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La fatigue commence à me rattraper, alors que je termine d'emballer nos denrées alimentaires. Je ne me suis pas couché, je veux partir vite de Los Angeles pour empêcher Kate de nous suivre.

— T'es pas raisonnable, Lyas, on est allés au lit à pas d'heure et t'es déjà levé, commente Hemza en descendant les escaliers.

Il arrive dans la pièce et bâille en s'en décrocher la mâchoire. Au moment où nos regards se croisent et où il avise les sacs prêts, il se fâche.

— T'as pas dormi ! s'énerve-t-il après une seconde de flottement.

— Je suis encore jeune, contrairement à toi, me moqué-je.

— Jam était sérieux quand il disait que tu ressemblais à un panda. Si tu es faible, nous le devenons !

— Je me reposerai dans le van.

— Tu es puéril, tout ça parce que tu refuses de reconnaître que Kate t'attire. Passe du bon temps avec elle, personne ne te demande de t'engager. On a enfin l'occasion de respirer.

— Ne nous lançons pas sur le sujet, car si l'un de vous peut me comprendre, c'est toi.

Hemza vient se planter face à moi. Et il ne sourit pas. Ses mâchoires sont serrées et avec les mèches rousses en batailles sur son crâne, il a l'air d'un fou prêt à tuer.

— Ne vient pas me parler de Monique ! J'avais tout juste vingt ans, nous étions à New York, surveillés comme du lait sur le feu et en sursis ! La guerre couvait, chaque jour nous n'étions pas sûrs de voir le lendemain. Et c'était une humaine.

— Les choses ne sont pas différentes ! me braqué-je.

— Tu te voiles la face. Kate est comme nous et elle sait où elle met les pieds. Et nous sommes tous devenus adultes désormais ! Tu as trente-et-un ans, ta propre meute qui peut survivre si tu t'accordes du temps et personne ne nous menace directement.

— On l'a vu il y a quelques jours que tout allait bien si nous ne restions pas ensemble ! répliqué-je sarcastique. Myron et Vael ont été agressés par des dealers ! Imagine ce qui se serait passé si c'était arrivé en pleine discussion diplomatique avec une meute ? Ils se seraient fait tuer.

— Arrête ta mauvaise foi. Tu es lâche et le reconnaître t'effraie.

Je gronde pour l'avertir qu'il dépasse les bornes.

— Tu vois, jamais tu n'essaies de m'intimider, sauf quand on aborde ce sujet. Tu fuis l'idée même que quelqu'un d'autre puisse dépendre de toi. J'ai un scoop pour toi ! Aucun de nous ne sera éternel. Tu ne nous prémuniras pas indéfiniment contre la mort. Alors au lieu de perdre du temps à fuir un bonheur possible avec Kate, accepte-le.

— Elle a déjà sa meute. J'ai accepté le rôle d'alpha, parce que nous étions tous condamnés à mort où que nous allions et que maintenant tout le monde nous connait comme tels. Tu sais très bien que ce statut je ne l'ai jamais désiré, déclaré-je les poings serrés et ma colère à deux doigts de lui exploser au visage.

Au lieu de répliquer, Hemza m'offre un sourire triste et vient me prendre dans ses bras. Puis au travers de notre lien mental, je sens qu'il m'envoie une vague d'affection.

— Il va vraiment falloir que tu arrêtes de te torturer. Tu sais ce que disait Suny, l'important c'est de rester en vie. Et tu t'en es très bien sorti.

— Il me disait aussi d'arrêter de me mêler des affaires des autres, grimacé-je. J'ai fait tout le contraire.

— Et on continue à le faire, commente Vael en arrivant dans la pièce. Je suis content que vous ne vous soyez pas mis sur la tronche, j'avais la flemme de nettoyer.

En prêtant attention à mon environnement, je remarque que Myron et Jam sont sur le palier du dessus, à l'orée des marches, mais qu'ils n'osent pas descendre.

— Et si on mangeait, lancé-je à la cantonade.

Il n'en fallait pas plus pour que Jam rapplique un sourire plaqué sur le visage. Myron le suit plus timidement et, parce que le pauvre à la poisse, une vague de malaise nous traverse tous simultanément. Encore dans les escaliers, mon frère culbute jusqu'au rez-de-chaussée.

— Putain, c'était quoi encore cette merde ? s'énerve Vael en se précipitant vers Myron.

L'altération est moins impressionnante et plus fugace que la dernière fois, il n'en demeure pas moins que nous savons qu'encore une fois, quelqu'un, quelque part, joue avec nos vies. Et à moi aussi, cet aspect commence à m'agacer.

— Tu vas bien ? demandé-je en sentant l'odeur du sang.

Je me décale de l'axe que me cache Vael et je réalise que Myron s'est ouvert salement le crâne.

— Je crois que V va devoir nettoyer quand même, constate Myron en grimaçant.

— Ce n'est pas le moment de faire de l'humour ! Dis-moi honnêtement comment tu te sens ?

— L'hôpital qui se fout de la charité, réplique Myron en me regardant dans les yeux.

Je détaille sa blessure qui ne saigne pas autant que ce genre de plaies habituelles, surtout dans cette zone. Puis je m'aperçois que les berges rétrécissent.

— Oh misère ! Vous voyez ça ?

Tous penchés vers Myron nous sommes témoin de la disparition de sa plaie béante.

— Vous me faites flipper ! capitule-t-il. Je vais pas si bien que ça, j'ai mal et ça me démange !

— Ce que tu t'es fait à disparu ! Il n'y a plus que le sang, lui expliqué-je.

Myron se précipite pour aller se contempler dans un miroir.

— C'est ce que nous disait Kate sur l'immortalité ! C'est un truc de malade, s'extasie-t-il.

— Un truc de dingue, surenchérit Vael en sautillant sur place. On va pouvoir se battre et vraiment se frapper !

— Kate nous a aussi dit que les capacités de guérisons dépendaient de la force de la meute et de notre énergie. On ne sait rien de ce mécanisme, tente de le tempérer Hemza.

Mais notre bêta parle dans le vent, Vael a déjà pris un couteau et expérimente la découverte en s'entaillant le dessus de l'avant-bras.

— Mais t'es malade ! s'interpose Myron en lui arrachant l'arme des doigts.

— C'est bandant ! Regarde Myn ! Tu n'auras plus aucun point à nous faire. Je crois que notre collection de cicatrices est terminée, s'amuse-t-il.

— On va se calmer et reprendre la journée plus posément.

Tous me regardent comme si je venais de dire une énormité.

— Ouais, t'as raison, recommencez à vous gueuler dessus, commente Vael.

— Très drôle, on mange et on plie boutique. J'en ai assez soupé de cette ville.

Aucun d'eux n'ose commenter que c'est surtout de Kate que je veux m'éloigner et tous obéissent.

Les Meutes - Tome 2 : Défendre sa PlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant