Les Meutes - Tome 2 : Défendre sa Place

35.

Kate nous a pourri son frère et moi. Une dispute a éclaté entre nous. Son inquiétude pour Isaac me touche, car je comprends très bien ce qu'elle ressent. Le pire a été quand elle s'est mise à pleurer et qu'Isaac a lâché quelques larmes aussi. Ils se sont mis à parler de Vincent, leur frère disparu il y a quelques années, tué lâchement par une meute du nord. Dans nos esprits emmêlés, j'ai vu sa peur panique de perdre Isaac de la même façon, mais elle n'arrive pas à comprendre qu'Isaac nous rejoint justement pour ne pas la perdre comme il l'a perdu lui.

Son frère est parti et nous sommes restés tous les deux seuls dans la chambre.

— Si Iz meurt avant moi et que je lui survis, je crois que je ne serai pas capable de te pardonner, lâche-t-elle d'une voix blanche.

— Je sais et je comprends. Je t'aime Kate. Je voudrais pouvoir te le montrer davantage. T'avoir rencontrée dans une vie rangée à New York. Dans un lycée ordinaire où nous aurions fait les choses les plus clichées du monde, je t'aurais proposé de sortir et d'être ma cavalière au bal de promo. J'aurais fait la connaissances de tes parents, tu aurais dû supporter mes frères un peu trop envahissants et moi les tiens trop protecteurs. Peut-être que dans cette vie idéale mes parents auraient eu une place... Au lieu de ça, il n'y a que le chaos, la mort qui nous suit pas à pas... Les démons ont leurs propres problèmes. Et peut-être que tous ensemble on trouvera une solution pour Ilaria et sa vie liée à son Somnore qui nous condamne à courte échéance. Mais il y a mon amour, celui de mes frères, celui du tien. On sera fort.

— Dans notre éternité en enfer, est-ce que ces choses-là compteront encore ? demande-t-elle en me braquant avec ses yeux sombres.

— Oui, toujours.

— C'est une promesse ?

— Ça en est une.

Un léger sourire vient réchauffer son visage avant qu'elle n'approche. Nos fronts se collent avant que nos bouches se trouvent. Un baiser doux-amer entre espoir et désespoir. Une promesse de plus à moi-même ; faire en sorte de garder le plus longtemps possible la joie sur les traits de Kate.

— Vous allez vous envoyer en l'air ? demande Vael.

— Non, grogné-je.

— Dommage.

Sa réplique et son ricanement ont réussi à soutirer un soupir collégial. Vite chassé par le retour de Tiana. Il est l'heure de faire le pari fou de faire un tout.

Nous sommes trop nombreux et il est difficile de s'organiser, nous avons décidé de tenter en fusionnant avec Isaac, car Kate, Vael, Myron, Jam, Hemza et moi avons déjà partagé un lien de meute avec lui, en espérant que ça aide.

La conscience d'Isaac est dure à atteindre, je la sens, elle effleure la mienne, mais elle n'est pas seule et tenter de forcer le tout est pénible. Des grognements échappent à certains, même à mes lèvres. Ma tête ne tarde pas à me faire souffrir et la douleur qui pulse chez moi trouve son écho dans tout le reste de ma meute. Une odeur ferreuse m'incite à ouvrir un œil, Ilaria saigne du nez, mais elle tient bon. Un regard vers Livaï m'apprend qu'il n'en mène pas large non plus. Il est pâle à faire peur. J'espère qu'ils vont survivre... Si Ilaria meurt et que notre force collégiale ne suffit pas à la ramener, c'est la fin pour nous tous.

Le temps file lentement, chaque seconde à chercher à percer la masse de la meute de Kay est pénible. À chaque échec, notre tout se se met à tourner, nos consciences s'entrechoquent et virevoltent dans un ballet impossible.

— Iz, couine Kate autant à voix haute que dans notre tout.

— Je te sens, grogne-t-il en retour.