Ilaria s'est dégagée un coin entre de grands chênes et quelques châtaignés. Elle a placé une lanterne au milieu d'un cercle délimité par la lumière qu'elle émet. Il fait nuit et assez frais, l'appréhension monte. Le lien de meute est électrique, surchargé par la tension de tout le monde. J'ai expliqué aux autres ce que nous devions faire. Rien de compliqué, nous nous répartissons sous forme animale autour d'Ilaria et de son rituel.
— C'est ton baptême du feu parmi nous, dis-je à Kate. Normalement, il n'y aura rien à faire. Mais rappelle-toi que si ça part mal avec les sorcières, tu recules pour former un cercle plus compact avec le reste de la meute !
— Oui, j'ai compris
— Ne prend aucun risque inutile, s'il y a affrontement Hemza et moi serons les plus offensifs.
— Je sais, réplique-t-elle à bout de patience.
— Kate va s'en sortir, intervient Hemza qui a dû comprendre d'où venait l'énervement de Kate.
— C'est une tête brûlée !
— Tu parles, tu t'inquiètes pour elle et c'est mignon à voir.
Énervé, je me coupe de lui, je n'ai pas envie d'entendre encore ce genre de remarques, surtout pas au début d'un moment critique.
— Je suis prête, annonce Ilaria.
C'est le départ que nous attendions, nous nous déshabillons et nous mettons en formation. Pour le moment, je suis un peu excentré du cercle protecteur, je me suis rapprochée de la nécromancienne et je suis le seul tourné vers elle. Comme elle appelle un démon, je préfère avoir un œil aussi sur ce qui va apparaître, il va peut-être décider de tous nous tuer. Pour ce que j'en sais, ils tuent bien les nôtres un peu partout sur le globe, alors pourquoi pas ici... Si jamais il m'attaque, j'ai ordonné aux autres de fuir. C'est la partie du plan sur laquelle les échanges ont été houleux, mais j'ai fini par avoir le dernier mot.
Ilaria plasmodie en italien – je crois –, elle s'est taillée en plein sur le tatouage de son avant-bras et fait goutter le liquide vermillon sur la lanterne. Son souffle se raccourcit rapidement, son front se couvre de sueur, mais elle ne flanche pas. Plus les mots coulent de sa bouche, plus l'intensité de la flamme grandit avant de devenir un vrai phare qui éclaire comme en plein jour. Il flotte dans l'air une odeur de feu de bois très prononcé, c'est curieux, elle est si prégnante qu'elle sature ma truffe. Puis s'ajoute les troubles fête, les premières sorcières font leur apparition. Mes compagnons m'avertissent à tour de rôle. Je jette un œil pour constater qu'en effet, beaucoup se rapprochent de toute part, dont Sanna, à son air consterné, je devine qu'elle est en colère. Nous sommes cernés, j'espère qu'Ilaria ne s'est pas trompée et qu'elles n'oseront pas attaquer, ni que notre prise de position ne sera pas trop préjudiciable à l'avenir.
— Lyas, m'interpelle Sanna. Dit aux membres de ta meute de se pousser, ces histoires ne vous concernent pas. Je ne sais pas ce que cette jeune idiote t'a promis, mais si elle finit, il ne vous arrivera rien de bon.
— Elle en a de bonnes, commente Vael. Si on ne fait rien, il ne nous arrivera rien de bon non plus, puisqu'elles nous laissent à la merci des démons.
Pour répondre à l'Eternelle, je grogne en la regardant. Comprenant que je ne changerai pas d'avis, Sanna se met à apostropher Ilaria, mais sans user de magie. Ilaria m'a dit que la lanterne ajoutée au sang la protégeait, sauf que je ne vois rien de vraiment magique. Je m'attendais à des éclairs ou un cercle de flamme, au lieu d'une scène qui pourrait presque paraître ridicule ! Après tout, six loups sont en train de surveiller une femme qui parle à une lanterne au milieu des bois. Et encore, je fais abstraction de la foule de femmes habillée de manière surannée qui encadre le tout.
VOUS LISEZ
Les Meutes - Tome 2 : Défendre sa Place
Loup-garouLes années ont passé, les meutes ont cédé et tout le nord du continent américain est pacifié. Lyas et ses frères rescapés, continuent à maintenir la paix au prix d'une existence normale sacrifiée. Le quotidien de la fratrie est bien huilé, ils voyag...