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Personne ne m'a retenu quand j'ai quitté la chambre, tout le monde a besoin de digérer la réalité. Les années sont passées, mais la douleur est toujours aussi difficile à encaisser. Notre deuil va peut-être pouvoir commencer. Nous pourrions faire une petite cérémonie, je m'occuperai de l'organisation, après avoir vu Kate. Je recule pour mieux sauter, je le sais, mais leur dire adieu, c'est le point final. Nous avons sillonné le pays en long, en large et en travers suite à leur mort, sans leur disparition, les choses seraient tellement différentes... Un soupir m'échappe. Je décide d'arrêter de ressasser et de me concentrer sur ma quête.

Sans surprise les résidus sucrés de l'odeur de Kate ne m'ont pas fourvoyé et je la débusque dans une grande pièce à vivre, l'ancien salon où l'alpha recevait ses invités de marque. La transformation du mobilier rend cette pièce beaucoup plus chaleureuse que dans mes souvenirs.

Kate croise mon regard, ce simple contact m'apaise. Si je n'étais pas aussi vulnérable et autant en demande d'un baume sur mes maux, je m'offusquerais de ces agréables sentiments. Sauf que je suis à deux doigts de me briser et que j'en ai besoin. Me connaissant, je sais que je me fustigerai plus tard.

Qu'est-ce que tu fais ? la questionné-je sans traverser la pièce.

Ilaria a trouvé un moyen de localiser certains corps. En utilisant le lien de meute, elle rappelle les âmes pour leur demander où ils ont été tués. C'est le fait que t'ais pu retenir les âmes de tes frères qui lui a donné l'idée.

Elle ne risque rien, conclus-je en jetant un œil sur les occupants de la pièce.

Non, en effet, beaucoup espèrent son aide. Puis, elle est arrivée avec toi. Personne ne prendrait le risque de t'énerver.

Toi, ça ne t'a jamais dérangé, dis-je avec un pauvre sourire.

Celui qu'elle m'envoie en retour est solaire.

Il fallait bien que quelqu'un te remette les pieds sur terre. Tu viens marcher ?

J'acquiesce et la suis. Nous nous rendons à l'arrière de l'immense bâtisse. Il y a une piscine et une grande terrasse ombragée.

— J'aimais bien cet endroit, me confie Kate en marchant autour du bassin.

— Tu y avais la paix ?

— Oui, et comme j'étais sur le terrain de la meute, je n'avais pas de chaperons, c'est le seul endroit où je n'avais pas à justifier de mes déplacements. Ou du moins, l'impression de ne pas être scrutée comme du lait sur le feu.

— Tu en veux à tes parents ?

— Non. Hélène et Jean ont toujours fait au mieux pour nous trois. Ils ont déjà accepté de nous adopter mon frère et moi. Ils n'y étaient pas obligés, ça nous a donné un statut spécial. Ils l'ont fait pour nous protéger. La meute cherchait à se renforcer, ils ont viré certaines familles dont les enfants étaient considérés comme trop faibles.

— Ton frère est un bêta, tu as un caractère très dominant, vous n'étiez pas faibles.

— On était jeunes, nos natures n'étaient pas visibles. Selon les rumeurs, avant d'être chassé de ta meute, tout le monde te pensait être un soumis. Donc si quelqu'un doit comprendre c'est toi.

— C'est vrai... admis-je. J'ai toujours du mal à croire que les gens colportent des choses à mon sujet.

— Si des démons n'avaient pas foutu le bordel dans notre monde, j'aurais dit que tu es l'être le plus fort de la planète.

— Ton frère me trouve monstrueux, dis-je en rigolant. La preuve, il ne m'a jamais défié et pourtant il s'attaque aux démons.

— Maintenant que tu le dis, c'est vrai ! fait-elle semblant de s'alarmer. Mais j'ignorais que tu savais ce que pensait Isaac de toi.

Les Meutes - Tome 2 : Défendre sa PlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant