Chapitre 27

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Je demeure assis sur le fauteuil une bonne dizaine de minutes, en ressassant les propos d'Ivan Isaak, lorsque Caitlyn entre de nouveau dans la pièce. Toute guillerette, un magazine à la main, elle vient s'assoir sur le canapé là où l'autre connard était assis tout à l'heure. Elle tapote frénétiquement la place à côté d'elle.

- Allez très chère, venez vous asseoir à côté de moi. J'ai plein d'articles sur notre pays que j'aimerais vous montrer.

Elle doit savoir que la maison de Viktor doit être blindé de caméra de surveillance. Mes instructions doivent forcément se trouver dans son magazine. On doit la jouer fine pour ne pas se faire prendre, mais il n'empêche que je peux lui poser quelques questions sans que cela paraissent suspects. Aussi je me lève et je m'installe près d'elle. Immédiatement, elle vient se coller à moi et me montre de son doigt parfaitement manucuré des mots qui forment, si on les met bout à bout, une phrase.

- Non mais, regarde cela c'est vraiment fou. Cet article m'a complètement abasourdi quand...

Je ne l'écoute plus, j'assimile les mots qu'elle me montre et je forme dans ma tête la phrase : "Extra-que-tion-dans-jardin-samedi-aller-sous-grand-chêne-côté-fontaine-près-rosier-15:30"

Je réfléchis vite fait mais une donne me manque dans ma réflexion, je ne sais pas quel jour on est. Quelle conne, je me suis connectée à ma nouvelle tablette, envoyer un message à mon supérieur mais dans tous ce merdier je n'ai prêté aucune attention au jour que nous étions. Je n'ai même pas eu la curiosité de voir depuis combien de temps j'étais séquestré, un comble pour un agent. J'étais trop obnubilé à donner de mes nouvelles à Lee et à lui transmettre mes découvertes. Je regarde vite fait la photo de l'article, il parle d'un people Américain. Je vais pouvoir improviser.

- Non, je ne suis pas au courant de cette affaire. Cela a dû arriver après ma venue ici, j'ai perdu la notion du temps, je ne sais même pas quel jour on est aujourd'hui, c'est pour dire m'esclaffais-je.

- Oh! Et bien nous sommes lundi 18 mai, me dit-elle avec un regard soutenu m'indiquant son agacement.

- Le 18 mai ... cela veut dire que...

Cela veut dire que ça fait une vingtaine de jours à peu près qu'on me séquestre. Nom de dieu, je pensais être ici depuis plus longtemps que cela. Bref, ne nous écartons pas de l'essentiel, il faut que je reste ici le temps de pouvoir cracker les données de Viktor. Hors de question que l'on m'extrait avant.

- Passons à un autre article, laissez moi voir un peu.

Je lui arrache le magazine des mains et je regarde frénétiquement les mots qui dans un article, me permettraient de m'exprimer librement.

- Et cet article là, vous avez aussi vu.

Je lui tends le document en apposant comme elle, tout à l'heure, mon doigt sur les mots clefs : "hors-de-question-attendre-possibilité-acquisition-information-besoin-plus-temps".

- Ce n'est pas possible, dit elle d'un ton péremptoire. Je veux dire, reprend-elle, non je ne l'avais pas vue cette information, elle m'a complètement échappé. De toute façon, on voit bien que le journaliste n'a rien compris à la situation et il devrait se ranger aux opinions des autres.

En d'autres termes, tais toi et fait ce qu'on te dit. Je ne sais pas ce qui se passe mais Lee et ses supérieurs disjonctent complètement. Laisser filer une telle opportunité est irréaliste. Et même si énormément d'ennuis m'attendent dans les jours à venir, il est impensable que j'accepte cette extraction ce samedi.

- Ah! et la liberté d'expression qu'en faites vous ? Moi je crois que, quand on a le sentiment de dire une vérité ou de faire une action nécessaire, on doit, dans son âme et conscience, faire ce qu'il faut et ceux, même si le reste du monde n'est pas d'accord.

InfiltréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant