Chapitre 17

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Je restais totalement immobile sur ma chaise, les yeux clos. Je détestais sentir le pinceau parcourir mon visage. La maquilleuse s'éloigna légèrement de moi pour prendre un autre de ses outils. J'en profitai pour ouvrir les yeux, Cryest confortablement assis dans le divan lisait un ouvrage parlant de domination économique. Il paraissait complètement absorber par sa lecture. Rachern était debout derrière le vieux windenlinden, il observait attentivement tous les gestes de l'humaine comme s'il devait tout apprendre de ce qu'elle faisait. La maquilleuse prit mon menton dans sa main pour le relever. Je fis de mon mieux pour ne pas la repousser mais je ne pus m'empêcher de serrer les poings. Je détournai mon regard et mes yeux croisèrent ceux de Rachern. Il avait l'air désespéré, je tentai de sourire pour le rassurer mais je ne suis pas certain d'y être parvenu. Ses sourcils se froncèrent, j'avais l'impression que c'était lui qui allait se marier le lendemain. Je dû fermer les yeux pour que l'humaine m'applique je ne savais quoi sur les paupières, c'était vraiment désagréable. Je n'aimais pas laisser une personne dont je ne savais rien me toucher et cela dans le but de ressembler à une femme. Nous étions dans la suite d'un hôtel dans une ville située à plusieurs dizaines de kilomètres du manoir de Cryest. J'allais revoir Frederik pour la première fois depuis neuf mois. D'un côté j'avais un certain espoir qu'il ne me trouve pas suffisamment windenlinden ou féminin pour la mission à accomplir. De l'autre je craignais qu'il ne me juge trop faible pour me laisser retourner à ses côtés. Je rouvris de nouveau mes yeux lorsque l'humaine s'attela à me maquiller les lèvres. Le soin porter à tout cela me laisser espérer qu'il y avait beaucoup de travail et que j'étais très loin de ressembler à une femme. Une coiffeuse vint ensuite la remplacer, elle avait décidé de boucler mes cheveux qui m'arrivaient maintenant au-dessus de l'épaule. Je la laissais agir comme je l'avais déjà fait avec la maquilleuse.

Frederik n'était pas loin. Je venais de sentir son Énergie si intense, si puissante et tellement oppressante. La coiffeuse passa sa main une dernière fois dans mes cheveux et sourit « vous êtes magnifique » complimenta-t-elle. Je pensais qu'elle disait cela pour me rassurer sans vraiment le croire. Je voulus tout de même répondre pour rester poli mais ma gorge était sèche et aucun mot ne parvint à en sortir. Elle s'en alla après avoir porté un regard appuyé à Rachern mais celui-ci était bien trop tourmenté pour le remarquer. Cryest sortit finalement le nez de son bouquin. Il m'observait sans un mot, son regard était indescriptible, il ne laissait absolument rien transparaître de ses pensées. Il me lança juste un léger sourire avant de retourner à sa lecture. Je ne savais pas quoi faire alors je restais juste sur ma chaise. De ma place je pouvais à peine voir la fenêtre, le ciel était gris mais il ne pleuvait pas. Je ne regardais pas Rachern car j'avais l'impression que cela le stresserait encore plus. Nous nous étions fait nos adieux la veille, nous devions à présent nous comporter comme de parfait étranger. Je me concentrais sur l'Énergie de Frederik qui se rapprochait de plus en plus. Je n'arrivais à savoir s'il était accompagné d'un autre windenlinden et de qui il s'agissait dans ce cas-là.

Frederik n'était maintenant qu'à quelques mètres de l'hôtel, Rachern qui venait de sentir sa présence sursauta. Mon cœur commença à accélérer lorsqu'il entra dans le bâtiment. Cryest regarda sa montre et se rendit compte de la présence du chef windenlinden lorsque celui-ci arriva dans le couloir. Je voulus me lever pour ouvrir la porte mais le vieux windenlinden me fit signe de ne pas bouger. Je me rassis donc et arrangea ma jupe en toile bleu qui m'arrivait juste en dessous des genoux. Je portais également une blouse blanche et des ballerines noires qui n'allaient pas du tout au vu des températures extérieures qui étaient glaciales. Frederik sonna finalement à la porte ce qui fit rater un battement à mon cœur. Cryest marcha sereinement ouvrir la porte et Frederik pénétra dans la pièce la remplissant totalement de sa présence. J'avais l'impression de suffoquer. Frederik portait une barbe un peu plus fourni et ses traits s'étaient endurcis, à part cela il n'avait pas changé, il restait égal à lui-même. Il salua Cryest, lança un regard méprisant à Rachern avant de balayer la pièce du regard. Ses sourcils se froncèrent lorsqu'il me vit. Il serra le poing et s'avança vers moi. Je fermai les yeux juste avant que sa main n'empoigne mes cheveux et ne me précipite contre le sol. Je lançai tout de même un regard à Rachern pour l'empêcher de tenter d'intervenir.

Avant l'AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant