Les Meutes - Tome 2 : Défendre sa Place

25.

Tous les regards sont braqués sur notre groupe pendant le petit-déjeuner, pourtant nous ne sommes pas descendus aux aurores, mais les gens ne vont pas travailler. La bataille entre les loups et les démons à Houston a fait grand bruit. Les informations circulent en dent-de-scie, les humains ne comprennent rien à ce qui se passe et notre existence a dépassé le stade de la rumeur. Nous avons envoyé un mail, en espérant que les gens le voient, qui dit à tout le monde de rester méfiant et de ne pas engager le combat face aux démons puisqu'ils sont maudits s'ils nous tuent. Il y a des chances qu'ils se rabattent sur les humains. Cette idée n'est pas des plus glorieuses et ne me soulage pas des masses. Le pays, le monde rien ne peut tourner qu'avec la population surnaturelle et je suis certain que les démons finiront par trouver un stratagème pour nous atteindre s'ils le veulent, c'est seulement une question de temps...

— Les murmures ne s'arrêtent pas, commente Vael dans notre intimité.

— Certains sont en colère, fait remarquer Hemza.

— Normal, eux aussi ont perdu des êtres chers et par un moyen qu'ils ignorent, on a ressuscité nos frères. Ils comprennent qu'Ilaria y est pour quelque chose. On a plutôt intérêt à garder un œil sur elle, sinon elle va souffrir, commente Vael.

— Qu'ils essaient, intervient sobrement Suny.

Curieux, je me suis un peu concentré sur la masse grise de mon frère et je finis par deviner malgré son habileté à cacher ses pensées, Ilaria lui plaît. Incroyable. Au départ, j'ai supposé qu'il voulait empêcher que d'autres démons s'allient à Bélial en ayant le même genre de grief que lui si on leur volait des âmes.

— T'es qu'une fouine, commente Suny en me regardant.

Personne n'a compris et même si la situation ne s'y prête pas, j'envoie un sourire narquois à mon frère. J'ai envie de lui lancer une pique, mais je n'en ai pas le temps, un groupe d'une douzaine de personnes s'approche de nous, leur odeur indique qu'il s'agit de membres de la même meute.

— La nécromancienne nous a dit, à plusieurs reprises, qu'elle était trop fatiguée pour chercher les dépouilles de nos proches, mais pour faire revenir vos deux copains, y'a pas eu de soucis ! attaque un grand brun d'une quarantaine d'années.

— Neil, intervient Hemza qui apparemment reconnait l'homme. Les choses sont plus compliquées que ça, ne cherche pas le conflit.

— Qui est-ce ? s'enquiert Run dans notre intimité.

— Un des bêtas de l'ancienne meute de Philadelphie.

— Ouais, ouais... C'est toujours ça avec vous, vous arrivez, vous posez vos règles et on doit s'adapter ou crever.

— On vous demande rien, tempère Hemza.

— Ne nous prends pas pour des billes, ces deux-là étaient morts ! Ça va forcément avoir des conséquences !

— Il n'a pas tort, dis-je. On les met en danger en restant ici.

— Nous ne restons pas, répond Run. Maintenant, va jouer des mécaniques ailleurs.

— C'est bien ce que je disais, reprend Neil. Et nous, nos morts ? On fait comment ? À moins que vous nous laissiez la nécromancienne, après tout, elle ne vous sert à rien.

— Ilaria est libre de faire ce qu'elle veut. Si vous avez des morts, vous les devez à votre faiblesse, réplique Suny en libérant légèrement son aura.

Une part de moi est soulagée de voir que ma manie d'insulter les dominants que je croise ne m'est pas que personnelle.

— Venant de quelqu'un qui a déjà réussi à se faire tuer, c'est un peu gros, gronde le bêta.