Avant l'Aube

Chapitre 46

Je serre de la main gauche un pan de ma robe à fleurs. Je suis stressé, c'est un sentiment que je n'ai pas l'habitude de ressentir lorsque je suis loin de Frederik, mais je n'ai aucun autre mot pour décrire ce que je ressens en ce moment. C'est la première fois que maître Richard me convoque dans son bureau depuis mon arrivée et ce n'est certainement pas une coïncidence que cela arrive un jour après qu'un de ces windenlinden m'ait surpris en train de pourchasser son petit-fils. Je m'attends déjà à une discussion sur ma place chez les wexens. Son petit-fils me déteste et le mystérieux windenlinden d'hier a sans doute découvert la véritable raison de mon mariage. Il ne me reste probablement plus que quelques heures à passer ici. Quelque part je suis content car cela signifie que je n'aurai pas à tuer maître Richard. J'espère juste qu'ils ne vont pas se montrer trop brusque avec moi, ni essayer de me tuer. J'inspire lentement en fermant les yeux avant de frapper à la porte. « Entre », me dit maître Richard. J'ouvre la porte sans hésitation, je suis prêt à l'affrontement. Je ne vois que maître Richard dans la pièce et je ne sens aucune autre Énergie que la sienne mais je sais maintenant que cela ne signifie rien dans ce château. « Andreas, cette robe te va à ravir, m'annonce-t-il d'un ton enjoué. Assieds-toi donc. » Je regarde le fauteuil qu'il désigne en face de son bureau avec méfiance. Si je m'assois là j'aurai beaucoup moins de liberté et surtout je ferai dos à la porte, je ne pourrai pas voir un éventuel ennemi arriver et je ne peux désormais plus me fier uniquement à mon ressenti l'Énergie, j'ai besoin d'absolument tous mes sens. Je ne suis cependant en aucun droit de refuser l'invitation de mon mari. Je m'assois donc sans plus me faire prier dans le fauteuil en cuir.

-Vous allez bien, maître Frederik ?

-Oui, très bien même si j'ai été très occupé.

-Comme toujours.

-Oui j'aimerai avoir plus de temps pour m'amuser. Il parait que tu as rencontré mon cher petit-fils.

-Oui, cela fait déjà plusieurs semaines, dis-je en serrant les poings sous la table prêt à réagir au moindre signe d'agression.

-C'est dommage... j'aurai aimé vous présenter convenablement, annonce-t-il en plongeant son regard dans le mien.

-Ça n'aurai pas vraiment été nécessaire, je l'ai tout de suite reconnu et lui a très vite su qui j'étais.

-Oui mais les choses se seraient peut-être passées différemment.

-Je ne pense pas que cela aurait changé le fait qu'il me déteste.

-Il ne te déteste pas, enfin je ne pense pas.

-Ce n'est pas ce qu'il me montre.

-Lloyd n'est pas comme ça.

-C'est votre petit-fils, je comprends que son opinion compte pour vous et que je ne sois plus la bienvenue.

-Ce n'est pas ce que j'ai dit.

-Mais c'est ce que vous pensez.

-Tu es vraiment très franche aujourd'hui, remarque-t-il en souriant.

-Ne l'ai-je pas toujours été ?

-Si mais tu étais peut-être un peu plus... sur la réserve avec moi. Mais j'aime bien le fais que tu te laisses enfin aller avec moi. Le divorce peut vraiment être très compliqué avec des chefs windenlindens, tu sais.

-Je ne veux juste pas mourir.

-Tu n'as aucune raison de mourir, je veux juste te dire que tu vas être obligé de rester ma femme même si...

-Ça me convient parfaitement d'être votre femme.

-Vraiment ? Tu n'as pas tes vues sur quelqu'un d'autre ?