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Des démons apparaissent entre nous, l'un d'entre eux saisit Ilaria. Suny lui bondit dessus, mais est intercepté par un autre – qui grâce à une force prodigieuse – le renvoie d'une seule main mordre les graviers de la cour. Des bras tentent de nous immobiliser, des grondements, des cris. Le chaos règne.

Livaï plaqué au sol génère un champ de vent qui fouette toute l'assemblée réunie. Des bourrasques contraires nous ballotent dans un sens ou l'autre. Il en devient difficile de respirer, la poussière qui vole brûle les yeux. L'intensité s'accroit. Rester sur ses deux jambes relève de l'épreuve de force.

Du sang m'éclabousse en une gerbe chaude, le lien étant estropié, mon cœur s'arrête dans l'appréhension de savoir qui a été blessé. Mais je suis rapidement rassuré, car Tiana nous avertit qu'elle vient d'en saigner un.

D'un coup de coude, je frappe sans remords le démon qui tente de m'enlacer pour me rendre impuissant. Mes griffes au clair, je lui saisis la gorge et je serre avant de lui arracher la trachée.

Pas de quartier ! ordonné-je à la meute.

Impossible de suivre ce qui se passe avec la vue inutile et le lien qui est meurtri par le vide. Chacun commente ce qu'il fait pour pallier le manque. Run a réussi, grâce à l'ouverture qu'a provoquée Suny, à libérer Ilaria. Tout le monde parvient à se dégager avant d'être à nouveau assailli par un énième démon. Le schéma semble pouvoir se répéter à l'infini.

Des braises meurtrissent mes membres quand un ennemi s'évapore, mais impossible de se sentir victorieux, ils sont une infinité et nous ne sommes que treize.

Puis d'un coup, tout s'arrête. Littéralement. Je suis incapable de bouger, le vent retombe, nous sommes tous figés dans des positions plus ou moins confortables.

— C'était divertissant, commente Satan. Ariton fait ce qui doit l'être que nous retournions à des sujets plus importants.

Dans nos rangs immobiles, le déchu s'avance, il offre un petit sourire contrit à sa fille avant de poser sa main sur le tatouage.

— C'est un jeu pour vous ! harangué-je les princes des enfers.

— Vous auriez préféré être cloués sur place dès le début ? réplique Bélial. Ça aurait été nous priver de vos émotions. Magot voulait vous jouer un tour, personne ne s'y est opposé, nous aussi nous avons le droit de nous amuser.

Ma mâchoire se crispe et une haine viscérale me comprime le ventre. Ilaria souffre. Suny glapit son impuissance et ça me rend malade. Nous nous déchaînons mentalement, nos auras se percutent, mais il n'y a rien à faire. D'entrée de jeu, c'était un combat perdu d'avance.

La torture cesse pour Ilaria, elle ressent un profond vide et tremble malgré la puissance magique qui nous immobilise.

— Bon, tout ceci était charmant, dit Satan avant de disparaître.

C'est tout ? s'étonne Kay dans notre intimité. Pas que j'ai envie qu'il nous torture ou autre, mais ils ont gagné et n'en profitent pas.

Ils ne sont pas encore tous partis, fait remarquer Run.

— Satan semble avoir oublié l'essentiel, annonce Léviathan en se tournant vers Orias.

Notre créateur grimace, mais s'avance.

— Ça ne va pas être agréable, nous avertit-il.

Il balaie notre assemblé du regard, puis jette son dévolu sur moi.

Mes muscles tendus à l'extrême dans le fol espoir de me sortir du carcan invisible qui me rend vulnérable, je ne peux qu'être témoin de son approche.

Les Meutes - Tome 2 : Défendre sa PlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant