Chapitre 4 - Ouverture de la saison

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Je suis installée dans le canapé prête à regarder le premier Grand Prix de la saison, il devrait démarrer d'ici une petite demi-heure. Je suis allée déjeuner chez Giulia ce midi et elle m'a vraiment aidé à me calmer. J'étais très stressée ce matin, à vrai dire, je suis stressée depuis vendredi.

Quand j'étais sur les circuits avec Pierre, je savais que quoi qu'il arrive, je pouvais être avec lui rapidement, mais le fait d'être à des milliers de kilomètres et toute seule m'inquiétait encore plus.

Même si je sais que m'inquiéter autant n'est pas bon pour le bébé, je ne peux pas m'en empêcher. J'aimerais tellement pouvoir parler à Pierre là tout de suite mais je sais que ce n'est pas possible, alors je prends mon téléphone et compose le numéro de la seule personne qui pourrait me rassurer à cet instant.

« Élie ? Salut ma belle, comment tu vas ? Prête pour ce premier Grand Prix ?

- Pascale...

- Élie ? Qu'est-ce qu'il se passe ma puce ? Pourquoi est-ce que tu pleures ? Un problème avec le bébé ?

- Non, le bébé va bien, c'est... C'est moi.

- Oh ma puce... Tu t'inquiètes pour Pierre, c'est ça ?

- Je... Oui. Je n'arrive pas à passer au-dessus, je n'arrête pas de me dire que s'il lui arrive quelque chose, je ne serai pas là à ses côtés...

- Ma puce, calme-toi. Je te comprends tout à fait d'accord, je ressens ce stress à chaque fois qu'il monte dans une monoplace. Je sais à quel point c'est difficile d'être loin de celui qu'on aime, surtout que dans ta situation, tu te fais encore plus de soucis pour le bébé, mais je sais que Pierre va faire attention, il ne prendra pas de risques inconsidérés. Il sait qu'il doit rentrer pour s'occuper de vous deux.

- Je sais, j'ai juste tellement peur d'un accident.

- Élie, tu sais très bien qu'un accident peut arriver n'importe où. Tu l'as vécu toi-même, alors oui il y a plus de risques quand on roule à 300km/h, mais cela ne veut pas dire que ça va arriver. Il y a 98 % de chance que tout se passe bien, tu ne dois pas penser aux 2 % restants.

- Je sais, mais c'est tellement dur. J'ai déjà perdu mon meilleur ami, je ne veux pas perdre l'amour de ma vie, je ne veux pas que notre bébé grandisse sans son papa.

- Il ne faut pas que tu laisses la peur te gouverner Élie. Sinon, tu ne vivras plus. Tu dois apprécier chaque instant que la vie vous apporte. Tu dois voir chaque voyage comme une opportunité, chaque course comme une potentielle victoire, tu ne dois penser qu'au positif, ce n'est pas simple, mais c'est ce qui nous permet de vivre, parce que sinon ce n'est que de la survie. Si tu vois chaque course comme un accident potentiel, tu vas te faire du mal, et tu ne voudras plus qu'il parte, et je sais que Pierre serait capable de tout arrêter pour toi et pour votre bébé, si votre santé en dépendait. Mais est-ce que tu veux qu'il arrête ?

- NON ! Non, je ne veux pas, je veux qu'il réalise son rêve, qu'il devienne champion et qu'il prouve au monde entier, que Red Bull a eu tort de le virer.

- Alors bats-toi avec lui, soutiens-le, et n'aie plus peur. Tous les pilotes de sports mécaniques, ont eu des accidents, mais combien s'en sont toujours sorti indemne ? Combien remonte en voiture ou à moto, après des accidents ? Tu ne peux pas leur enlever leur passion, ils ont tous des familles qui sont inquiètes à la maison, mais tant qu'ils aimeront ce qu'ils font, on ne pourra que les soutenir. Je sais à quel point le décès d'Anthoine a pu être traumatisant, tu sais, j'ai été là pour Pierre pendant toute l'année où tu as été dans le coma, tu n'imagines pas le nombre de soirs où je l'ai retrouvé prêt à tout abandonner pour vous rejoindre, mais il a tenu le coup avec l'espoir de te voir t'en sortir. Et regardez vous aujourd'hui, plus heureux que jamais, avec un petit bébé en route.

- Je... Je ne savais pas, Pierre n'a jamais vraiment parlé de cette année-là.

- Je m'en doute, il ne veut pas vraiment que ça se sache. Il ne veut pas te voir triste, mais oui, il a vraiment été mal, entre la rétrogradation chez Toro Rosso, le décès d'Anthoine, ton accident et ton coma, il avait perdu le goût de vivre, parfois, je me demande comment il a réussi à tenir, à se battre dans sa monoplace. Mais le jour où il a appris pour ton réveil, ce jour-là, après un an, j'ai retrouvé mon garçon, j'ai revu la vie dans ses yeux, le sourire sur son visage. Et ça, je ne le dois qu'à la force que tu as eue de te battre pendant ce coma, pour nous revenir.

- Je me sens mal, d'être aussi inquiète alors que lui a traversé bien pire que moi.

- Ne le sois pas, c'est tout à fait normal d'être inquiet et tu en as le droit, tu ne dois simplement pas la laisser t'absorber. Tu pourrais, je ne sais pas, parler avec le bébé, lui raconter tous vos bons moments avec Pierre, lui parler de moteurs, ou de Formule Un. Comme je le faisais moi avec Pierre, quand je ne me sentais pas bien, je lui parlais, je lui racontais tous, et ça me faisait passer mes moments tristes.

- Je... Je vais le faire... Ça me fera probablement du bien de lui parler. Merci Pascale, je me sens un peu mieux grâce à toi.

- Je serais toujours là pour toi ma puce, dès que tu as besoin, tu n'hésites pas à appeler, et puis on va bien s'occuper quand tu seras à la maison, le temps passera un peu plus vite. Je sais que c'est dur pour toi de ne plus avoir Isabella à tes côtés, surtout avec la grossesse, je sais que tu aimerais avoir des conseils et une présence maternelle, mais tu peux compter sur moi, je ne remplacerai jamais ta maman, mais si je peux t'aider en quoi que ce soit, tu sais que je ne suis jamais loin.

- Tu sais que je te considère comme ma deuxième maman, tu as été là pour moi depuis que j'ai rencontré Pierre, et je ne pourrais jamais te remercier assez.

- Il y a quelques temps, je t'aurais dit que tu n'avais qu'a m'offrir une petite-fille ou un petit-fils, mais regarde toi, tu m'offres déjà le plus beau des cadeaux. Alors sois heureuse, c'est tout ce que je désire, vivez votre plus belle vie avec Pierre, et je serais comblée.

- Merci Pascale.

- De rien ma puce. »

Après avoir discuté encore quelques minutes, nous avions raccroché puisqu'il était l'heure de la course.

J'avais remonté le son de la télé et posé mes mains sur mon ventre.

« Bébé ? Je sais que tu ne peux pas voir la télévision, mais si tu le pouvais, tu verrais papa. Il n'est pas avec nous, aujourd'hui, mais c'est parce qu'il exerce sa passion, il conduit des voitures qui vont très, très vite. Et je suis sûre qu'un jour, tu voudras faire pareil. Surtout, ne le dis pas à papa, mais j'espère moi aussi que tu es une petite mécanicienne, ou plutôt une future pilote championne du monde de Formule Un. Si jamais c'est ce que tu souhaites, alors nous serons tous les deux les premiers à t'encourager. Et si les voitures ne t'intéressent pas, alors peu importe, on sera toujours très fiers de toi, mon petit amour. »

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Petit sondage : j'ai envie d'écrire après la fin de Free Practice, un version du point de vue de Pierre, de Spa 2019 au moment où Élie retrouve la mémoire. Et j'aimerais beaucoup savoir si ça vous intéresserait ou pas du tout ? Dites le moi en commentaire ! ➡️ 🤍

Free Practice 3 - Pierre Gasly 🤍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant