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Nous avons rallié la meute de Savoie, alors qu'il subsistait moins de deux jours sur le décompte démonique et même si les gens ont été heureux de nous savoir en vie, Thomas n'a pas voulu que nous restions. En tant qu'alpha, il a préféré la sécurité des siens. Je le comprends, donc nous avons volé un bus dans un entrepôt et nous roulons à tambour ouvert pour Léguevin. Une petite ville de ce que nous a dit Tiana, où elle nous garantit que l'accueil sera meilleur.

— Évite de nous encastrer dans quelque chose ! râle Suny alors que la vampire a contourné de justesse une voiture arrêtée.

— J'ai hâte de revoir mes amis, désolée, s'excuse-t-elle sans vraiment le penser.

L'essence est une denrée rare et les gens ont tellement été secoués par toutes les privations qu'ils se sont reclus. L'avantage de la situation, c'est que j'ai le temps de me gorger des paysages étrangers. Myron révise son français avec Isaac et Kay. Tiana nous a confié que la langue parlée par les vampires était le français dans la majorité des cas. Un reste des siècles où ils ont côtoyé les monarchies européennes.

La nouvelle ne m'enchante pas, j'ai toujours en mémoire l'envie de décapiter les meutes québécoises qui se servaient du fait que je ne comprenais pas pour se railler de nous. Je déteste perdre l'ascendant, je hais véritablement cette sensation. Bref, je suis ronchon et ça m'énerve.

— T'as vraiment des chemins de pensées pourris, Lyas, commente Vael en passant sa bouille moqueuse entre les sièges.

— Sort de ma tête, V.

— Moi je trouve ça cool de rencontrer d'autres vampires. S'ils sont tous aussi tarés que Tiana on va pas s'ennuyer !

— Pour les heures qu'il reste, répliqué-je morose.

— Je préférais quand tu faisais du boudin à l'idée de ne pas comprendre les échanges à venir.

Décidant d'ignorer mon frère, je me couche contre Kate qui me caresse les cheveux. Le silence est plaisant et j'arrive même à profiter de ce pseudo lâché prise.

Il fait nuit quand Tiana engage le bus dans un chemin de terre cahoteux. Des pins le bordent, certains sont vraiment beaux. Puis au milieu des résineux, je vois une silhouette disparaître en courant, puis une seconde.

— Il y a des gens, commente Run.

— Ils doivent jouer, répond Tiana.

— Nus ? demande Hemza.

— C'est probable, ricane Tiana.

— T'es sûre que tu les as avertis de notre venue ? insiste Suny.

— Bordel ! ricane-t-elle. Tu t'inquiètes parce qu'ils sont à poil ? Vous êtes pires exhibitionnistes que nous. Soit, ils vont faire un jeu salissant et ils ont eu envie de préserver leurs fringues. Soit, y'a un rigolo qui a piqué les habits de certains pendant leur douche.

— Et ça a plusieurs siècles, grimace Isaac.

Nous débouchons enfin sur un immense espace en gravier au pied d'un grand château, plus loin trois bâtiments disposés en forme de U donnent le ton du gigantisme du lieu.

Des personnes, dont certaines sont nues, arrivent pour nous accueillir.

Tiana n'a pas attendu, elle s'est précipitée dehors pour se jeter dans les bras d'un homme a l'épaisseur d'un ours, Jam paraît avoir des muscles d'enfants à côté. De plus, cet individu est plutôt petit ce qui accentue son aspect massif.

Tiana serre les gens les uns après les autres. Après le tas de force brute, elle enlace un homme au regard bleu pénétrant qui nous scrute avec une neutralité dérangeante, puis elle en embrasse un qui redéfinit à lui tout seul le champ lexical de polaire, comme Run il a les cheveux blancs, mais les yeux gris et les habits clairs qu'il porte me donne l'impression de rencontrer la glace personnifier.

Les Meutes - Tome 2 : Défendre sa PlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant