Chapitre 5

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Frederik est un windenlinden sans aucune pitié. Je l'ai su dès notre première rencontre mais l'avoir pour professeur me l'a confirmé. Je pensais que la pire chose qui me soit arrivée était de rencontrer Frederik mais il y avait bien pire : qu'il éprouve le moindre intérêt pour moi.

J'ai toujours du mal à savoir si son but était de m'endurcir ou simplement de me tuer. Ses entrainements avaient pour but de faire de moi une tueuse, ils étaient violents et drastiques. Mes journées étaient surtout faites de douleurs et de haine, rien que je ne veuille vraiment garder en mémoire. J'en garde cependant deux souvenirs que je n'oublierai jamais.

Le premier est celui de mon premier combat à l'épée avec Frederik. Il m'entrainait personnellement depuis déjà un mois lorsque cela a eu lieu. J'avais déjà combattu avec lui à main nu, je savais donc déjà qu'il ne retenait absolument pas ses coups et qu'il frappait fort, vraiment très fort. Je ne m'attendais cependant pas à ce qu'il décide de me faire combattre contre lui avec une véritable épée. Lorsqu'il me tendit l'arme, je tremblais en la tenant contre moi. L'épée était bien trop longue pour moi, elle était faite pour un bras adulte. La garde était splendide, elle était presque comme une broderie. Lorsque j'enlevai le fourreau, je fus éblouie par la beauté de la lame. "Elle est belle, non? Une beauté mortelle" me dit-il en sortant lui aussi son épée. J'avais peur mais je ne devais lui montrer aucune faiblesse. Je ne craignais pas de le blesser, je savais que je n'y arriverais jamais. J'avais plus peur que lui me blesse ou même que je me coupe avec la lame aiguisée. Je serrai fermement l'épée, bien plus lourde que les armes d'entrainement. Je plaçai mes deux mains sur le pommeau et me mis en garde. J'attaquai la première, c'était préférable, j'avais toujours de grandes difficultés à soutenir la violence des attaques de Frederik. Je fonçai sur lui et voulut le frapper par la droite, il leva son épée. Il me repoussa presque gentiment. Tout avait toujours l'air si facile lorsqu'il le faisait, comme s'il était né pour cela. "Allez, recommence et fais attention à ta garde !" Je lui obéis et tentai d'attaquer par sa gauche, trop prévisible, je fis une feinte au dernier moment. Je reculai pour reprendre mon souffle et réfléchir à une autre tactique. Frederik ne me laissa cependant pas le temps, la lame de son épée était à trois centimètres de ma gorge avant même que je m'en rende compte. Je voulu repousser son arme de la mienne mais il avait trop de force et c'est moi qui bougea. Je fis volte-face et visa sa tête. Il me repoussa comme on écarte une vulgaire mouche. Je ne réfléchissais plus et me laissais juste guider par mon instinct. J'attaquai sans relâche. "Ta garde" me prévint-il. Je m'arrêtai, repositionnai mes mains sur le pommeau et en profitai pour reprendre mon souffle. Je recommençai ensuite à attaquer en faisant plus attention à ma garde. "Ta garde hurla-t-il au bout d'une minute en enfonçant sans pitié son épée dans mon flanc droit. Combien de fois il va falloir que je te le dise pour que tu comprennes!" Lorsque la lame s'est enfoncée, je n'ai rien ressenti à part de la surprise. Je ne pensais pas qu'une épée pouvait s'enfoncer aussi facilement dans un corps. Ce n'est qu'au moment où il ressortit la lame que je ressentis la douleur, une douleur si intense. Cette douleur était accentuée par la vision de mon sang se rependant en flot continu sur le sol. Je tombai d'abord à genoux, je plaquai mes mains contre la blessure en vain pour qu'elle arrête de saigner. Mes larmes voulurent se mettre à couler, je les refoulai, je ne voulais pas pleurer devant lui, surtout pas lui. Quand Frederik partit je m'effondrai complètement et cria enfin de douleur mais je ne pleurai pas. Un médecin arriva cinq minutes plus tard. Le lendemain, l'entrainement recommença.


La deuxième séance d'entraînement la plus marquante s'est déroulée quelques mois plus tard. Elle avait plutôt bien commencé puisqu'Aleksander y participait. Comme à son habitude il évitait mon regard. Frederik avait décidé que l'entraînement se déroulerait tout en haut d'une des tours du château. Je suivais sans trop réfléchir, de toute manière je n'avais pas le choix. On monta de nombreuses marches pour arriver en haut de la tour est. À cette hauteur le vent soufflait assez fort et il faisait plutôt frais. Frederik nous amena vers le bord, Je commençais à avoir un très mauvais pressentiment.

Avant l'AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant