J'ai laissé la phrase de Pascale en suspens. Je n'étais plus intéressée par la course ou par ceux qui m'entouraient.
« Mais le plus triste dans tout ça, c'était l'appel que j'avais reçu de Charles le soir, alors que je pensais qu'il allait être un peu content, il m'a appelé en pleurs, en me disant que Pierre avait disparu, qu'il l'avait cherché partout, que personne ne l'avait vu, et il m'a expliqué pour ton accident. »
Je savais que Pierre avait été touché par nos accidents, mais que s'était-il bien passé ce soir-là à Spa, pour qu'il disparaisse ? Il ne m'a jamais raconté ce qu'il lui est arrivé pendant cette année.
« Élie ? »
Je suis sortie de mes pensées et je relève le regard vers Pascale.
« La course est terminée, Charles est dans son motor-home et Pierre en interview, on va rejoindre tout le monde en bas, tu viens ? »
J'ai simplement hoché la tête, sans prononcer un seul mot. Je me suis levée, j'ai suivi Pascale et on a quitté l'espace VIP. En arrivant en bas, je remarque Charlotte, Giulia et Enzo qui discutent. Ils ont l'air de débattre des résultats, et je ne sais même pas où a terminé Pierre.
Charlotte est la première à nous voir.
« Alors vous avez pensé quoi de la course ?
- Je suis déçue pour Charles, mais Pierre s'en est bien sorti.
- J'ai parlé avec Charles, les garçons sont toujours avec lui. Il est déçu et en colère. Pierre a fait une superbe course, il a l'air vraiment très heureux. Et toi Élie, tu en as pensé quoi ?
- Je... »
Je la regarde, mais je ne sais pas vraiment quoi dire, je n'ai même pas regardé la course.
« C'est ma faute. »
Je me tourne vers Pascale, qui me regarde avec un regard compatissant.
« Comment ça, c'est votre faute Pascale ?
- Eh bien, on a discuté un peu quand vous êtes partis, et je l'ai rendue triste, elle s'est perdue dans ses pensées juste avant que la course ne commence.
- Oh ! Tout va bien, Élie ?
- Oui, ça va. Je... Ce n'est rien.
- Tu es sûre ? Tu as l'air toute triste.
- Tout va bien, j'étais juste dans mes pensées et je n'ai pas réussi à me déconnecter pour suivre la course. »
Je vois bien leurs regards inquiets, mais je ne peux pas leur en parler. Ils ne savent pas, seul Pierre peut répondre à mes interrogations, et je ne sais même pas si j'aurais le courage de lui demander. Je pourrais essayer de discuter avec Charles, au moins pour avoir son point de vue sur l'histoire, il a été là pour Pierre lui.
Arthur et Lorenzo les frères de Charles, se joignent à notre petit groupe, et ils se mettent à débattre de la course. Je les écoute pour essayer de savoir ce qu'il s'est passé pendant la course, mais mon esprit repart en vadrouille. Il faut croire que je suis bien plus perturbée par les mots de Pascale que par ce qu'il s'est passé pendant la course.
C'est une paire de bras s'enroulant autour de moi qui me sort de mes pensées. Je sursaute légèrement et j'entends le rire familier de Pierre.
« Tu étais réellement très loin dans tes pensées.
- Je suis désolée, je ne t'ai pas vu arriver.
- Et pourtant, je suis là depuis cinq minutes, je pensais que tu m'ignorais. Mais Pascale a dit que vous aviez parlé et que tu étais dans tes pensées depuis. On va rentrer à l'appartement et on en discutera ce soir si tu veux. En attendant, reviens moi. On doit fêter ma sixième place au Grand Prix de Monaco !
- Sixième ? Oh, comme je suis fière de toi !
- Tu n'as réellement pas suivi la course alors ! »
Pierre fait une petite moue boudeuse avant de me prendre à nouveau dans ses bras.
« Je suis désolée.
- Ne le sois pas, ça arrive à tout le monde, de ne pas avoir la tête à ça. Allez, on va rentrer. »
Il se détache de notre étreinte avant de me prendre la main, on avance avec le petit groupe en direction du parking pour ensuite rejoindre l'appartement.
En arrivant à l'appartement des Monégasques, je suis directement allée dans la chambre que l'on occupe n'ayant pas la tête à faire la fête. Je crois que seul Pierre avait envie de faire la fête, Charles avait un peu le même air que moi.
Des petits coups s'entendent sur la porte de la chambre, et je devine qu'il ne s'agit pas de Pierre qui lui n'aurait pas frappé.
« C'est ouvert. »
La porte s'ouvre et la tête de Charles apparaît dans l'entrebâillement de la porte.
« Je peux entrer Élie ?
- Oui bien sûr, Charlie. »
Il rentre et referme la porte derrière lui. Il vient s'asseoir à côté de moi sur le lit.
« Dis-moi ce qui ne va pas. Tu devrais être heureuse pour la magnifique course de Pierre, et au lieu de ça, tu déprimes autant que moi.
- Je suis heureuse pour Pierre. Vraiment. C'est simplement que j'ai pas mal discuté avec ta maman avant la course, et elle m'a parlé d'avant. De Spa, et je réalise à quel point, je n'ai aucune idée de ce qu'a pu vivre Pierre pendant cette année.
- Oh, je comprends mieux pourquoi tu es dans cet état. Elle t'a parlé de l'appel que je lui ai passé après la course, c'est ça ?
- Oui.
- Tu sais, quand on a appris pour le décès de Tonio, on a tous été très affectés par ça, puis Pierre a appris pour ton accident, et ça l'a anéanti. Je ne sais même pas d'où lui ai venu la force de monter dans la monoplace le dimanche pour faire la course. Moi, je partais en pôle, et j'avais en tête de tout faire pour lui rendre hommage en faisant une belle course, je n'imaginais pas gagner un seul instant.
Quand j'ai passé la ligne en tête, je ne pensais qu'à Tonio, je ne voulais pas du tout fêter cette victoire sans lui. Après les interviews, les débriefs, je suis redescendu sur le circuit, pour aller trouver Pierre, je voulais qu'on soit tous les deux, qu'on se soutienne.
J'ai été aux motor-home de Toro Rosso, je suis allé au garage, j'ai fait toutes les installations, pas une trace de Pierre. Je suis même allé jusqu'au raidillon, pensant qu'il s'y était réfugié, mais non. Je suis allé voir, Nathalie, Pascale, Jean-Jacques, même Louis, mais personne ne savait où il était. J'ai fini par appelé ma mère, complétement perdu en lui disant que Pierre avait disparu, je pense même que j'ai pleuré.
Et puis j'ai fini par avoir de ses nouvelles, le lundi matin, après une nuit blanche à chercher, c'est ton père qui avait appelé la mère de Pierre, pour lui dire qu'il était à tes côtés à l'hôpital. Il avait passé la nuit à tes côtés en soins intensifs. Ton père l'avait trouvé au petit matin endormi te tenant la main. Selon les infirmiers, il était arrivé en début de soirée, et avait passé la nuit entière à te parler avant de s'endormir une heure avant l'arrivée de ton père.
Quand on s'est retrouvé à Monza, il m'a parlé de toi. Je pense qu'il en a parlé pendant des heures, il m'a expliqué que quelques tours avant la fin du Grand Prix, il avait ressenti le besoin d'être auprès de toi, alors il a tenu jusqu'à la fin de la course. Dès qu'il est sorti du garage, il a fait son débrief rapidement avec l'équipe, pour ne pas les laisser sur le carreau, il s'est changé, et il est rentré à Paris pour te retrouver. »
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Free Practice 3 - Pierre Gasly 🤍
FanfictionLa saison 2020 de F1 est terminée, l'année se termine en beauté. Il est désormais temps pour Élie et Pierre de vivre de nouvelles aventures. Après le magnifique dernier Grand Prix de la saison, Pierre peut il rebondir et prouver qu'il a sa place da...