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— Il reste quatre jours à ce compte à rebours de malheur, commente Vael devant la télé. Je crois que ça va faire mal. Et j'en ai pas envie.

— V ! T'es obligé de nous démoraliser ! s'énerve Isaac.

— Tu veux te battre ? Ça me fait taire en général.

— Ce type est pas possible, soupire Isaac.

Leurs joutes verbales me fatiguent. Nous sommes tous les trois installés dans le salon d'un petit appartement pendant que Tiana se nourrit de ses occupants. C'est un peu glauque, mais Run, qui a été le plus attentif de nous tous lors de notre première expérience, a remarqué qu'elle était vulnérable durant ces phases. Alors, comme nous sommes assez nombreux, il a proposé une escorte. Elle n'a pas apprécié, je ne sais pas si c'est inhérent à son espèce, mais elle aime l'indépendance, mais finalement elle s'y est faite, de toute façon elle n'a pas eu le choix, elle a été la seule à voter contre.

N'écoutant que d'une oreille distraite, je regarde mon fil instagram. Chose dont je n'ai pas l'habitude. Je visionne quelques storys. Des fous, humains, se sont mis en tête de traquer les bizarreries. Ils vont se faire tuer, mais leur contenu à l'avantage de nous montrer l'état de certaines parties du globe. Je suis au milieu d'une escapade au cœur des ruines du Somnore anglais. Tout fume encore, le lieu semblait magnifique. Malgré moi, je cueille quelques images dans l'esprit de Livaï qui est en train de découvrir la nouvelle. En effet, c'était splendide, des maisons simples dans la plaine et, sous le couvert des arbres, des habitations en partie végétales qui épousaient les troncs et les branches.

Livaï aimait voler au-dessus de son Somnore, les visions sont grisantes. Tout le monde lui envoie des vagues d'amour, même Tiana et Ilaria.

— Combien de Somnores il reste à votre avis ? demande Vael.

— Plus beaucoup, répliqué-je. Mais il n'y a pas de corps sur les images que je vois, peut-être que les sorcières se sont regroupées quelque part pour une contre-offensive.

— T'es presque touchant, se moque Vael. Ton optimisme fait chaud au cœur.

— C'est dur...

— On sait, répond Vael en posant sa main sur mon épaule. On aura bien vécu, j'étais fatigué.

— Me fais pas tes adieux, me renfrogné-je. En enfer, dans je ne sais quel foutu royaume on sera ensemble. Même si je dois défier tout ces abrutis de démons, je refuse d'être séparé de vous.

— Vous voulez me faire verser une larme les poilus, commente Tiana en arrivant. Si on allait plutôt vous chercher à manger.

Toujours moroses, nous nous rendons en grande surface.

Ce pseudo retour vers la civilisation avec l'électricité et le réseau n'a pas rempli les rayons pour autant, alors après un tour dans les allées vides Tiana nous emmène voler.

L'odorat, l'ouïe, nous déployons tous nos sens pour dénicher des maisons sans occupant. Le but n'est pas d'affamer des pauvres bougres qui n'ont rien demandé, mais de trouver les denrées qui ne profitent à personne.

Nous finissons par tomber sur une habitation dont l'odeur méphitique qui s'en dégage doit être perceptible même pour un humain.

— Y'en a un qui a cassé sa pipe, grimace Tiana. Il doit sûrement y avoir à bouffer dedans, mais ça ne mettra en appétit personne.

— On peut au moins essayer de joindre la police, dis-je pour qu'ils viennent s'occuper du corps.

— Vous avez du mal avec le concept de fin du monde, hein ? Chacun sa merde et les chèvres seront bien gardées.

Les Meutes - Tome 2 : Défendre sa PlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant