« Il fait vraiment trop chaud » râla Rachern tandis que nous avancions vers le lac pour nous entraîner. J'ignorais ses jérémiades constantes et continuai à avancer. Nous étions fin septembre et il était vrai qu'il faisait plutôt chaud.
-On ne peut pas s'entraîner dans de telles conditions ! On va mourir !
-Tu es le seul qui va mourir si tu continues comme ça, le menaçai-je.
Rachern me fixa un instant fronçant les sourcils de mécontentement avant de sourire.-J'ai juste envie de ne rien faire...
-Ça je l'avais remarqué. Tu n'as jamais envie de rien faire, mais dans la vie on ne peut pas toujours avoir tout ce qu'on veut. Moi je veux qu'il pleuve mais ça n'arrivera pas.
-Tu aimes vraiment la pluie, mais ça ne va pas du tout avec ton image !
-Qu'est-ce que tu racontes encore ?
-Tu es rousse alors ça collerait plus à ton apparence si tu aimais l'été et le soleil. Ça irait bien avec ton caractère flamboyant !
-Mon caractère flamboyant ?! N'importe quoi ! Tu n'as pas encore compris que je n'ai pas de caractère.
-Tu ne te connais pas aussi bien que moi je te connais... Je crois qu'on ne va vraiment pas pouvoir s'entraîner, il y a des humains.
-C'est seulement maintenant que tu t'en rends compte ? Et puis on peut aller ailleurs.
-Tu veux à ce point t'entraîner ? Tu es déjà super fort !
-Oui mais toi tu ne l'es pas, le charriai-je, et puis si je ne m'entraîne pas un minimum je vais régresser.
Depuis mon arrivée chez Cryest je n'avais pas l'impression d'avoir progressé, pire encore j'avais le sentiment d'avoir régressé. Cela faisait une éternité que je ne m'étais pas retrouvé sur un champ de bataille et je sentais que je perdais peu à peu tous mes réflexes. J'avais peur que Frederik ne veuille plus de moi lorsqu'il me reverrait. Rachern ne m'avait pas écouté, son regard était rivé vers le lac où jouaient plusieurs humains des deux sexes d'une vingtaine d'années. Ils se courraient après et s'amusaient à se pousser dans l'eau ou à s'en envoyer. Ils avaient l'air si innocent. Je voulus changer de direction lorsque Rachern m'arrêta. Il fit mine de m'attraper le bras, stoppant sa main à peine à quelques millimètres de ma peau. Je pouvais sentir la chaleur de ses doigts.
-Ils ont des vélos, me dit-il lorsque je me retournai vers lui inquisitrice.
-Et alors ?
-J'ai drôlement envie de faire du vélo, continua-t-il avec un grand sourire, et ils en ont.
-C'est du vol, m'insurgeai-je, ce n'est pas bien !
-Pourquoi faut-il que tu sois toujours à ce point à cheval sur les règles !
-C'est toi qui es...
-On va juste les leurs emprunter, on les rendra ensuite, insista-t-il.
-Et s'ils refusent.
-Mais on ne va pas leur poser la question, on va les prendre discrètement et les reposer ensuite, continua-t-il en ignorant mon regard courroucé. C'est un super entrainement en plus!
Je détournai le regard un instant de lui pour trouver des arguments pour l'empêcher de prendre les vélos. Mais lorsque je redressai la tête il ne se trouvait plus qu'à quelques mètres des jeunes humains. Je couru le rejoindre et avant même de savoir ce que je faisais, je courrais derrière lui faisant rouler un vélo noir à côté de moi. Après s'être suffisamment éloigné de nos victimes, Rachern enfourcha son nouveau vélo et se mit à pédaler à toute vitesse sans même se retourner, riant à gorge déployée. Moi je lui courais simplement après, il était heureux alors je l'étais moi aussi. Au bout de cinq minutes Rachern finit par se regarder derrière lui. Il s'arrêta brusquement quand il s'aperçut que je lui courrais après tenant difficilement mon encombrant chargement contre moi.
-Mais qu'est-ce que tu fabriques, s'insurgea-t-il.
-Ben je te suis !
-Mais pourquoi tu ne montes pas sur le vélo !
-Parce que je ne sais pas en faire !Il me regarda un instant incrédule avant d'exploser de rire.
-Décidément tu ne sais vraiment rien faire, se moqua-t-il entre deux éclats de rire.
-Tante Marise devait me l'apprendre mais je suis venu au château avant, bougonnai-je.
-Ok c'était pas très gentil de ma part de me moquer mais avoue que c'était amusant.
-Pas du tout.
-Pour me faire pardonner je vais t'apprendre à en faire.
Rachern passa ainsi deux bonnes heures à m'apprendre à faire du vélo. Il régla pour moi la hauteur de la selle, râlant sur le fait que j'avais choisi un vélo bien trop grand. Il resta courir à côté de moi pour me soutenir et m'empêcher de tomber. Lorsqu'il estima que j'étais suffisamment expérimenté il me lâcha. Il se plaignait lorsque j'utilisais mon Énergie pour me maintenir droit et se moquait lorsque je tombais. On retourna ensuite déposer les vélos à leur place. Les humains étaient toujours là, ils étaient sortis de l'eau et discutaient assis en cercle. Ils ne s'étaient sans doute même pas aperçut de notre méfait. C'était une après-midi tout simplement merveilleuse. Je pensais qu'il s'agirait d'une de mes dernière après-midi insouciante passée avec Rachern mais je me trompais.
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Avant l'Aube
RandomJe suis froide mais pas calculatrice, je pense que ce sont les mots qui me décrivent le mieux. Je vivais une vie presque ordinaire avec ma tante même si j'avais toujours su que je n'étais pas tout à fait normale. Naïvement je croyais que le jour où...