Chapitre 24

16 3 0
                                    

Je me déshabille et m'allonge tranquillement dans la baignoire pleine d'eau chaude. Gildas mon cher mari se trouve dans la pièce juste à côté. Je ne sais toujours pas à quoi sert cette pièce. Comme un pied de nez je m'entoure de mon bouclier d'Énergie, il ne se rend compte d'absolument rien. Après deux mois et treize jours de mariage celui-ci n'est toujours pas consommé et plus le temps passe plus je me dis que je le tuerai s'il tente quoi que ce soit si Frederik ne m'ordonne pas de le tuer avant. Je m'étonne d'ailleurs que ce ne soit déjà pas le cas, la patience n'a jamais fait partie des qualités de Frederik. Aleksander me manque de plus en plus. Lorsque je ne m'entraîne pas je pense à lui alors je passe le plus clair de mon temps à m'entraîner. Je veux tellement le revoir. Rachern me manque aussi énormément mais ce n'est pas pareil. Si je retourne à Lyrendia je sais que j'aurai toujours l'occasion de le revoir. J'en ai marre de cette vie où la liberté est à portée de main mais où je dois m'efforcer de rester enfermée.

Au bout de vingt minutes je me décide finalement à sortir de la baignoire et brise mon bouclier. J'enfile une robe de chambre en soie bleu. Je la déteste comme toutes les autres. Elle glisse tellement sur ma peau que lorsque je me couche j'ai l'impression que je vais tomber du lit mais c'est l'une des plus couvrante que je possède alors je la mets. Gildas sort de la pièce après y avoir passé plus d'une heure tandis que je peigne mes cheveux mouillés, repoussant ma frange sur le côté. Contrairement à ses habitudes il vient vers ma chambre. Je m'assois sur le lit de sorte à faire dos à la porte, feignant toujours de me coiffer. Lorsqu'il ouvre la porte de je me tourne vers lui en essayant d'avoir l'air le plus surpris possible.

-Maître Gildas, vous venez me voir !

-Oui malheureusement, répond-il sans même me regarder. J'ai des amis qui s'inquiètent pour toi... puisqu'ils ne t'ont plus vu depuis notre mariage.

-Mais... ce sont vos amis, non ? Pourquoi s'inquiète-t-il pour moi ?

-Alors toi il te manque une case, dit-il en me regardant incrédule. Tu devrais plutôt te soucier de la raison pour laquelle ils s'inquiètent. Voyons voir...

Il ouvre en grand mon placard et fouille dans mes affaires avant de jeter sur mon lit une longue robe bustier d'un violet si sombre qu'il paraît noir. « Enfile-moi ça, m'ordonne-t-il. » Je prends la robe et veux aller dans la salle de bain mais il me retient par le bras « Tu te changes ici ! Je suis ton mari, j'ai le droit de regarder déjà qu'on ne fait rien ! » Je me dégage et me déshabille sous son regard, je suppose qu'il essaie de m'humilier, j'ai moi-même du mal à savoir si c'est réussi ou non. Lorsqu'on me donne un ordre j'obéis même si cela ne me plait pas, c'est de cette manière qu'on m'a élevé. Je dois avoir grossi, j'éprouve des difficultés à fermer le bustier richement orné de pierres semi-précieuses. « Pff ! Alors vraiment rien ne m'attire chez toi que ça soit ton caractère ou ton physique. Maquille-toi un peu ! » Il me laisse cette fois-ci aller dans la salle de bain, je ne suis pas très doué pour le maquillage. Je me mets juste du rouge à lèvre, du mascara et un peu de rouge sur les joues. Je réalise également un chignon. Lorsque je reviens, Gildas a posé près de lui, juste à côté du lit une paire de chaussures noires vernis avec un talon carré de quatre centimètres. Je sens d'avance que la soirée va être longue, je n'ai vraiment pas l'habitude des talons. Je m'assois près de lui et me penche pour mettre les chaussures. Il sent le cigare et l'alcool, je sais maintenant ce qu'il fait dans cette pièce. Frederik aussi a son petit salon où il adore s'enfermer seul ou en compagnie d'autres windenlindens pour comploter, jouer au billard et fumer le cigare. Je sais également maintenant de quelle manière je vais le tuer. Vu son âge avancé et la forte odeur de cigare qu'il dégage cela n'étonnera personne s'il a un jour ou l'autre une crise cardiaque.

« Bon on y va » annonce-t-il en se levant brusquement du lit, je le suis, c'est la première fois depuis mon arrivée que je vais pouvoir sortir. J'essaie de masquer mon impatience. Olivier attend en bas de l'escalier, avec deux autres windenlindens. Ils ne sont pas en uniforme mais en costume noir. Olivier a ses cheveux noirs plaqués à l'arrière. Je l'ignore tout simplement, ne lâchant pas Gildas des yeux. Je me retrouve dans une limousine noire, seul avec Gildas et le chauffeur. Les trois autres windenlindens nous accompagnent à moto. Tandis que le chauffeur gare la voiture, Gildas me demande si je peux sourire, ne sachant quoi faire je lui montre simplement mes dents. Il me regarde d'un air dépité avant d'ouvrir la porte pour sortir de la voiture « Dès que je t'ai vu j'ai su qu'il y avait un truc qui clochait chez toi. Ne sourit pas, ça vaut mieux. Et tâche de ne pas me faire honte ! » Ce n'est absolument pas mon but mais je ne suis pas certain de la manière dont je dois me comporter. Dois-je marcher à ses côtés ou rester légèrement en retrait. Je jette un coup d'œil derrière moi et croise les yeux d'Olivier. Je détourne rapidement le regard et attrape le bras droit de Gildas. Celui-ci me lance un regard agacé ce qui me fait le lâcher. Cette maison ressemble à un palace, il y a des lustres au plafond, une douce musique nous accompagne et des serveurs passent avec des boissons et des entremets très tentants. Un windenlinden s'approche de nous, il a l'air aussi vieux que Gildas, il salue ce dernier avant de me faire un baisemain.

Avant l'AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant