Chapitre 47

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Je ferme les yeux, laissant le vent chaud caresser mon visage. Je suis assis sur une chaise la tête appuyée contre mon avant-bras gauche qui repose mollement sur le cadre de la fenêtre, mes mains pendent dans le vide. Je m'ennuie, je m'ennuie royalement et comme d'habitude Lloyd Wexen en est le responsable. On peut dire que ce petit despote fait la pluie et le beau temps au château, et pour moi c'est la tempête depuis que je l'ai rencontré, une tempête qui me force à rester sur une île déserte. Je souris en repensant qu'il m'a tout de même écouté lorsque je lui ai demandé de ne pas fuir. Il a dormi presque tous les soirs dans sa chambre, même celui de notre altercation. Je me doute qu'il a certainement fait cela par pur défi, pour ne pas perdre la face parce qu'hier il a dormi avec Ray juste parce que je suis sorti de ma chambre au moment précis où il voulait rejoindre la sienne. Je ne l'avais même pas fait exprès, mais c'était très amusant de le voir déguerpir comme un petit animal apeuré. Oui décidément, ce windenlinden fait la pluie et le beau temps, je ne devrais pas être aussi heureux de le voir. Aujourd'hui il n'y a pratiquement personne dans ce château, juste moi et quelques humains qui s'affairent pour l'entretien de l'immense jardin. Je soupire en pensant aux windenlindens qui sont partis en balade à cheval. Je n'aime pas les animaux donc les chevaux ne m'attirent nullement mais j'aurais moi aussi aimé me promener plutôt que de rester enfermer ici. Je peux bien évidemment sortir tout seul mais ce n'est pas pareil. « Entre » dis-je à l'humain qui vient de frapper à la porte sans changer de position. « Mademoiselle Andreas, s'interloque-t-il en me voyant, vous allez bien ? » A Lyrendia, jamais je ne me serai montrer aussi pathétique mais ici je m'en fiche. Andreas a le droit de montrer ce qu'elle ressent.

-Oui très bien. Qu'est-ce qui t'amène ?

Je tourne mes yeux couleur feu vers l'humain d'une trentaine d'année.

-Vous avez reçu du courrier.

-Ce n'est vraiment plus Ray qui s'en occupe maintenant ?

-Hum Ray n'était pas là alors...

Il a l'air vraiment dépité pour ça, ce qui me fait rire. Je me décide enfin à me redresser. « Je vais bien, vraiment, je profitais juste du soleil. Alors comme ça tu m'apporte une lettre. » Cette lettre m'intrigue le délai était bien trop court par rapport à la précédente lettre que j'ai envoyée pour que Rachern m'ait déjà répondu. L'humain s'approche de moi pour me tendre l'enveloppe.

-Il faut que j'y aille, m'annonce-t-il.

-Merci c'est gentil à toi d'avoir pris la peine de m'apporter mon courrier.

Lorsqu'il quitte la pièce, je retourne l'enveloppe et mon sang se glace d'effroi. Je parvins de justesse à retenir mon Énergie. Cette lettre est de Frederik. Non ! Non je ne veux pas ! Je ne veux pas tuer maître Richard ! Je ne veux pas avoir à le tuer, je ne veux pas détruire le bonheur qui règne ici. Je sais que c'est l'unique raison pour laquelle je me trouve là, mais je ne veux pas. Je ne veux plus ! Je voudrais brûler cette lettre et faire comme si elle n'était jamais arrivée à destination, comme si elle n'avait jamais été écrite mais je l'ouvre tout de même en essayant de calmer les tremblements incessants de mes doigts.


Le 20 juin

Très chère Andreas

Comment te portes-tu ? Comment va maître Richard ?

La vie à Lyrendia n'a pas tout à fait la même saveur sans toi. J'aimerai que tu reviennes ici, mais nous savons tous les deux que cela n'est pas possible, c'est pour cette raison que je compte bien venir te rendre visite. Malheureusement j'ai de nombreuses affaires à régler encore et je ne pense pas trouver le temps de passer avant encore quelques mois.

Avant l'AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant