21.

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Je continue à chercher un moyen de me rendre à l'étage du dessous pour aider Run. Plusieurs portes que j'essaie d'ouvrir sont fausses. Puis j'avise une alcôve sans battant, une lumière faiblarde y clignote, je l'emprunte. Le couloir forme un coude, je l'ai à peine dépassé que je suis projeté en arrière par une puissante décharge. Mon corps engourdi met un peu de temps à me répondre pendant que je reprends mon souffle.

Le son de la foudre déchire l'air à nouveau, pourfendant le silence et me remet les idées en place.

— Saloperie, peste la voix nasillarde de Vael.

— Vael ! crié-je en me relevant.

— L... Argh !

Je finis par retourner au passage qui m'a expulsé. Prudemment je passe uniquement la tête. Le spectacle qui s'offre à moi me donne la nausée. Le corps fumant, brûlé à certains endroits de Vael me tourne le dos.

— Si je bouge, je prends une grosse châtaigne, murmure mon frère.

— Alors ne bouge pas, retrouve des forces.

Je lui explique comment j'ai pu me libérer et ce qui s'est passé. Puis j'exsude mon aura pour le galvaniser.

Vael gronde et tente de se retourner avant d'être foudroyé de toute part. La luminosité est si intense que je suis obligé de fermer les yeux. Malgré tout, il est très rapidement sur pied et je vois qu'il lutte pour rester immobile.

— Y'a trois secondes de battement entre l'arrêt de l'attaque et le moment où mes mouvements en déclenchent une autre, m'explique-t-il.

— Quand tu es prêt, jette-toi en arrière, je vais essayer de t'aider !

— Tu t'es échappé seul, peut-être que c'est ce que je dois faire, fait remarquer Vael hésitant.

Je le rassure. Il est hors de question que je sois simple spectateur de ses tourments.

— J'y vais, souffle-t-il avec appréhension.

Il a à peine esquissé un pas que les décharges s'abattent. Quand elles s'arrêtent, je m'avance en comptant. J'ai tout juste le temps d'empoigner Vael et de le serrer dans mes bras que la foudre nous frappe tous les deux.

— T'es fou, murmure-t-il alors que mon corps est au sol dominant le sien.

— C'est en partie dans nos têtes, il faut qu'on dépasse la douleur et qu'on se barre ! Il faut aller aider Myn et les autres !

— Oui, chef, déclare Vael dans un sourire.

En grondant et en déployant mon aura, je tente de me redresser, mais quand l'électricité me traverse, j'ai beau savoir que ce n'est pas vrai, mon corps réagi comme tel, mes muscles se tétanisent et je n'arrive à rien.

Nous demeurons longtemps tous les deux aux prises avec cette abjecte situation, ma colère et la sienne montent crescendo. Vael puise tellement dans sa part dominante qu'il en fait changer ses yeux.

— C'est cette fois où jamais, gronde-t-il.

La foudre s'abat, nous projetant à quatre pattes, mais Vael avait raison, nous avançons et quittons enfin ce couloir.

— Ça n'a aucun sens ces situations, lui dis-je en reprenant mon souffle. C'est difficile, mais en mobilisant le maximum de notre volonté on peut s'en extirper. Et pas de Bélial.

— Il nous regarde peut-être. C'est peut-être un jeu pervers pour lui de nous voir trouver de possibles issus, alors que ça se trouve, réussir à surmonter la torture fait partie du piège.

Les Meutes - Tome 2 : Défendre sa PlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant