même, on aurait bien pu ne pas sortir vivant de cet accident. Nous avons perdu un peu moins de trois ans de vie commune. Et durant cette période, moi qui l'a croyais morte, je n'ai pas été un parangon de vertu. A peine arrivé sur cette mission j'ai joué mon rôle à fond, celui d'un homme sans foi ni loi. Évidemment, je n'ai jamais forcé une femme à coucher avec moi, mais je l'ai fait avec beaucoup et aussi avec certaines filles rousses que j'ai sauvé d'une vente d'esclaves. Bref à y penser, je me dégoûte.

Et ma Virginia, m'a-t-elle aussi oublié dans les bras d'autres hommes. Quoique cette question soit un peu stupide, bien sûr qu'elle ne m'est pas restée fidèle et je ne peux l'en blâmer puisqu'elle me croyais mort aussi.

De plus, elle est ici, en Russie, en plein dans le réseau des Ourbanovski. A n'en pas douter, elle aussi est en mission d'infiltration. On lui a sûrement demandé de séduire Victor afin de récupérer un maximum de preuves pour le faire enfermer, tout comme moi avec Ivan Isaak.

Mais quelques détails ne colle pas, d'une, à en croire le récit d'Ivan Isaak, et des informations que j'ai aussi récolter, Victor l'a belle et bien enlevée et de deux, nos hiérarchies devait se douter qu'un moment donné, forcément, nous allions nous croiser et risquer nos couvertures.

Es ce pour cette raison qu'on lui a ordonné de tout quitter, qu'on a programmé son extraction avant qu'il ne s'aperçoit que sa femme était ici, bien vivante.

Toutes ces réflexions et questions trouveront bien une réponse, mais pour le moment je dois impérativement mettre ma femme à l'abri.

Tournant légèrement la tête en direction d'Ivan Isaak, je l'aperçois à moins de 2 mètres de nous, accompagné de ces deux sbires ainsi qu'une partie des hommes qui était affecté avec moi sur la livraison.

Les dents serrées, le regard noir, il est hors de question qu'on m'éloigne de ma femme.

Il doit percevoir cette tension puisque, d'un ton excédé il dit :

-Non mon ami, pas elle. Je t'offrirai toutes les rousses que tu veux mais elle, elle part avec Kolkov ce soir.

J'avais déjà joué les détraqués impulsifs afin de pouvoir sauver quelques filles durant mon infiltration mais là, ce n'est plus un rôle, c'est belle et bien la réalité. Je suis prêt à tuer quiconque voulant me séparer d'elle.

Je réfléchis à toutes mes options. J'ai rangé mon beretta dans mon holster quand, tout à l'heure, j'ai pris en coupe le visage de Virginia. Aussi d'un mouvement vif de mon bras gauche, je fais basculer son corps derrière moi, tout en prenant de mon bras droit mon arme et en la pointant sur nos assaillants.