Maman

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TW : Suicide
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« J'attrapais la lame et mes veines cédèrent sous la pression de ma main »

5h plus tôt - maison d'Elisa
Ma main tatâ le matelas à la recherche de mon téléphone qui me broyait les oreilles depuis déjà dix bonnes minutes.

Putain mais il est où ? Pensais-je les yeux encore fermés.
Je ne voulais pas me réveiller.

Mon trip d'hier était plus que violent. J'avais franchement frôlé le bad trip et entre nous, je ne pense pas que j'y aurais survécu, vu l'état dans lequel je me trouvais encore maintenant.

Je me saisis enfin de mon téléphone et je jetais un coup d'il au mille appels manqués de... pas mal de monde en fait.

Ma mère - Jake - Roy's - Mathéo - Le lycée.

Alors machinalement, je commençais à rappeler les pauvres personnes ayant du supporter mon répondeur.

Première sur la liste : ma très chère mère.

La tonalité ne sonna qu'une fois avant que son atroce voix ne vienne heurter mes oreilles encore endormies.

- TOI, JE VAIS TE DÉVISSER LA TÊTE, MA PAUVRE FILLE ! ON EN REPARLERA QUAND J'ARRIVERAI ! hurla-t-elle à l'autre bout du fil.

J'éloignais le téléphone de mon oreille le temps que la tempête s'évapore avant de répondre à mon tour, calmement.

- Qu'est-ce que j'ai fait ?

Je ne savais vraiment pas.

Elle ricana nerveusement avant de reprendre de plus belle.

- Et bien ma chère fille, je suis heureuse de t'annoncer que tu es virée temporairement de ton lycée ! C'est suffisant comme raison de t'éclater la tête contre un mur ou je dois aussi t'annoncer que Mélanie m'a dit t'avoir vu rentrer dans la maison d'un garçon apparement "peu fréquentable" et en sortir en lui gueulant dessus ??! me dit-elle d'un ton faussement calme.

Je déglutis face à cette avalanche d'informations.
Mélanie était la coiffeuse de la ville, et en plus d'être une vraie connasse, c'était également une amie de ma mère. Et manifestement, cette pouffiasse m'avait caftée.

Je vais lui refaire la façade avec ses ciseaux à celle-la.

- Elisa ?! me remit-elle les pieds sur terre, toujours à l'autre bout du fil.

Je secouais la tête de gauche à droite pour me remettre les idées en place, j'inspirais un grand bol d'air et repris.

- Je passerais au lycée dans la journée. Pour le garçon, je prenais mes devoirs. Je manque les cours, certes, mais je continue de suivre à la maison, je n'aime vraiment pas le lycée, maman.

C'était un mensonge sans en être un. Je haïssais le lycée, ce putain de système te mettant dans des cases pour "Plus tard". Mais qui sais si je veux vivre mon "Plus tard", moi ?
Devoir porter ce foutu masque pour y enfouir la moindre émotion alors qu'à l'intérieur, c'est la guerre ? Porter tous les jours de nouveaux vêtements alors que je pourrais rester un mois entier dans les mêmes vêtements tellement je n'ai plus la force d'enfiler simplement un nouveau tee-shirt ?
Entendre ce fichu réveil taper sur mon cerveau tous les matins pour aller voir le visage de gens que je hais et qui me haïssent ? Mais devoir tout de même leur faire un mince sourire pour ne pas paraître trop "méchante" ou encore "hautaine".
Y'a rien à faire, le lycée est un calvaire.

- On en reparlera quand je rentre. Et je ne veux plus te voir traîner là-bas, tu demanderas à... elle marqua un silence étrange, ta copine, plus à ce garçon. Et bon sang, cesse d'être une telle traînée à ne jamais rentrer à la maison. Sérieusement, tu bosses dans une maison close ou quoi ??

born to dieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant