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Ilaria reprend enfin conscience. Je ne sais pas pourquoi j'étais inquiet au point de la veiller, je crois que le fait qu'elle ait été rejeté par toute sa race me touche. Elle ne trouvera jamais de meutes à rallier, les sorcières ne sont pas comme nous.

Ses yeux noirs s'ouvrent et elle me fixe en essayant de se relever. Puis comme piqué par une puce elle pose la main sur son front avant de jurer dans sa langue natale.

— Qu'est-ce que c'est le truc sur ta tête ? l'interpellé-je.

— Du futhark ! Les Eternelles m'ont maudite, peste la nécromancienne.

— Elles avaient dit qu'elles te feraient rien de peur de subir les foudres d'Ariton, dis-je perplexe.

— Oh, elles ne m'ont rien fait, mon coven c'est sûrement servi du reste de mon sang sur je ne sais quel obscur sortilège pour en lancer un nouveau qui me lie à elles, si mon coven ou mon Somnore tombe, je suis condamnée avec eux. Elles ont lié l'énergie d'un sort de protection à moi, s'il s'épuise, je meurs. Donc quand les démons leur tomberont dessus et que ce que je suis supposée protéger est détruit, je le serais aussi.

— Ariton peut pas défaire ce machin.

— Non, personne ne le peut. Ça fait des jours que je sens qu'elles manigancent quelque chose et que je déploie mon énergie pour me protéger... Je me suis épuisée et elles en ont profité.

Comme nous ne pouvons rien faire, j'assigne Vael a sa garde le temps que j'aille manger.

Je reviens avec un plateau pour la malade et je ne repars pas.

— Pourquoi tu restes ? finit-elle par demander.

— Pour que les membres de ma meute puissent vaquer à leurs occupations. Même si j'ai averti les gens d'ici que tu étais sous ma protection, je préfère prendre des précautions, il y a beaucoup de passage et quelques idiots.

— M-merci.

— Tu devrais dormir.

Elle refuse et épluche machinalement une poire. Comme elle ne semble pas vouloir capituler, je prends mon courage à deux mains, pour chercher à en savoir plus.

— Dis-moi, tu n'as aucun moyen de savoir ce que fait Bélial avec mes frères en enfer ? J-je...

— Non, mais si tu veux, je peux essayer de rappeler Ariton pour demander. Il peut très mal le prendre par contre. L'autre jour ça l'a amusé, parce qu'apparemment, je suis l'âme d'une de ses filles. Sauf qu'il sait très bien que je ne le considère pas comme mon père, s'il ne l'avait pas dit, je n'aurais même pas compris.

— Il accepterait de les ressusciter ? demandé-je mettant enfin les mots sur quelque chose qui me tourmente depuis qu'elle en a parlé avec Blase.

— Non. Ils sont dans le domaine de Bélial. Je ne sais même pas si Ariton accepterait de le faire avec des âmes qui l'auraient en sa possession, ça ne lui rapporterait rien.

J'acquiesce et plonge dans un mutisme dépressif. J'ai essayé d'éviter d'y penser, mais je donnerai tout pour extraire mes frères des griffes de ce démon. J'ai vu sa lueur sadique et elle me harcèle.

L'impuissance, le sentiment que j'exècre par-dessus tous.

Ilaria se met à saigner du nez et sort à nouveau un long flot d'insultes avant de m'expliquer que c'est sûrement l'enchantement auquel elle est liée qui a été testé.

— Je ne vais pas tarder à mourir, finit-elle par déclarer. La guerre avance trop vite. Je ne sais pas si c'est au coven ou au Somnore qu'on m'a lié, mais peu de chance que les deux survivent à ce mois de juin.

Les Meutes - Tome 2 : Défendre sa PlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant