Je ferme les yeux et me laisse glisser lentement dans la baignoire jusqu'à ce que l'eau recouvre complètement mon visage. Je n'entends plus rien à part les clapotis de l'eau contre mes oreilles. Immobile ainsi je me sens totalement apaisé et serein. A bout de souffle je me décide enfin à me relever. C'est surement la dernière fois que je vais pouvoir utiliser cette magnifique salle de bain, alors égoïstement je veux en profiter mais il faut que j'agisse maintenant. Gildas est seul et si près de moi, manquer cette chance serait vraiment stupide. Je sors de la baignoire, de toute manière l'eau commençait à être froide. Je m'essuie soigneusement et revêtit mon peignoir bleu. J'attache ensuite mes cheveux roux dans un chignon serré. Je me dirige ensuite vers ma chambre pour porter un bonnet en laine sombre en veillant à ce qu'aucune mèche de mes cheveux roux ne dépasse. J'enfile également les longs gants blancs que j'avais revêtis lors de ma cérémonie de mariage. Cela fait deux jours que Gildas est revenu et le château est extrêmement calme dans cette paisible après-midi. Aucune trace de l'Énergie des humaines que j'avais côtoyées et celle d'Olivier semble plutôt lointaine. L'Énergie de Gildas est faible comme toujours, j'ai donc bon espoir que les windenlindens présents mettent du temps à s'apercevoir de sa disparition.
J'ouvre la fenêtre, explore les Énergies alentours pour m'assurer qu'il n'y ait personne. Je regarde tout de même autour de moi et au sol pour m'assurer que je n'ai fait aucune erreur. La voie est libre. Je monte sur le rebord de la fenêtre avant de passer de l'autre côté. Je rabats la fenêtre derrière moi. Je me plaque contre le mur et frissonne légèrement en sentant la morsure du vent glacial. Une mince bordure me permet d'avancer lentement jusqu'à la fenêtre du petit salon de Gildas. Ce salon est comme je me l'imaginais, sombre, remplis de livres et surtout enfumé. Je vois le crâne chauve de Gildas dépassé d'un fauteuil en cuir. Il est complètement affalé dans le confortable fauteuil, un cigare à la main à écouter de la musique classique venant d'un curieux objet ressemblant à la corolle d'une immense fleur rouge relié à un petit plateau sur lequel tourne un disque. J'observe l'objet avec beaucoup de curiosité, je n'avais jamais rien vu de tel avant. J'attends que la chanson se termine avant de frapper à la vitre. Gildas sursaute dans son fauteuil avant de se retourner et de me regarder bouche-bé. Il fronce les sourcils avant de se rapprocher de la fenêtre. Il s'arrête devant moi et croise les bras devant sa poitrine, un sourire de supériorité aux lèvres. Il me regarde ainsi de longues secondes avant de se décider à ouvrir la fenêtre :
-Voyons voir, susurre-t-il, tu voulais t'enfuir par la fenêtre mais tu as eu peur et maintenant tu te retrouves dans cette situation ridicule !
-Ne t'inquiète pas je vais m'en sortir.
-C'est quoi cette assurance ? Tu devrais te rendre compte que ta vie tient entre mes mains.
Joignant le geste à la parole, il place sa main droite sur ma poitrine, me menaçant de me pousser dans le vide. Je lui saisis alors ferment l'avant-bras. Interloqué par mon geste, il veut reculer de quelques pas mais je l'en empêche. Je me rapproche doucement de lui et lui murmure à l'oreille : « C'est ta vie qui est entre mes mains. » Je le pousse violemment, avant qu'il ne tombe je me précipite vers son fauteuil et le déplace à toute vitesse vers lui pour qu'il puisse l'accueillir. Il y tombe sans un mot, bien trop surpris pour pouvoir parler. Je retourne mon attention vers l'objet émettant de la musique et touche la corolle froide.
-Qu'est-ce que c'est ?
-Un phonographe, répond-il immédiatement sans doute par réflexe.
-Comment ça fonctionne ?
-Qui es-tu ? Que veux-tu, finit-il finalement par laisser échapper me forçant à reporter mon attention sur lui.
-Ce que je veux c'est ta mort.
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Avant l'Aube
RandomJe suis froide mais pas calculatrice, je pense que ce sont les mots qui me décrivent le mieux. Je vivais une vie presque ordinaire avec ma tante même si j'avais toujours su que je n'étais pas tout à fait normale. Naïvement je croyais que le jour où...