Les Meutes - Tome 2 : Défendre sa Place

6.

Nous sommes enfin arrivés Salt Lake City. Jam et Hemza avaient organisé notre venue, ce qui change des nuits passées dans le van ou dans des maisons inhabitées que nous squattons en douce. De ce que j'ai compris, une meute refuse l'accès à la ville et au lac aux autres loups. Je suis de mauvaise humeur, l'alpha local a intérêt à être conciliant sinon je le défierais et immortalité retrouvée ou non, je le tuerai. Cette manie qu'ils ont tous à vouloir agrandir leur territoire, alors qu'ils sont au mieux cent individus, je ne m'y ferai jamais.

La maison que nous louons est cossue. Mais comme à notre habitude, peu importe le nombre de chambres, la première chose que nous faisons c'est d'installer soit assez de lits pour tout le monde dans la plus grande, soit nous sortons carrément des matelas gonflables du van.

Jam s'est mis à la cuisine, il prépare des sandwichs pendant que nous déplaçons deux lits dans la chambre où se trouve un troisième. Kate nous regarde faire et a la bonne intelligence de ne rien dire.

Je n'ai pas décidé quoi faire d'elle, je refuse de me disputer avec mes frères avant un possible combat simplement à cause de sa présence. Le sujet entendra que nous ayons réglé le premier.

Kate se fait petite et dépose sa valise dans une chambre que nous n'avons pas dépouillée. Sinon elle aurait dormi par terre, c'est le risque quand on se rend là où on n'est pas désirée.

Les habitudes facilitent notre installation et nous nous retrouvons vite tous attablés. Avec Kate.

— Interdiction de te mêler de la discussion ! l'avertis-je.

Elle hoche la tête, consciente que je suis sur la brèche. J'espère que son obéissance va durer.

— J'ai pas grand-chose à dire, annoncé-je à mes frères On a l'adresse, on fait comme d'habitude. Demain on se rend à la maison de leur meute, ou peu importe comment ils appellent le lieu, et je demande à parler à l'alpha. Si je reçois une fin de non-recevoir, je le défi. Vous restez en soutien, Hemza tu gères les bêtas s'ils décident de me rendre la tâche ardue.

— Évite de les insulter et ça devrait bien aller, se moque mon frère.

Je grimace, il m'est arrivé plusieurs fois de nous compliquer la vie en choisissant mal mes mots et de heurter la sensibilité des dominants.

— Je vais essayer, soupiré-je. Si ça pouvait se régler sans que je finisse par endosser le rôle de chef, ça m'arrangerait.

Myron et Jam grimacent, Vael et Hemza cachent mieux leur dégoût et leur appréhension, mais je sais qu'elle est là, j'éprouve la même. Je déteste qu'une meute vienne se greffer à la nôtre. J'arrive enfin, après moult essais infructueux, à casser le nouveau lien qui tente de s'accrocher à nous, mais ce n'est pas agréable et nous met l'esprit à vif. Et quand je n'y parviens pas, je dois briser la meute, puis réintégrer mes frères... Et ce n'est pas une partie de plaisir.

— Il a été décrit comme vicieux, intervient Jam qui a sûrement géré l'échange avec ceux qui se sont plaints.

— C'est pas le premier, ne t'inquiète pas. Maintenant, il faut nous reposer, déclaré-je après avoir enfourné la dernière bouchée de mon repas.

Kate est étonnée et se retient de parler, j'imagine qu'elle s'attendait à l'élaboration de plans de replis, comme à l'époque des meutes canadiennes, mais mes frères et moi sommes rodés, il n'y a plus rien à nous dire, surtout quand nous savons déjà pourquoi nous sommes là.

Son portable vibre, mais elle ne le regarde pas, sa famille doit être inquiète et je suis même étonné de ne pas encore avoir reçu d'appel de son frère surprotecteur. Il est autant opposé que moi à l'idée que sa sœur reste dans nos pattes, mais cette dernière n'écoute rien.