Chapitre 22

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Je veux tenter d'utiliser mon Énergie. Cela fait plus d'un mois que je ne l'ai pas fait et j'ai peur d'oublier peu à peu tous mes acquis. Je veux pour l'instant créer un simple bouclier d'Énergie qui m'isolerait du monde extérieur mais j'ai deux difficultés devant moi. La première est que mon Énergie soit perçu par tous les windenlindens présents au moment où je le créerai. Je devrais donc m'arranger pour maintenir constante mon Énergie ce que je n'ai encore jamais fait. Quand j'étais avec Frederik, je ne masquais jamais mon Énergie, devoir le faire vingt-quatre heures sur vingt-quatre me demande déjà beaucoup de concentration et j'ai peur de laisser échapper une Énergie bien trop forte pour Andreas. L'autre difficulté est que lorsque je crée un bouclier d'Énergie je me retrouve totalement couper de l'extérieur, ce qui est mon objectif mais est également dangereux car je n'arrive plus à percevoir les Énergie m'entourant. Pour essayer de répondre à la première difficulté, je me suis juste affamé, mais je n'ai toujours pas trouvé de réponse à mon second problème. Il faut pourtant que j'agisse maintenant que Gildas n'est pas là. Cela fait déjà une semaine qu'il a quitté le château, je garde toujours un petit espoir qu'il meurt sans mon aide. Gildas se méfie fortement de moi depuis que je lui ai arraché le peu de cheveux qu'il lui restait sur la tête. Je ne peux donc pas prendre trop de risque en sa présence. Je pourrais le tuer facilement mais Frederik veut que ça soit discret, en plus il y a bien trop de windenlindens pour que je m'en sorte indemne si j'attaque de front. Pour être discret il faut que ma manipulation de l'Énergie soit parfaite et pour cela il me faut de l'entraînement.

Je m'assois en tailleur au pied de mon lit, ferme les yeux et inspire profondément. Je repère les différentes Énergies présentes comme je le fais avant chaque entraînement. Il y a une Énergie qui m'est familière mais je ne me souviens plus à quel moment je l'ai rencontré. J'essaie de retenir le plus possible mon Énergie à l'intérieur de moi et une fois que je me sens suffisamment certain de ma retenu je crée un bouclier. Je le fais si fin que je le sens aussitôt s'effriter. J'en recrée un autre plus épais et sens avec bonheur mon Énergie me baigner. Dans ce bouclier je suis en sécurité, je le sais, personne ne pourra me faire de mal. J'y reste longtemps, bien trop longtemps mais je n'ai aucune envie de le quitter. Lorsque je le brise enfin, je me rends compte que l'Énergie familière, celle d'un windenlinden est toute proche, juste derrière la porte, avec une humaine probablement. Je me lève précipitamment et pars me coucher, espérant qu'il n'ait pas sentit mon Énergie. J'entends taper à la porte. « Madame Andreas, pouvons-nous rentrez » demande une voix masculine. Cette question me surprend, je n'ai pas été appelé par ce prénom depuis un bon moment et je n'ai pas non plus l'habitude qu'on demande ma permission pour rentrer dans ma chambre. Il me faut un bref instant pour répondre. La clé fait du bruit dans la serrure avant que la porte ne s'ouvre. Je reste emmitoufler dans mes couvertures, cachant mon visage, je n'ai plus pris d'Énergie depuis la dernière visite de mon mari, il y a deux semaines, je ne dois plus ressembler à une windenlinden. « Vous allez bien, madame Andreas ? » s'écrit le windenlinden en se précipitant vers moi. Je le stoppe d'un geste de la main, tout en gardant mon visage masqué. « N'approchez pas ! Je ne veux pas que l'on me voit ainsi. » Je dis tout cela en essayant d'imiter le ton hautain de Fredrik, mais j'ai honte car je sais que ce n'est qu'une pâle imitation. Je fais un autre signe de la main pour que l'humaine approche. Cette dernière s'accroupit au pied de mon lit découvrant une masse de cheveux bruns. Je ne m'attarde pas sur son visage et lui prends son Énergie en me cachant du windenlinden dont je sens le regard acéré. Je m'arrête juste avant que l'humaine ne s'évanouisse et desserre ma prise. Le windenlinden aide l'humaine à se relever et la conduit hors de la chambre. Je me découvre finalement la tête une fois m'être assuré de leur départ. La porte de la chambre est grande ouverte. Je reste un instant interloqué, ne sachant pas de quelle manière réagir. Je pourrais m'enfuir si facilement. Enfin je peux le faire quand je veux mais là c'est presqu'une provocation ! Je n'ai aucun intérêt à partir puisque je dois tuer Gildas mais Andreas, elle, le voudrait ou pas ? Je me décide finalement à me lever du lit et part pieds nus jusqu'à la porte. Le windenlinden est déjà de retour mais je pose tout-de-même un pied hors de la pièce. Il court vers moi, me prenant presque dans ces bras pour m'entraîner à l'intérieur. J'essaie de me laisser faire sans trop bouger. « Vous ne pouvez pas faire ça » me sermonne-t-il en fermant la porte. Il finit par se tourner vers moi ce qui me permet de l'observer. Je le reconnais immédiatement, c'est le windenlinden que j'ai vu lors de ma première nuit ici. Il porte toujours son uniforme bleu nuit, dont la chemise blanche légèrement déboutonnée laisse entrevoir son torse musclé et sa fine épée à la ceinture. Il est un peu plus grand que Rachern avec des cheveux noirs mi-long, son nez est plutôt fin et grand. Sans faire exprès je croise ses petits yeux marrons, il rougit presqu'instantanément. Je baisse la tête, je ne sais pas vraiment comment je dois réagir, je préfère faire comme si je ne le connais pas et le regarde de nouveau.

Avant l'AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant