Chapitre 20

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Je ne pouvais m'empêcher de jeter de fréquents regards à Frederik. Celui-ci regardait juste le paysage défiler sans un mot. J'avais l'habitude d'être enfermé dans une limousine mais cette situation me rappelait bien trop Maxence d'Issan. Je baissai la tête vers mes jambes. J'étais totalement vêtu de noir en signe de deuil. Un jean noir, une chemise noire fourré, des chaussures noires lustrées, un manteau noir et un chapeau noir. J'avais suffisamment de vêtements noirs pour tenir pendant un mois mon deuil et je comptais le respecter par égard à mon défunt mari. Je repositionnai correctement le chapeau qui retenait tous mes cheveux. Je ne comprenais pas pourquoi il ne m'avait toujours pas ordonné de me les couper. Mes yeux passèrent du chauffeur caché derrière sa vitre fumé à la route. Cela faisait plus d'une heure qu'on avait atterri, le soleil était à son zénith. Je commençai peu à peu à reconnaître la route qui m'avait paru infamilière au début.

-On ne rentre pas au château, demandai-je après près d'une demi-heure d'hésitation.

-Non, répondit-il sèchement.

-Pourquoi ? Je pensais qu'on devait rentrer à Lyrendia !

-J'en ai décidé autrement.

-Mais tu m'avais dit qu'après on rentrerait !

Il se décida enfin à se tourner vers moi. Ses iris sanglantes me regardant avec un mélange de dégout et d'ennui. Je commençai à réaliser son plan. Il n'y avait qu'une seule raison pour laquelle il n'avait pas coupé mes cheveux, une seule raison pour laquelle je devais retourner chez Cryest.

-Non tu ne vas pas faire ça ?!

-Si je vais le faire, m'assura-t-il paisiblement.

-Tu n'as pas le droit de faire ça !

-Arrête de crier, s'énerva-t-il, j'ai tous les droits. Tous ! J'ordonne et tu exécutes ! Ça a toujours été comme ça et ça le restera ! Pour qui donc te prends-tu ?

Je me mordis les lèvres et baissai la tête ravalant ma colère. « Arrête-toi » ordonna Frederik à l'humain qui conduisait. Celui-ci parut surpris par l'ordre et mis du temps à réagir. « Sors » m'ordonna-t-il ensuite. Ce fut mon tour d'être interloqué. Il ne me laissa cependant pas le temps de réagir, il était déjà sorti de la voiture et ouvrait ma portière pour m'y tirer de force. J'eus à peine le temps de déboucler ma ceinture que j'étais déjà par terre. J'évitai le regard du chauffeur qui ne savait de quelle manière réagir et me laissai entraîner par Frederik. Il me cogna contre un arbre isolé loin de la route. Je me baissai avant que son poing ne s'abatte à l'emplacement où se trouvait ma tête un dixième de seconde plus tôt.

-Je pense qu'on a vraiment pas mal de chose à mettre au point toi et moi. Je ne sais pas de quel manière te traite Cryest mais je ne suis pas lui, compris.

J'acquiesçai sans un mot.

-Tu m'appartiens, OK ? Je fais de toi absolument tout ce que je veux ! Tu n'es qu'un sale hybride ! Sans moi tu ne serais rien !

J'avais peur de ses actions mais je savais qu'il ne me tuerait pas. Il avait encore besoin de moi et puis je saurais éviter les coups mortels s'il le fallait.

-On ne peut pas retourner à Lyrendia d'abord, tentai-je.

-Pourquoi ? Pour que tu puisses voir Aleksander ? Tu es vraiment obsédé par lui, se moqua-t-il.

-Je ne pense pas qu'une autre personne veuille se marier avec moi, affirmai-je.

-L'avenir nous le dira... et je peux me montrer très persuasif quand je le veux, dit-il avec un sourire en coin. Deux mariages c'est tout-à-fait acceptable puisque que ton premier mari est mort. D'ailleurs il t'a touché ?

Avant l'AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant