born to die

Jake

Les yeux embués dans ma voiture, je contemplais les petits traits blancs passant sous mes roues à vitesse grand V.

Je ne lui en voulais pas, au fond, je pense que je savais.
Il ne fallait pas être Einstein pour le comprendre, mais bon, quand on ne veut pas voir quelque chose, il est impossible d'en voir la vraie couleur.
Ca avait été toujours comme ça entre lui et moi.

Mais tout ça n'avait plus d'importance, plus rien n'avait d'importance en fin de compte.
J'étais irrévocablement détruite.
Morte.
Morte de l'intérieur, ils m'avaient tous tués les uns après les autres.

Et la seule chose qui ne m'avait jamais lâchée, pendant toutes ses années de torture, la seule chose, était ces petits cachets magiques, ce sirop endormant ou encore cette combustion planante qu'était la beuh.
La drogue, elle, ne m'avait jamais lâchée, elle m'avait accompagnée partout pendant des années entières.

Cette nuit-là, au Cabaret, pendant toute notre relation, pendant notre rupture, et maintenant elle serait là, pour trinquer à la bonne vieille vérité.

Pitié Dieu, fait que je fasse une overdose et que cette fois, personne n'ait la bonne idée de sauver mon cul.

Je souriais à cette pensée avant de remarquer que j'étais déjà bien avancée dans ma petite ville.

Je tournais dans ma rue quand l'info monta à mon cerveau. Je n'avais toujours pas de drogue et je n'avais pas de thunes pour m'en acheter.

Et puis une deuxième info monta, Jake.

Aujourd'hui, il serait mon fournisseur officiel.
Je tournais le volant, direction sa maison à lui.

Arrivée là-bas, je toquais à la porte.
Pas de réponse.
Deuxième tentative.
Pas de réponse.

Je me dirigeais alors vers la petite fenêtre qui me donna une vue directe sur lui, face à sa poêle, grillant je ne sais quoi, des écouteurs dans les oreilles et un joint dans la bouche.

Je riais à cette vue et toquais à la fenêtre. Il sursauta quand il vit ma face de l'autre côté du carreau et un grand sourire élargit ses lèvres avant qu'il ne vienne ouvrir la fenêtre.

Je posais mon menton sur le bord de la fenêtre et il plongea ses prunelles dans les miennes.

- Vous-ici ?
- Qui d'autre ? rigolais-je.

Il vint m'ouvrir la porte et s'approcha dangereusement de mes lèvres.

Je le contentais d'un câlin avant de rentrer dans la cuisine, suivie par son altesse.

- Qu'est-ce que tu nous fais là ? dis-je en indiquant du menton la poêle fumante, assise sur le plan de travail.
- Des pancakes, mademoiselle. Tiens prends-en, je viens juste de finir, dit-en en faisant glisser un dans une assiette sortant tout juste du placard.

- C'est autre chose que je veux moi, dis-je les yeux rivés sur son joint.
Un petit sourire s'étira sur son visage avant qu'il ne me le donne.

J'inspirais une grande taffe et ses yeux s'écarquillèrent avant qu'il ne me le reprenne.
- Doucement, tu vas finir défoncée avant même que je n'ais eu le temps de t'embrasser, dit-il en immisçant son corps entre mes cuisses tout en posant ses mains sur mes hanches.