Sauvetage

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Point de vue d'Elisa
Ça devait faire désormais 45 putain de minutes que je poirotais, recroquevillée dans le noir glacial de ma cellule.
Le « garde » s'était tiré et la moindre forme de compagnie était inexistante.
A vrai dire, c'était mieux comme ça, je n'éprouvais aucune envie de parler à qui que ce soit.
Mon cerveau n'arrêtait pas de tourner sur les récentes infos apportées, moi, avoir encore un père ?
C'était putain d'impossible. Je ne voulais pas le rencontrer, je ne voulais pas que « mon papounet se ramène », comme disait l'autre abruti.

Il nous avait abandonnées, moi et ma mère à ma naissance, et j'allais, aujourd'hui le rencontrer ??
Et puis dans quel contexte ? Si j'en croyais leurs petites discussions, il serait patron et si j'en croyais tout ce qui m'était arrivé récemment, il serait un putain de chef de cartel !?
C'est hors de question.
Je refuse catégoriquement de le rencontrer ou de n'appercevoir rien qu'un pore de sa peau. Quoi qu'en dise Mathéo, je n'ai jamais eu besoin de lui et je n'aurais jamais besoin de lui.

Roy's passa en flèche dans mon esprit, je me demandais s'il avait remarqué mon absence, s'il se doutait que j'étais dans une merde noire, s'il savait mais qu'il s'en foutait, tout simplement ?
De toute manière, je me sortirai de cette galère seule. Je l'avais déjà fait une fois, je pourrai le refaire une deuxième, pas vrai ?

Ma mère elle aussi passa en flèche dans ma tête. Je me demandais où elle pouvait bien être et ce qu'elle pouvait bien faire. Ça devait faire littéralement plus de deux mois que je n'avais eu aucune nouvelle et ça faisait également littéralement deux mois que je m'en battais complètement les reins.
Elle ne me manquait pas le moin du monde. Et puis après tout, plus elle était loin de moi, plus elle était en sécurité.
Mon père m'avait déjà abandonnée alors pourquoi elle serait une exception.
Elle l'avait dit elle-même un jour à sa copine, me pensant en cours. Pour elle, « je ne suis pas sa fille », j'imagine que c'était métaphorique, mais bon, ça reste blessant surtout quand tu sais qu'elle le pense de tout son coeur.
Enfin bref, elle devait sûrement se faire sauter au Bahamas et siroter un p'tit cocktail, les pieds dans l'eau claire, oubliant l'existence d'une potentielle fille lui appartenant. Une larme coula le long de ma joue. Je l'effaçais immédiatement, dépassée par la haine qui s'était récemment invitée dans mes veines.                                                                                                                                                                                        

La musique de la serrure me fit lever les yeux instinctivement mais le noir m'empêchait de voir la moindre silhouette.                                                                                                                                   Je me concentrais un instant avant de fermer les yeux brusquement, face à l'éclairage aveuglant de la lampe torche d'un des hommes présents.
Je me fis de l'ombre avec ma petite main et je pus distinguer trois corps grands et musclés.
Un quatrième homme s'invita dans mon champ de vision.
- Baisse ta lampe torche, debilë! Tu ne vois donc pas que tu l'aveugles ?? lança-t-il, poussant brusquement la lampe du baraqué vers le bas.

Il alluma une petite lampe accrochée au mur à l'aide d'une allumette, se baissa à ma hauteur et saisit mon visage en coupe.
Je reculais mon visage immédiatement et envoyais valser son bras.
- Vajza ime e vogël, si po ndjehesh ? (Ma petite fille, comment te sens-tu ?)
- Arrête tes conneries ! Je suis pas ta fille et t'es pas mon père ! crachai-je sèchement.

Il se releva sans un mot pour revenir poser ses fesses sur une chaise. D'un geste de la main, il m'indiqua de faire de même sur mon lit.
Je me levais timidement pour venir m'assoir sur mon lit, en croisant mes jambes soigneusement.
- Qu'est-ce que je fous là ? T'es qui ?
Un des hommes derrière toussota, « mon père » se retourna et le fusilla du regard.
- Dégagez putain !

born to dieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant