Les Meutes - Tome 2 : Défendre sa Place

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À peine la veille Anne déposée chez elle, je me retourne vers Kate pour lui dire que Myron, Jam et moi allons dans les bois aider Vael et Hemza dans leur recherche. Mes frères sont d'ailleurs à l'orée du village et m'attendent.

— Non ! s'écrit-elle alors que j'ai déjà tourné les talons.

— Comment ça, non ? répliqué-je en lui jetant un œil circonspect.

Kate me fixe, les mains sur les hanches et la mine renfrognée. Je déteste quand elle fait cette tête, elle a le nez qui se fronce et je la trouve encore plus craquante, elle parait plus vulnérable et réveille un élan protecteur qui me pousserait à tenter de la consoler, si je le laissais faire. Mais à la place, j'inspire profondément et la scrute, un sourcil relevé.

— Je vais venir chercher avec vous !

— Par les temps qui courent, c'est trop risqué ! Tu n'as aucun lien mental avec qui que ce soit pour avertir d'un danger. Tu devrais demander à Thomas de t'intégrer dans sa meute.

La réplique est sortie seule, la force de l'habitude de vouloir la caser n'importe où, sauf avec nous. Je m'en mords les doigts, si je veux avoir une opportunité de la recruter pour qu'elle nous serve de relais, il ne faut pas que je la pousse ailleurs. Il va vraiment falloir que je revoie ma stratégie et que j'en parle à mes frères.

— C'est ça le plan tout pourri auquel tu réfléchissais sur le chemin ? demande-t-elle en ricanant.

— Qui sait, réponds-je en haussant les épaules.

— Pour ta gouverne, à cause de l'argent, ils n'ont pas de lien télépathique.

— Ah.

Je range dans un coin de ma tête cette information supplémentaire qui concerne la faiblesse des meutes européennes.

— De toute façon, je n'ai aucun ordre à recevoir de toi, déclare-t-elle avec son détestable air supérieur.

— Kate, dis-je en grondant. C'est dangereux, ce n'est pas une blague.

— Je croyais que mon sort ne te concernait pas, réplique-t-elle du tac au tac.

— Mais que tu es pénible !

— L'hôpital qui se fout de la charité ! T'as qu'à m'accepter dans ta meute ! Et je te promets que tu auras la paix, se gausse-t-elle.

Dans ses yeux la provocation n'est même pas plus poussée que d'habitude, elle pense que je vais refuser et qu'elle va aller quand même dans les bois pour m'embêter. Je la connais par cœur. Elle n'a pas compris qu'elle venait de me tendre une jolie perche. Je me sens mal de faire ce que je m'apprête à faire, un peu vis-à-vis d'elle, mais surtout par rapport à mes frères. Je sais néanmoins qu'ils m'ont déjà poussé à l'accepter parmi nous pour la protéger et que donc, les remontrances ne seront pas franchement véhémentes.

— D'accord ! Approche si c'est vraiment ce que tu veux ! l'invité-je.

— Tu vas m'assommer ! s'insurge-t-elle.

— Je suis un tel homme des cavernes ! m'énervé-je. J'arrive pas à croire que ce soit la première chose qui te vienne à l'esprit.

— Tu es sérieux ? reprend-elle timidement.

— Oui. Alors, Kate, acceptes-tu d'intégrer ma meute ?

Elle acquiesce et avance vers moi. Ses pas sont raides, je ne sais pas ce qu'elle redoute. J'espère sincèrement que ce n'est pas que je lui mette une droite, je ne suis pas vicieux à ce point. Même si, mon acte contient en effet un petit coup fourré, mais à la guerre comme à la guerre.