Chapitre 3

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J'ai juste pleuré toutes les larmes de mon corps. J'ai pleuré parce que je me retrouvais enfermée je ne sais où. J'ai pleuré car mon père me détestait. J'ai pleuré car tante Marise me manquait désespérément. J'ai même pleuré en appelant ma mère. Et j'ai surtout pleuré car je me disais que j'allais la rejoindre.
Je n'étais malheureusement pas seule dans ce cachot. Des rats y vivaient. Il me terrifiait au départ m'empêchant de fermer l'oeil même si je finis tout de même par m'endormir. Je ne sais pas combien Je suis restée dans cette cellule, une semaine peut-être deux. J'ai vite perdu la notion du temps après m'être endormie la première fois puis lorsque je me suis retrouvée dans le noir complet. La seule chose que je pouvais alors ressentir à par le froid et l'humidité était l'aura des rats. J'hurlais de peur à chaque fois que je ressentais que l'un d'eux s'approchait de trop près de moi. Mais j'ai ensuite arrêté de les craindre, ils sont devenus pour moi comme des étoiles dans un ciel totalement noir. Et puis finalement leur aura à commencer à me tenter. Je pense avoir tenu cinq jours complètement à cours d'eau et de nourriture avant de craquer. J'étais dans un état second, allongée sur la couchette en bois j'ai juste dévoré la première aura me passant sous le nez. À ce moment-là je n'ai ressenti aucune culpabilité, c'était eux ou moi et puis ce n'était que des rats.
Vers la fin de ma détention même les rats finirent par me fuir. Ils n'approchaient même plus de ma cellule. J'imaginais qu'elle devait être entourée de carcasses. Je passais mes journées couchée sans aucune force. J'ai eu ma lueur d'espoir lorsque j'ai perçu une aura plus forte que les autres. À peine cette aura s'est-elle approchée de ma cellule que j'en ai dévoré tout ce que je pouvais. C'est lorsqu'il est tombé au sol que je me suis rendu compte qu'il s'agissait d'un homme probablement sous les ordres de mon père. Son aura était à peine perceptible mais elle était là. Il avait une torche avec lui qui est restée allumée. Il était sûrement venu pour me libérer, non plutôt pour récupérer mon corps sans vie. C'était ma chance de me sauver, il devait avoir les clés.  Je me précipitai vers les barreaux, me baissant et tendit les bras. Il était tombé trop loin, beaucoup trop loin. J'étais vraiment stupide si seulement j'avais attendu qu'il ouvre avant de lui voler son aura j'aurai été libre.
Je n'ai pas abandonné et ai continué à essayer de prendre les clés. Là encore j'ai complètement perdu la notion du temps. J'étais si concentrée que je ne me suis même pas rendu compte de l'arrivée de Bristen et Cryest. Ce n'est que lorsqu'ils se sont précipités vers l'homme à terre que je me suis rendu compte de leur présence. Je me suis rapidement redressée les mains serrées contre ma poitrine, immobile. Bristen s'est accroupi pour évaluer l'état de l'homme mais Cryest s'est élancé vers moi pour me saisir à travers les barreaux. Je me suis reculé pour l'éviter et je suis tombée. Mes jambes arrivaient à peine à supporter mon poids.
-Toi, me menaça-t-il en pointant son index droit vers moi.
-C'est bon, il est juste évanoui.
Bristen se redressant et me regarda longuement, comme s'il cherchait à me sonder, avant de s'avancer lentement vers moi. "C'est toi qui lui a fait ça" demanda-t-il d'une voix calme. Je secouai la tête en espérant que cela n'apportera un sursis. Il soupira avant de me libérer. Cryest m'attrapa violement le bras et me forçat à le suivre. Bristen souleva l'homme au sol comme s'il était un sac de plume.
Lorsque je retrouvai enfin l'air extérieur, je fus éblouie par la lumière du soleil. J'eus à peine le temps de placer mon bras au-dessus de mes yeux que Cryest me poussait dans le dos pour me forcer à avancer. Bristen prit une autre direction, j'aurais voulu le suivre mais j'en étais incapable. Je fus mené dans la cours arrière. Je reconnus immédiatement mon père bien qu'il soit de dos. Il discutait avec mon frère et une autre fille métisse qui était un peu plus grande qu'Aleksander. Mon père se retourna quand je fus à une dizaine de mètres de lui. Il avait un regard indescriptible, un mélange de colère et de surprise.
-Cette chose est encore en vie, lâcha-t-il avec dégoût.
-Il n'y a pas que ça, dit Cryest. Quand on est parti voir ce qui lui prenait autant de temps on a trouvé Luc inconscient.
-À cause de...
-Je pense bien, répondit Bristen qui était revenu.
Mon père fronça les sourcils et dirigea son regard vers moi. Je détournai le regard vers Aleksander pour chercher du réconfort mais lui aussi évita mon regard. J'avais l'impression qu'il était en colère contre moi. L'aura d'Aleksander m'attirait, je la trouvais apaisante.
-Ce n'est pas normal, reprit mon père, même un windenlinden de cet âge serait mort alors un hybride... à moins  qu'elle n'ait l'Urudyan.
Bristen et Cryest eurent un mouvement de recul.
-Quand es-tu née?
-Le... le dix octobre, bredouillais-je.
-Et tu as sept ans... C'était le jour de l'éclipse de lune. A quelle heure es-tu née?
-...
-Répond, me cria-t-il.
-La...la... la nuit.
Je ne savais pas à quelle heure j'étais née, je ne m'en étais même jamais soucié.
-Dans ce cas-là il faudrait la tuer, dit doucement Bristen.
Je frissonnai en entendant ces paroles. Je n'avais aucune envie de mourir et encore moins de la main de Bristen que je pensais être l'une des seule personne en qui je pouvais avoir confiance au sein de ce château.
-Pourquoi la tuer, dit mon père avec une certaine lenteur.
-Elle a du sang windenlinden, répondit Cryest, on court droit à la catastrophe si elle est la porteuse.
-On va avoir notre réponse tout de suite.
Mon père s'avança vers moi. J'étais totalement pétrifiée. Lorsqu'il étendit le bras pour me saisir je trouvai tout de même la force de reculer d'un pas. "Si je dois faire l'effort de te chercher tu risques bien de perdre la vie" dit-il froidement. Il avança une fois de plus mais cette fois-ci je n'évitai pas sa main qui saisit ma robe au niveau de ma poitrine. Il me souleva d'une vingtaine de centimètres au-dessus du sol. Il plongea ensuite ses yeux dont les iris étaient maintenant rouges dans les miens. Il commença ensuite à prendre mon aura. C'était la première fois que je subissais cela. Il était vraiment brutal, j'avais l'impression qu'il essayait d'arracher mon coeur. Je me sentais entièrement aspirée vers son être. J'haletais cherchant mon souffle en vain. Évidemment je résistai, c'était mon instinct, je ne voulais pas mourir. Plus il tirait sur mon aura, plus je résistais et tirais moi aussi de mon côté. Je finis par tirer tellement fort que je lui pris son aura. Il me jeta alors brutalement au sol. Son aura était aussi puissante que je le pensais, elle était comme lui : oppressante. "Ne refais plus jamais ça" vociféra-t-il. Il me ressaisit de nouveau, cette fois-ci j'essayai de me laisser faire bien que je résistais malgré moi. Il me laissa tomber lorsqu'il eut pris ce qu'il désirait.
-Elle n'a pas l'Urudyan, dit-il avec une pointe de déception dans la voix.
Je ne savais pas ce qu'était l'Urudyan mais j'étais heureuse de ne pas l'avoir. Moins il avait d'intérêt pour ou et mieux je me portais et puis de cette manière Bristen ne voudrait plus me tuer.
"Apportez-moi des ciseaux" ordonna-t-il. Lorsqu'il eut reçu ce qu'il voulait,  il me prit par les cheveux et coupa ma queue de cheval. "Bien que tu ne sois qu'un hybride je conçois que tu aies du potentiel. Mais je n'ai pas besoin d'une fille"
C'est à cet instant que je compris qui était vraiment cet homme. Frederik n'est pas mon père, au mieux il est juste mon géniteur. Mais pour moi il est juste la personne que je hais le plus au monde. Celui qui a détruit ma vie mais également celui qui a fait de moi celui que je suis.

Avant l'AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant